Ola Aminou est une battante. Elle a une énergie résolument tournée vers le succès. Et l’impact. Cette histoire est beaucoup plus un entretien armé, où elle vous raconte chaque instant de son odyssée. De ses aventures.
Pour certains, l’histoire de Raodath Ayinkê-Ola Aminou commence avec Optimiam, ou plus précisément avec Rothschild, avec décision-démission qui raccourcit une carrière prometteuse dans la finance. Et pourtant, elle l’est devenue cette Golden Girl. De celles qui flambent les hackhatons et autres concours d’innovation avec de redoutables pitchs et une passion à toute épreuve. Elle a brillamment conduit sa startup qui aujourd’hui a changé les habitudes alimentaires de 150 000 personnes et sauvé 15 à 20 tonnes de nourriture.
Ola Aminou est fascinante, dans son courage, dans son intelligence et dans cette ambition qu’elle ne cache jamais. Elle veut être la meilleure. Partout. Et surtout, elle veut laisser sa trace. Aider. Elle veut que le monde se serve d’elle…Raodath Aminou est dans une quête – viscérale presque – d’utilité et de liberté. Elle veut être utile au monde. C’est une aventureuse, qui a le goût des conquêtes incessantes. D’un rocher a un autre, elle semble gravir une montagne virtuelle au sommet duquel se trouve son étoile. Depuis que ce vendeur de Sushi l’a accostée, elle ne s’arrête plus. Toujours plus loin, toujours plus haut…Le ciel n’est pas sa limite.
Petite, c’était quoi le job de tes rêves ?
Médecin ! Je voulais sauver des vies. J’ai toujours eu pour volonté de faire des choses importantes et je trouvais que médecin ou sage-femme, toutes les personnes qui sauvent des vies ou qui donnent la vie, c’est eux qui font les plus beaux métiers du monde en fait.
Raconte nous ton parcours en quelques mots.
C’est…le parcours d’une personne qui cherche à toujours faire mieux, sur tous les volets. J’ai toujours aimé les études, ça s’est reflété dans mes notes. J’ai eu le Bac français à l’école Montaigne avec une bourse d’excellence qui m’a permis de venir faire mes études en France. Avec cette bourse d’excellence, j’ai dû faire les classes préparatoires aux grandes écoles. J’ai fait une école d’ingénieurs qui s’appelle l’ISEP, en management et systèmes d’information.
Au niveau professionnel aussi, j’ai toujours été portée par ce penchant pour l’excellence. J’ai eu la facilité de commencer directement dans la finance, chez Rothschild Asset Management, qui est un très beau tampon, un très beau nom dans la finance. Pendant deux ans en CDI et avant ça, j’avais fait un stage chez eux. Après, j’ai fait encore une école d’ingénieurs, Polytechnique, la meilleure école d’ingénieurs de France. C’est un parcours où j’ai toujours voulu aller plus loin viser plus loin et faire plus. Est-ce que j’y arriverai ? Je ne sais pas mais je me disais au moins je voulais viser et après on verra ce qui adviendra.
Quand on a toujours été élève modèle, lauréate de divers concours, on s’attend à votre succès. Comment appréhendes-tu ça ?
C’est Freddy qui m’a dit un truc. Freddy c’est un ami qui a fait Montaigne aussi et qui se marie bientôt donc je fais une dédicace à Freddy. Il a mis les mots sur un truc que tout le monde, je pense, pense.Ça remonte à trois ans, aux débuts d’Optimiam en tout cas. Il m’a dit :
- Quand je te vois avec Optimiam, quand je vois tous les gens de notre promotion de Montaigne, je savais que c’était toi qui allait faire ça en fait
Ça ne l’a pas étonné que je sois celle de notre génération qui en soit arrivée là et qui ait créé sa boite. Ça reflète vraiment l’image que les gens ont dans le sens où..
- On sait que tu peux faire ça, on sait que tu as les capacités pour faire ça donc ça ne nous étonne pas que ce soit toi qui le fasse et pas une autre personne.
Donc oui, je pense que l’image que les gens ont est une image à double tranchant en fait. D’un côté, ça peut te donner de l’adrénaline, pour te pousser à toujours faire plus, toujours faire mieux mais d’un autre côté ça te met beaucoup de pression, à ne pas décevoir, à ne pas casser cette image-là. Ça met de la pression mais je dirais que c’est une pression positive parce que ça pousse toujours à faire mieux. Moi, c’est comme ça. Ça me pousse vraiment à faire mieux.
