La glorieuse histoire de Sidi, l’homme qu’on appelait Shaka Zulu

‌Le vécu de l’Afrique ne se résume pas à l’esclavage et au colonialisme. Pourtant, on assiste de manière permanente à un assombrissement, intentionnel ou non, de son histoire. A travers diverses époques et personnages, l’Afrique a clairement de quoi être fier. Nous avons bien des héros. Ces Irawos d’un passé relativement proche ou lointain qui valorisent notre histoire.

Cet article est le premier d’une série de 5 sur les héros d’Afrique. Ouvrons alors le bal avec Shaka Zulu.


Shaka Zulu, Origines

Ce sont dans les contrées de l’actuel KwaZulu-Natal (province d’Afrique du Sud), dans une ambiance de guerres inter-tribales et d’une menace imminente de colonisation, que naquît Shaka Zulu, au sein de la tribu zoulou du peuple Nguni. Fruit de l’union illégitime entre Nandi, princesse Langeni, et Senza Ngakona, chef du clan des Zoulous, Shaka est considéré au sein de la tribu comme le vilain petit canard. Il faut dire qu’il a été engendré au cours de l’ukuhlobonga, un acte sexuel sans pénétration réelle, permis aux couples non mariés. Seulement que ses parents se sont visiblement emportés. Ainsi naquit celui qu’on appelle tous Shaka.

La surprenante vérité, est que son père le nomma Sidi et non Shaka. Mais à cause de son illégitimité, on l’appela Shaka, notamment en référence à une maladie appelée « Utshaka ». La famille de sa mère Nandi refusait de croire que cette dernière était enceinte car elle n’était pas mariée. Elle confondait ainsi la grossesse de la future mère, aux symptômes de l’utshaka. C’est ainsi que Sidi, appelé Shaka va grandir dans un climat forgé dans le classique scénario de l’enfant mal aimé que tous traitent de bâtard (comme Jon Snow de Game of Thrones). Le jeune zoulou va se forger une personnalité forte et avide de pouvoir.

‍La naissance d’un grand guerrier

Son esprit guerrier connaîtra sa genèse lorsqu’il partit chez les Batwetwa, une autre tribu nguni. Il intègre l’armée de celle-ci. Le vilain petit canard commence à se métamorphoser en Aigle Royal. Charismatique, vif d’esprit, endurant et doué d’une force physique impressionnante, il enchaîne les victoires sur le champ de bataille, étend sa réputation au point de devenir le bras droit de Dingiswayo le chef de la tribu Batwetwa.

Alors qu’il est sur la deuxième marche du podium sous le chef des Batwetwa, Shaka apprend la mort de son père Senza Ngakona et la succession de l’un de ses demi-frères Sigujana à la tête de la tribu zoulou; Ceci en dépit du fait que Dingiswayo avait auparavant conclu un accord avec le père de Shaka Zulu (admiratif de son fils illégitime ) qui faisait du jeune guerrier son héritier légitime. Alors appuyé par Dingiswayo, le vaillant zoulou va prendre ce qui lui revient de droit.  Il livre une bataille contre son demi-frère et l’emporte brillamment.

L’outsider est désormais à la tête des zoulous. L’enfant prodige est de retour.

L’outsider est désormais à la tête des zoulous. L'enfant prodige est de retour. #HérosdAfrique Cliquez pour tweeter

Shaka « Curiosité » Zulu

Shaka Zulu était une personne curieuse. Encore plus qu’un enfant. Il voulait toujours tout savoir. Savoir comment les choses fonctionnaient, découvrir de nouveaux endroits , de nouvelles terres quel que soit le coût. A titre d’exemple,  il a ouvert le ventre d’une femme enceinte pour voir  comment l’enfant à naître occupait cet espace. Certains historiens sous-tendent que Shaka aurait ordonné qu’on retire les yeux à un homme.  Juste pour savoir comment ce dernier s’adapterait.

Shaka Zulu a également beaucoup voyagé. Il a parcouru tout le pays à pieds. Certains lieux connus aujourd’hui dans le KwaZulu-Natal ont été nommés selon les premières interactions de Shaka avec eux. On peut citer la ville balnéaire d’Amanzimtoti. Shaka lui a donné ce nom après s’être désaltéré dans la rivière. Il s’est exclamé: « Kanti amanzi mtoti »  qui veut dire  « que cette eau est douce ! « .

ⓒ Shaka Zulu par Charis Tsevis

Plus qu’un guerrier, un stratège !

La réputation de Shaka bien assise, il n’a pas de mal à s’imposer au sein de sa tribu. En tant que grand visionnaire, il ne tarde pas à y soumettre ses idées politiques et militaires révolutionnaires. Il nomme son peuple Amazoulou : « Ceux du ciel« . Nom qui deviendra plus tard Zoulou, tout court.

Il procède à une mise à jour des techniques de guerre de son peuple; suspend l’utilisation des longues lances « Assegai » qu’utilisaient ses guerriers pour jouir d’attaques sur une longue portée par des lames courtes « Iklwa », plus efficaces pour des combats corps à corps, et qui rappellent l’armement du régiment des amazones du Dahomey. Shaka initie à cet effet, une stratégie offensive « en tête de buffle » : les troupes sont fragmentées en quatre régiments dont deux forment des cornes de buffles et deux régiments centraux en queue forment le crâne. Dans un mouvement de rotation, l’une des cornes attaque, alors que l’autre reste dissimulé et ne réagit que lorsque le combat est engagé (Pas bête unh). De plus, ses guerriers étaient dotés de boucliers en peau de vaches étonnement solides, introduits par Shaka. Ces boucliers en peau de vache étaient plus résistant que les boucliers de fer et de bois réalisés à cette époque.

Une ère de Conquête signée Zulu

Avec une force offensive sans pareille, Shaka Zulu entame une ère de conquêtes. Il enchaîne les victoires comme à son habitude et incorpore d’autres tribus à son peuple. Sa puissance est telle que certaines tribus le rejoignent de plein gré. Il compte unifier tout le peuple Nguni (On pourrait se demander si le personnage de Jon Snow n’a pas été inspiré par notre vaillant Shaka).

Cette image est d’ailleurs la seule représentation originale de lui qui existe.

Au-delà de son génie en stratégie militaire et de sa stature intimidante,  Shaka fait preuve d’une discipline sociale remarquable pour atteindre ses objectifs. Les jeunes (de 16 à 60 ans) sont intégrés dans l’armée peu importe le sexe. Les plus jeunes (moins de 16 ans), les vieux et les handicapés s’occupent des taches de production que sont l’élevage, la pêche, l’agriculture. De plus, seuls les guerriers méritants, dans une tranche de 30 à 40 ans ont le droit de procréer.

L’autorité est militaire et absolue. C’est ce cocktail de stratégie militaire, de discipline sociale et de fougue qui fit la force de Shaka en tant que conquérant. A son apogée, son armée compte plus de 100 000 hommes et environ 500 000 hommes des tribus voisines. Shaka Zulu avait conquis un territoire bien plus vaste que la France soit plus de 643 801 km² alors qu’au début de son règne,  son territoire ne s’étendait pas sur plus de 100.000 km².

Même aujourd’hui, il continue de conquérir l’esprit de plus d’un millier, répondant présent avec toute la tribu zoulou dans la série de jeux vidéo Civilization pour les férus du virtuel et de la stratégie. Mais il séduit aussi le cœur des passionnés de lettres et d’histoire  à travers le célèbre roman de Thomas Mofolo : « Chaka : une épopée Bantoue « .


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