L’histoire de Ryan Coogler, le réalisateur de Black Panther

Depuis sa sortie, le dernier Marvel, Black Panther a complètement capté l’attention du monde. Notamment celle de la communauté Africaine. Il a déjà généré près d’un milliard de dollars en box-office et se classe pour l’instant, au deuxième rang des plus grandes ouvertures de tous les temps avec en tête, Star Wars : Le réveil de la force. Faut bien croire que le « Wakanda forever » est allé au delà de la mania, ravageant le cœur de plusieurs générations afro. Derrière ce grand Black Panther se cache une grande histoire. Et cette histoire est celle d’un homme; celui par qui tout s’est fait.

‎Ryan Coogler

Il n’est peut-être pas très connu, mais il joue déjà sur l’échiquier des plus grands d’Hollywood. Plus jeune cinéaste du studio Marvel, Ryan Coogler âgé de 31 ans est la panthère à qui on doit le succès de Black Panther.

Comme le hasard n’existe pas, enfant, il passait son temps à savourer dans la librairie la plus proche de son école, des œuvres illustrées aux protagonistes noirs. Rien de plus normal pour un jeune afro-américain. C’est ainsi qu’il eut sa première copie de Black Panther. A ce moment, il n’avait pas encore idée que le cinéma deviendrait sa tasse de thé. Jusqu’à l’université, son ambition était de jouer au football américain et de devenir médecin.

Etudiant-athlète à l’université Saint Mary, c’est sa participation à un cours d’écriture créative, appuyé du conseil de son professeur d’envisager la scénarisation qui va remettre en cause ses perspectives d’avenir. Suite à une annulation du programme de football de son université et son transfert à l’Etat de Sacramento, il prend alors la décision de s’inscrire à l’USC School of Cinematic Art. Au cours de son premier semestre, il a vécu dans sa voiture et a utilisé son expérience pour réaliser une série de courts métrages tels que Fig en 2011 qui raconte l’histoire d’une prostituée qui essaye de changer de vie après avoir eu une fille. Coogler confie au Filmmaker Magazine que ce court métrage est le fruit d’une recherche profonde. Il a passé à cet effet, les vacances de Noël dans la rue afin de s’approcher le plus possible de cette réalité. « Je ne veux jamais me dérober à la vérité » dit-il.

Il suffit qu’il le scénarise et ça devient une pépite pour le cinéma

En 2012, Ryan Coogler se lance dans la scénarisation de « Fruitvale Station ». Il s’agit de la véritable histoire d’Oscar Grant, un homme, afro américain de 22ans, tiré dans le dos alors qu’il était non armé, par un flic à Oakland, la ville natale de Ryan le 1er Janvier 2009. Ryan était encore étudiant à cette époque mais il dédiera son premier long métrage à cette histoire percutante. Toujours sur les traces de la vérité, il se lie d’amitié à l’avocat de la famille Grant, John Burris qui l’aidera à boucler son scénar. Financé avec un modeste budget de 900.000 $, le film a généré plus de 17 millions de dollars dans le monde. En Janvier 2013, il est diffusé en avant-première au Festival du film de Sundance et fait l’objet de la plus haute distinction soit le grand prix du jury dans la catégorie des films dramatiques mais reçoit aussi le prix du public. La même année, Fruitvale est statué meilleur premier film par la Austin Critics Film Association et reçoit également le prix d’Avenir au Festival des Cannes.

C’est ainsi que porté au regard des plus grands, il va travailler avec l’acteur et cinéaste Sylvester Stallone, pour son deuxième film, « Creed : L’héritage de Rocky Balboa« , un dérivé de la célèbre série « Rocky » qui sortira en 2015. Le film aura généré pour un budget de 40 millions de dollars, prés de 173,6 millions de dollars en box-office. Faut dire que notre Ryan sait apporter de la valeur ajoutée. De surcroît, Creed est récompensé meilleur film par Black Film Critics Circle et fera remporter à Ryan Coogler le titre de meilleur réalisateur par African-American Film Critics Association.

L’Appel de l’Afrique, le prélude à Black Panther

Alors qu’il terminait son deuxième film Creed , Ryan Coogler était en prise avec ce qu’on appellerait probablement « l’intrigue de ses origines ». «Je m’interrogeais sur mon identité culturelle, ce que cela signifie d’être Africain. Je lisais une oeuvre  de Ta-Nehisi Coates, et j’avais envie de visiter l’Afrique », dit-il. « Je n’y avais jamais été, et j’avais honte de ne jamais y être allé, alors je me disais: » Dès que je finirai Creed, peut-être ma femme et moi-même pouvons faire ce voyage « .
C’est à ce moment clé, que Marvel frappa à sa porte. L’opportunité était donnée à un cinéaste encore peu connu à ce moment de réaliser un authentique film des studios Marvel. Qui plus est, portant sur le premier super héros noir dont-il savourait les prouesses étant enfant. Mais avant de signer, Ryan Coogler a fait clairement comprendre au studio les horizons qu’il comptait explorer pour le film. Exclusivement, ce que cela signifiait d’être africain.