Donc pour toi, ce n’est pas un poids, ça te pousse à…
Ça peut être un poids. Pour être honnête, des fois, c’est un poids parce que du coup des fois quand ça ne va pas, tu ne peux pas parler à tout le monde. Tu ne sais pas avec qui en parler. Tu ne peux pas leur dire que ça ne va pas.
- Comment ça, ça ne va pas ? Pourtant, je t’ai vu gagner un concours hier
C’est ce que les gens m’ont dit encore quand j’ai annoncé que je me retirais d’Optimiam.
- Il y a deux jours encore tu gagnais le concours Elle Active, comment tu peux dire que tu arrêtes Optimiam ?
Les gens ne peuvent pas tout comprendre et ça peut être un poids.
Optimiam a été ton plus grand projet jusqu’à maintenant ?
Ah oui, largement, dans tous les sens. Au niveau professionnel, j’ai mis 3 ans. J’ai eu l’idée en Décembre 2013. On a vraiment lancé en Mars 2014. C’est là que j’ai rencontré mon associé. Donc ça fait 3 ans. C’est vraiment 3 vraies années en termes d’heures. Toutes les heures ont compté pendant ces 3 ans dans Optimiam, aussi bien au niveau du professionnel, aussi bien au niveau du projet, de l’humain. Ça m’a totalement consommée. Toute mon énergie était dédiée à ça, avec les avantages et les inconvénients qui vont avec.
Qu’est ce que tu veux dire par là ?
Les avantages qui vont avec, c’est …quand tu te consacres à 100% dans quelque chose, ça paye forcément, ça finit par payer. On a eu une vraie reconnaissance, un bon accueil des clients, des consommateurs. On s’est vraiment bien lancés. Les inconvénients qui vont avec, ça peut avoir des répercussions sur ma vie au fait. Je vois moins mes amis, ma vie personnelle peut en pâtir des fois.
Mais ça vaut le coup ? Tu te dis parfois tu aurais dû faire moins pour Optimiam et plus pour ta vie personnelle ?
Je pense que ça dépendait vraiment du moment où j’étais. J’ai commencé Optimiam quand j’avais 23-24 ans. J’ai dû faire des sacrifices mais ce n’étaient pas des sacrifices insurmontables. Aujourd’hui, j’ai 27 ans. Je ne ferais pas les mêmes erreurs ou choix, je dirais. Je ne ferais pas les mêmes choix de sacrifices. Par contre, je me dédierai toujours autant, avec passion, en termes de tout ce que ça demande dans mon nouveau projet. Mais il y a certains sacrifices que je ne ferais plus.
Quitter Rothschild n’était-ce pas un geste de défiance ?
Non. C’était un appel, c’était un cri en fait. Je ne pouvais plus rester là. Je n’étais vraiment plus bien là. Déprimée c’est un mot un peu trop fort mais c’est ce côté-là, tu peux faire plus et tu te sens sous exploitée en fait.
Ressentais-tu le besoin de prouver quelque chose ou était-ce un choix vital ?
C’était un choix vital. C’était vraiment un choix vital. J’ai même pas quitté Rothschild pour créer Optimiam parce que je n’avais pas l’idée d’Optimiam. Même sans avoir l’idée, j’ai démissionné de Rothschild. Il fallait que je sorte de là.
Les gens disent que le temps c’est de l’argent. En fait, ce n’est même pas le temps c’est de l’argent pour moi. Le temps c’est vraiment une ressource très précieuse et je trouvais que mon temps n’était pas bien exploité. Il fallait que je trouve où mon temps était plus utile.
Et c’est aussi un peu pour les mêmes raisons que j’ai choisi de quitter Optimiam. J’ai fait 3 ans dans Optimiam, on a commencé à voir comment ça fonctionnait. Là où je vais, on a plus besoin de moi aujourd’hui que dans Optimiam.
Selon tes propos, tu déprimais et périssais dans ce travail.
Périssais, oui. Déprimée, ça fait quand même 4 ans que j’ai quitté Rothschild. Après, j’ai pris la notion de ce mot et je ne déprimais pas encore. Parce que la dépression on peut la côtoyer quand on est entrepreneur ; Parce que c’est vraiment très, très, très dur.
Parce que la dépression on peut la côtoyer quand on est entrepreneur Share on XÇa a été ton cas ?
