Kahitouo Hien, le Burkinabé qui veut sauver la planète un insecte à la fois

L’histoire de Kahitouo Hien est la première d’une série de 10, destinée à mettre en lumière les talents du continent Africain, dans le cadre de la campagne #Facebook4AfricaYouth de Facebook.


Fondateur de l’entreprise FasoPro, Kahitouo Hien a vu dans les insectes. Avec sa start-up, il propose des insectes empaquetées à consommer. Il nourrit le rêve d’intégrer les insectes dans les habitudes alimentaires des populations africaines.

Kahitouo Hien : des prémices à une idée d’or

La vie de celui qu’on appelle affectueusement Kahitouo s’est forgée dans les cultures et dans la consommation des chenilles. Adolescent, quand son père refusait de payer son école et que pour le faire il devait se débrouiller, il s’est tourné vers l’agriculture.

Kahitouo Hien

La culture des arachides, du coton, du riz, mais aussi l’élevage des poulets sont ce qui lui ont permis de payer sa scolarité. Il garda cette attitude jusqu’à l’université où il étudia la biochimie. L’idée de vendre des chenilles grouillait dans sa tête tel un mille-pattes, mais il l’a contenue.

Je voulais exploiter une ressource locale du Burkina, qui était sous nos yeux mais qu’on ne voyait pas vraiment. Cliquez pour tweeter

Major de sa promotion, il refusa de poursuivre une carrière de professeur ou de chercheur pour se consacrer dans la recherche et l’exploitation d’une idée innovante. En 2010, il entame un master environnement à l’école d’ingénieurs 2iE. Il y apprend les bases de la création d’entreprise, et explore le champ de possibilités dans l’entrepreneuriat. Le déclic n’a pas trainé, l’idée était là, claire, et désormais structurée.

J’avais envie de faire quelque chose de très utile pour ceux qui n’ont pas eu la chance d’aller à l’école et de faire des études.

Kahitouo Hien
Kahitouo Hien Ⓒ Usbeketrica
Kahitouo Hien Ⓒ Usbeketrica

À la faveur d’un projet d’entreprise monté dans le cadre d’un concours à 2iE, il présente son idée de commercialisation des chenilles de karité. Son idée est belle et lui permet de gagner ce concours. Ses enseignants l’encouragent d’ailleurs à postuler à un concours international : la Global Social Venture competition de l’année 2012. Il récompense les meilleurs projets d’entrepreneuriat social.

Kahitouo Hien, assisté de son ami Christophe Douyiri Mandi, remporte le prix spécial du meilleur impact social. Pendant deux ans, il élabore seul son projet à la fondation 2iE, qu’il réussit à matérialiser en 2014, notamment en intégrant l’incubateur La Fabrique.

FasoPro, la nouvelle ère de Kahitouo Hien

L’équipe de Faso Pro

Pour lancer son entreprise, Kahitouo a surmonté des difficultés de nature diverses. Tout d’abord, les bémols financiers, matériels et techniques. L’écosystème du pays n’était pas très favorable à la création d’entreprise.

Il lui aura fallu  remporter des prix, faire des levées de fonds, pour tenir le cap. Après le prix de 2012, il a été 1er prix du Grand Challenges Canada 2014, 2e prix de l’African Business Club 2014, prix de La France s’engage au sud 2016, 1er prix du Forum Sahel innov 2017.

Kahitouo Hien
Kahitouo Hien, 1er Prix du Forum Sage Innov, 2017. ©IciNiger

De même, il a dû faire face aux réticences de la cible de son projet : les Burkinabés eux-mêmes. En effet, tout le monde n’est pas friand des chenilles dans ce pays. Notamment les Mossi qui sont majoritaires.

Pour surmonter cela, il décide de se rapprocher des stations-services Total avec qui il signe un partenariat pour commercialiser ses produits. Ce partenariat a été décisif, car il a permis aux petits commerces de le suivre plus facilement.

Les commerçants me disaient : ‘‘Je n’en mange pas, je ne peux pas en vendre’’ J’ai eu besoin de toute ma force de persuasion pour qu’ils acceptent d’essayer. Cliquez pour tweeter

Kahitouo Hien, l’heure de Impact !

Les boutiques et grandes surfaces qui commercialisent les produits FasoPro sont passées de 50 en 2015 à plus de 350 en 2018, dans 25 localités contre 2 (Ouagadougou et Bobo-Dioulasso) au lancement. Kahitouo voit sa renommée monter autant que la côte de ses produits. Ils sont vendus au Burkina, mais aussi sollicités ailleurs dans la zone Afrique de l’Ouest, et même en dehors du continent.

Kahitouo Hien
Kahitouo Hien, à l’incubateur La Fabrique, 2015 ©Ecodufaso

Kahitouo Hien est désormais bien positionné sur le marché, comme le leader. Son entreprise emploie plus 500 personnes pour la collecte des chenilles. Faso Pro a réalisé en 2017, un chiffre d’affaires de 35 millions de francs CFA. En 2018, ce chiffre d’affaires s’élevait à environ 50 millions de FCFA. Favoriser une bonne alimentation, créer des emplois, créer des bénéfices, voilà l’impact du monde de Kahitouo Hien, fait de chenilles et criquets.

Faso Pro, pour une nation qui se nourrit bien

Face à l’augmentation croissante de la population, il apparait important de trouver des alternatives aux habitudes alimentaires actuelles. L’entomophagie est donc une opportunité à saisir et à exploiter, se dit Kahitouo. Surtout que, les chenilles qu’il commercialise sont riches en protéines.

Une belle alternative donc à la consommation de la viande. Et il compte élargir son activité en augmentant et en diversifiant sa production, mais aussi en l’exportant dans le reste du continent et en dehors. Il a décidé d’intégrer les criquets dans sa gamme de produits et d’en produire 500 kg par an.

En plus de leur apport nutritionnel en protéines, en Oméga 3 et 6, et en minéraux, l’élevage des chenilles (et globalement des insectes) possède une faible empreinte environnementale et hydrique en comparaison des élevages traditionnels. Par exemple, 2kg d’aliments suffisent pour produire 1kg d’insectes, quand il en faut 8 pour la même quantité de viande de bœuf. Aussi, l’élevage d’insectes produit très peu de gaz à effet de serre et on est en mesure d’utiliser en circuit fermé les déchets organiques produits par d’autres animaux.

Les chenilles sont consommables de plusieurs manières : avec du riz gras ou des ignames, ou dans une sauce. Et sont fabriquées sous plusieurs formes. Kahitouo a réussi à concevoir par exemple des biscuits et des gâteaux avec pour matière première les chenilles de karité.

Depuis qu’il a créé son entreprise, Kahitouo collabore avec des laboratoires scientifiques dans le but d’élever les chenilles dans de meilleures conditions. Dans quelques années, ce marché aux petites allures industrielles sera envahi, et Kahitouo Hien veut être aux premières loges quand ça se produira.

FasoPro est une entreprise pleine d’avenir, dirigée par un entrepreneur aux valeurs toujours aussi fortes et aux ambitions désormais très larges.

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