C’est ainsi qu’il vogue mais par voie aérienne, vers l’Afrique. Son premier arrêt était Cape Town en Afrique du Sud. Il y visite Gugulethu et y découvre la tribu Xhosa. « Ce fut une expérience qui a changé ma vie », dit-il.  » « C’est le même type de fraternité que chez nous à Oakland. Je me suis rendu compte que les Afro-Américains étaient vraiment Africains ». Ryan s’aventure ensuite à Table Mountain un massif montagneux haut de 3000 pieds qui surplombe la ville de Cape Town. Il est fasciné par la vue qu’il a de l’Afrique qui lui semble s’étendre à l’infini. A ce moment, Coogler se rend compte que c’est l’un des premiers lieux où il n’a pas été photographié. Il ajoute : « J’ai réalisé que c’était le premier endroit où je me sentais comme si je pouvais être enterré. C’est l’endroit d’où nous venons réellement nous les afro-américains. ».

Ryan Coogler poursuit sa quête initiatique et révélatrice en se rendant au Lesotho puis au Kenya qui est proche de l’emplacement du Wakanda fictif. Par ailleurs, l’écriture de sa version du Wakanda a été inspirée par les histoires racontées aux enfants afro-américains dans la diaspora. Puisqu’il était difficile de parler d’esclavage aux enfants, on les berçait par une Afrique féérique où roi et reine paradent dans un monde qui prône la liberté.

Black Panther, un archipel qui rassemble l’Afrique

La version cinématographique de Wakanda est un endroit fantastique, qui jumelle idéalement technologie et culture africaine. Coogler explique :  » L’Afrique est une culture qui a été colonisée et souvent diabolisée, il s’agissait donc de récupérer certaines choses belles et puissantes. D’où une technologie vibrante et éblouissante qui s’accorde parfaitement à la culture africaine. Pas étonnant que son casting se compose de 90% de noirs afro-américains comme africains. De plus, dans la bande originale proposée par le rappeur afro-américain Kendrick Lamar, des sonorités aux allures mandingues et même l’ambiance qu’offrent les tambours zoulous se font exquisément ressentir.

Mais ce n’est pas tout. Le visuel fascinant que nous offre le royaume du Wakanda, est inspiré d’une part de l’Afrique centrale par ses milieux à tendances tropicales et d’autre part de terres qui font fortement penser à des pays tels que le Kenya ou même le Rwanda. Les costumes du film, réalisés par Ruth Carter puisent leur originalité d’une forte diversité afro-culturelle. La coiffure dessinée sur la tête royale de la reine et mère de notre Black Panther, fait référence à la coiffe portée pour célébrer les mariages zoulous en Afrique du Sud. Le héros T’Challa et son père, portent élégamment des tissus Kente made in Ghana.

Les « Dora Milaje », gardes féminines du roi rappellent vivement les amazones guerrières du Bénin : Les Agodje. Ces Dora Milaje sont vêtues d’un alliage de références massai et turkana qui signent l’identité kényane.

La locution africaines apparait également tout le long du film avec des répliques prononcées en « isiXhosa » l’une des onze langues officielles de l’Afrique du Sud ou de l’anglais immergé dans des accents igbo, sud-africains, ougandais ou encore zimbabwéen. Même le culte aux morts apparu dans ce long métrage Marvel est coutume à travers tout le continent. Véritable festival de cultures africaines, les références y sont nombreuses et illustrent la volonté du réalisateur Ryan Coogler, de revaloriser l’Afrique.

L’aspect incontournable de la femme Africaine n’a pas été négligé. Les rôles les plus frappants sont joués par les femmes: reine majestueuse, génies scientifiques et guerrières intrépides ou encore espionnes altruistes qui finissent par sauver la journée plus souvent que les hommes. « C’est Africain, mec! » Dit Ryan Coogler en riant. Il ajoute « C’est le monde de ma tribu, ma femme est une femme noire qui est incroyablement forte et intelligente.

Bien au-delà du buzz médiatique généré par l’apparition au cinéma du premier super-héros noir, Black Panther est l’histoire d’un homme qui s’en est allé à la découverte de ses origines. Cette panthère qui, domestiquée en Amérique, a suivi son esprit qui signait encore l’appartenance africaine dont il s’est évertué à redorer le blason et refléter diverses réalités.

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