Oui. J’ai eu des vrais hauts et des vrais bas. On bosse 24h/24. Ce n’est pas une dépression nerveuse du tout, mais c’est juste qu’à un moment donné, tu te renfermes sur toi même, tu ne vois plus personne, tu n’as pas le temps de voir les gens. Tu ne fais qu’enchaîner, enchaîner, enchaîner. Tu dois payer des salaires, tu as tout ce stress qui va avec. Tu dois vérifier qu’il y a de l’argent sur le compte à la fin du mois pour payer des gens. C’est plein de choses dont on n’a pas de notions avant de créer sa boîte. Encore moins entre 23 et 27 ans, ce n’est pas du tout les sujets qu’on côtoie.
Tu voulais innover ta vie
Totalement. Pour moi, il devait y avoir un changement dans ma vie à ce moment là. 21ans, j’étais en CDI. À 23 ans, j’avais 2 ans de CDI. Je ne concevais pas d’en être là dans ma vie.
Pour moi, j’étais un pion. Je pense qu’il y a plein de gens qui travaillent dans la finance, qui travaillent dans les grandes boîtes, qui pourront se retrouver dans ce que je dis. On se sent comme un pion. Si je ne fais pas bien mon boulot, même si je fais bien mon boulot, si le client n’est pas content, il me remplace par un autre. À un moment quand tu évolues dans ta carrière tu as besoin d’être plus utile. C’est vraiment le mot utilité qui revient dans tous mes choix. Donc il fallait que je parte de là.
Optimiam est né dans la galerie d’un hypermarché
Oui, de mon hypermarché, mon Carrefour. C’était une soirée comme une autre. J’avais faim. J’allais faire les courses et je suis tombée sur ce vendeur de sushis avec sa promotion qui a changé ma vie. Ça a changé ma vie à ce moment là.
Le diner avec Halima pour le Master, le discours de Vincent Redrado de TheTops, tout s’est vraiment mis en place pour t’aider à prendre ta décision.
Halima et moi on a fait la même école d’ingénieurs, l’ISEP, qui est une très bonne école. Halima m’a parlé de sa sœur Fatima, qui a intégré Polytechnique pour un Master. J’ai regardé un petit peu. A l’époque, je ne connaissais même pas. Je ne pensais même pas que Polytechnique offrait des Masters en dehors du concours des grandes écoles. J’ai regardé et j’ai vu que c’est un des 1ers Masters innovation et entrepreneuriat en France. J’ai fait le Master Innovation et économie numérique avec un parcours entreprenariat.
J’ai postulé sans y croire. Je pense que c’était au mois d’avril. J’étais en vacances avec mon amie Mame à Majorque. Et je dormais sur la plage quand j’ai reçu un mail. Mame va se rappeler.
- Je suis pré-selectionnée pour le master à l’école Polytechnique la semaine prochaine !!
Ils voulaient faire un skype. Du coup, ça a changé la donne des vacances. On était trop contentes quand on a vu ça. J’y croyais pas. J’ai fait le skype. Je leur ai expliqué mon projet qui était de créer ma boite.
- Et si vous ne créez pas votre boîte qu’est-ce que vous allez faire après ?
- Ben au pire, je retournerai en entreprise avec un master en innovation
Dès que j’ai eu le master, j’ai démissionné de chez Rothschild. J’ai fait mes 3 mois de préavis et je suis partie.
Avant ça, fin Mai, il y avait le salon de l’entrepreneur et c’est là que j’ai assisté à une intervention de Vincent Redrado qui était le fondateur de TheTops. Vincent avait le même âge que moi, même parcours; dans le sens où il a fait une école de commerce HEC, il a fait son stage chez Priceminister, il connait très bien Pierre Kosciusko Moriset qui était même dans son board. Son stage chez Priceminister s’est très bien passé. Pierre lui a proposé un CDI et il a refusé ce CDI de Priceminister pour créer sa boite. Il a créé un site e-commerce, The Tops, en s’inspirant un petit peu de ce que faisait Priceminister. Et ce jeune était là, il disait à toute la salle :
- Quel risque vous prenez aujourd’hui à essayer de vous accomplir et à essayer de créer votre boîte ? Surtout vous les jeunes diplômés de grandes écoles.
Quel risque vous prenez ? Au pire, si ça ne marche pas vous retournerez à votre CDI à La Défense. On ne prend aucun risque, surtout nous les jeunes diplômés. Il faut revenir à la réalité. Quand les gens vous disent oui, tu as pris le risque de démissionner, le risque de créer ta boite oui mais on a de super diplômes, si ça ne marche pas on va vite rebondir sur nos pattes donc le risque est très mesuré. On prend juste le risque d’être heureux au fait. C’est le seul risque qu’on prend. On ne prend aucun risque à part ça. Au final, quand on pèse bien les choses, j’ai juste fait le choix d’être heureuse. Je n’ai pris aucun risque selon moi.
Vincent Redrado a été mon déclic émotionnel. C’est grâce à lui que j’ai su que c’était l’entrepreneuriat ma voie et le vendeur de Sushi a été mon déclic intellectuel pour savoir quel projet je voulais lancer.
On prend juste le risque d’être heureux. Ola Aminou #IRAWO Share on XTes parents étaient commerçants. Au moment où tu as décidé de quitter ton boulot pour te lancer dans quelque chose, est-ce qu’ils voulaient que tu rentres pour créer ton business au Bénin ?
Non, c’est tout le contraire, ils ne m’ont pas soutenu. Pour mes parents déjà le fait que je démissionne de mon boulot de CDI, c’était “in-envisageable”.
Nous les Africains, quand on nous envoie faire des études, quand on travaille, il faut prendre soin de soi-même et peut-être s’occuper également des frères et sœurs et des parents. Là, deux ans après mon indépendance financière, je leur annonce que finalement ça ne va pas et que je veux reprendre mes études. Que je démissionne déjà. Ils n’ont pas compris la reprise des études. Quand je leur ai fait comprendre que c’était Polytechnique, meilleure école d’ingénieurs de France, ça les a un peu rassurés. Je ne leur ai jamais parlé du projet d’entrepreneur. C’était vraiment Polytechnique, je voulais faire Polytechnique. Ils se sont dit :
- Elle aura un meilleur diplôme. Elle trouvera.
C’est après qu’il y a eu l’idée d’Optimiam. Ils ont dit :
- Pourquoi tu fais ça ? À quel moment tu vas gagner de l’argent ? C’est encore trop risqué.
Alors que ce sont des commerçants, que ce sont des entrepreneurs ? Ils n’ont pas voulu comprendre parce que pour eux, j’avais un très bon parcours. Pourquoi maintenant le casser avec l’entrepreneuriat ?
On était en 2013. C’était au tout début de l’entrepreneuriat sexy en France. Ça ne leur parlait pas du tout. L’entrepreneuriat n’était pas aussi en vogue que maintenant. Ils n’ont pas compris.
Ça a mis du temps ?
Ça a mis du temps. C’est quand on a commencé à avoir de la reconnaissance, à gagner des concours, à gagner des prix, à rencontrer des présidents.
- Des gens s’intéressent quand même à son projet ?! Si ça se trouve ça a de la valeur.
La levée des fonds auprès d’investisseurs, même pour des entrepreneurs comme eux c’est un pas qu’ils n’ont jamais passé. Eux, en tant qu’entrepreneurs, ils vont faire des prêts à la banque. Là, leur faire comprendre que tu as réussi à convaincre des gens de te donner leur argent et que si ça marche pas , ils perdent l’argent, si ça marche on partage. C’est pas la banque. C’était encore un stade supérieur. Ils se sont dit :
- Si elle arrive à faire ça, c’est que le projet fait sens, que les gens croient au projet, nous aussi on y croit maintenant avec eux.
Est-ce que ça a changé quelque chose que tes parents adhèrent à ton projet ?
Oui. Beaucoup. Ils ont beaucoup plus compris la galère. Ils ont plus compris les hauts et les bas. Quand j’ai dit à mes parents que je voulais sortir d’Optimiam, ils n’ont pas compris.
- Tu fais une grave erreur, pourquoi tu fais ça ? Avec tout le temps que tu as accordé à ce projet ?
Ils n’ont pas compris. C’est pour te dire l’attachement qu’ils ont fini par avoir pour ce parcours d’entrepreneur. Mon style de vie financier de maintenant et d’il y a 3 ans, il n’y avait rien à voir. Mon salaire est 2 fois voire 3 fois moins qu’avant en finance. Ils avaient fini par adhérer à ce style de vie d’entrepreneur parce qu’ils voyaient vraiment tous les plus qui allaient avec.
C’est pas que le salaire, c’est pas que : “est-ce qu’on est rentable aujourd’hui ?”. C’est tout le parcours qu’il y a pu y avoir. Tous les concours, toutes les personnes que j’ai rencontrées, toutes les opportunités que ça m’a offert. Ils se disent :
- Est-ce-que tu ne vas pas passer à côté de tout ça ?
- On verra avec le nouveau projet.
Pourquoi avoir choisi le gaspillage comme problème à résoudre ?
Je n’ai pas choisi le gaspillage comme problème, c’est le gaspillage qui m’a choisie. Les gens me disent :
- Est-ce qu’avant Optimiam tu faisais attention à ne pas gaspiller ?
- Comme tout le monde.
Je pense que je faisais attention comme tout le monde, à mon échelle. Je ne vais pas cacher que, des fois, j’achète des produits que je n’ai pas le temps de manger et que je jette. Avec Optimiam, aujourd’hui, je fais beaucoup plus d’efforts.
Je n’ai pas choisi le gaspillage dans le sens où quand je me suis dit je veux créer ma boîte, quand j’ai quitté Rothschild, je n’avais pas l’idée. Je voulais faire quelque chose et je suis tombée sur ce Master via le diner avec Halima et c’est dans ce master qu’ils nous ont dit vous avez 2 choix : créer votre boîte ou aller en entreprise.
“Je veux créer ma boite”. Avant de démissionner de Rothschild, je m’étais remise sur le marché du travail. J’avais commencé à regarder des entreprises, c’était toujours les mêmes postes de pion. Je me suis dit: “ Je ne trouve pas le boulot qui me correspond. Je ne sais pas encore c’est quoi le boulot qui me correspond mais je vais créer mon propre boulot ”.
C’est de là qu’est partie l’idée de créer ma boîte. Brainstorming pour trouver l’idée. Il y avait plein d’idées à Polytechnique. En tant que bon geek, on proposait les idées de réseau social mais il n’y avait pas le coup de foudre sur ça parce que de tout ce que je voyais aussi bien en cours que dans les » use case » des grandes boites américaines, le parcours est difficile en tant qu’entrepreneur.
Nous, dans Optimiam par exemple on a mis 2 ans à se payer. Donc pendant 2 ans, je n’avais pas de salaire.
- Si pendant 2 ans ça va être la galère à ce point, il faut vraiment que l’idée que je défends soit plus grande que moi-même, plus grande que ma personne afin que je puisse m’accrocher.
Toutes les autres idées que je trouvais en brainstorming, elles n’étaient pas plus grandes que ma personne, elles n’étaient pas révolutionnaires, elle n’étaient pas aussi fortes qu’Optimiam peut l’être. Et ça a été via cette rencontre avec ce vendeur de Sushi dont vous retrouvez l’histoire sur internet.
- Là, on parle vraiment d’un fléau social, économique, sociétal, environnemental, c’est plus grand que moi. Si j’arrive à résoudre ce problème, ça va apporter tellement de bien.
C’est vraiment un projet d’utilité sociale et ça a été le déclic. Ça aurait pu être autre chose du moment que c’était plus grand que moi.
Est-ce que tu as revu le vendeur de sushis ?
Non, je n’ai jamais revu le vendeur de sushis mais j’ai écrit à l’entreprise. Et l’entreprise m’a dit que ce n’était pas vrai, qu’ils ne font pas de promotions, que ce n’est pas dans leur politique.
- Ben si, si ce n’était pas vrai je n’aurais jamais eu l’idée de créer ma boîte aujourd’hui.
Ola Aminou, tu as une belle histoire. Et parfois, elle semble trop belle et on a du mal à y croire. Comment tout ceci a t-il pu se réaliser ?
Ma bonne étoile, Dieu. Parce que je crois beaucoup en Dieu, le travail et les bons choix. J’ai fait les bons choix. C’est donné à tout le monde de faire les bons choix. Mais une fois qu’on fait les bons choix, il faut s’y atteler pour arriver jusqu’au bout et je pense que c’est là que tu perds les gens.
Tu peux perdre des gens sur ce parcours là : Ceux qui ne sont pas assez résistants pour arriver jusqu’au bout et tu as l’autre partie, ceux qui ne font pas les bons choix, qui s’autosatisfont de ce qu’ils ont. Ce qui est très bien mais ce n’est pas mon cas.
C’est donné à tout le monde de faire les bons choix. Share on XComment faire les bons choix ?
En s’inspirant des gens. Je n’ai pas une personne précise que j’admire. J’admire plein de personnes pour différents raisons mais je n’ai pas un role model précis. C’est en faisant des recherches, en trouvant différentes personnes qui inspirent, tu regardes leur parcours et tu te dis pourquoi pas moi ?
Il n’y a personne qui m’intimide. Il n’y a personne que je vois et je me dis … »Le parcours est WOW” mais jamais je ne me dis que je ne peux pas avoir le même parcours. Pour moi, ils ne sont pas surdoués ces gens. S’ils y arrivent, c’est qu’on peut y arriver. Peut-être que je dois fournir deux fois plus d’efforts que cette personne mais c’est possible.
Souvent dans tes interviews tu dis que tu voulais te rendre utile, faire quelque chose qui a du sens. Pourquoi ce désir ?
Parce que je juge que Dieu nous a mis sur cette terre, pas juste pour qu’on pense à nous au fait. C’est normal qu’on pense à soi en priorité mais moi je ne vois pas comment je peux m’accomplir qu’en pensant à moi. Pour moi, c’est important de m’accomplir.
Je n’entreprends pas pour être millionnaire, si je fais bien mon boulot ça viendra mais ce n’est pas ça qui me guide. Je suis le type de personnes qui est satisfaite quand tu sais que tu as réussi à satisfaire des gens en plus de toi. Pas que toi, un plus grand nombre de personnes. Je suis en bonne santé, je peux vivre financièrement, de quoi ai-je besoin de plus ?
Comment je peux être plus utile ? Et c’est Oprah Winfrey qui a dit une phrase qui m’a vraiment ouvert les yeux sur ça. Dans tout ce qu’elle fait, elle dit en anglais « God, use me ». Elle veut que Dieu l’utilise à bon escient en fait. Elle veut que Dieu l’exploite au maximum de ses capacités. Et c’est ce que moi je recherche aujourd’hui. Être exploitée au maximum de mes capacités parce que je trouverai dommage d’être passée sur cette terre en touriste.
Comment gère t-on quand on démissionne d’un emploi bien rémunéré pour un job étudiant, qu’on reprend ses études et qu’on crée son entreprise ?
On n’a pas le choix. Quand tu n’as pas le choix, tu dois le faire. Quand tu as des factures à payer, quand tu as un loyer à payer, tu dois le faire. Quand derrière tu sais très bien la finalité, quand tu sais pourquoi tu fais ça, tu tiens le coup.
C’est bien de se plaindre, c’est bien de dire c’est difficile…Le nombre de personnes qui m’ont dit :
- J’ai eu la même idée, mais…
- Oui, mais pourquoi tu ne l’as pas fait ?
- Ouais, parce qu’il y a eu ci, il y a eu ça.
A un moment donné, quand tu connais la finalité, pourquoi tu le fais, tu te tais et tu le fais. Peu importe à quel point c’est difficile, tu te tais et tu le fais, c’est aussi simple que ça.
Peu importe à quel point c’est difficile, tu te tais et tu le fais, c’est aussi simple que ça. Share on XAvant Optimiam, il y avait EcoCourses.
EcoCourses c’était Optimiam en fait. C’était une sorte d’Optimiam mais le projet a beaucoup évolué. J’ai vu ce vendeur de sushis, j’ai vu le problème du gaspillage. EcoCourses essayait de récupérer tous les produits invendus des supermarchés, de les mettre dans un Foodtruck et de les vendre sur des grandes places.
Sauf que rapidement en creusant le projet, j’ai vu qu’un Foodtruck c’est pas aussi facile à avoir, qu’il y a des normes d’hygiène et de sécurité à remplir, qu’avoir des places de parking dans les places, c’est pas aussi évident…
Comment s’est faite la mue ?
En voyant tous les problèmes que je rencontrais avec EcoCourses et en voyant surtout mon background ingénieur ! Ce qui m’embêtait dans l’idée d’EcoCourse c’est qu’à aucun moment je n’exploitais mon background d’ingénieur.
C’est juste un camion avec de la nourriture que tu transportes et que tu « parkes ». Si je devais dire à mes parents que je devais faire EcoCourses, franchement c’aurait été très difficile pour eux de soutenir. A un moment, je me suis dit :
- Le problème on le comprend, il y a du gaspillage à résoudre.
- Est-ce qu’il n’y a pas un autre moyen à part prendre un FoodTruck ?
- Tu es ingénieur ! Tu as un diplôme d’ingénieur ! Tu as fait du numérique !
…et c’est juste venu tilter. Créer le pont digital et supprimer les freins : le foodtruck, le parking, les normes d’hygiène. Optimiam, c’est juste un lien digital : les gens payent en ligne et viennent chercher leurs produits. Ça a été rapide. Le switch s’est fait rapidement en un mois.
Qu’est-ce que l’aventure d’Optimiam t’a appris ?
Pour moi, l’aventure d’Optimiam se résume vraiment à l’humain. L’humain a été ma force et ma faiblesse dans tout ce projet. La force dans le sens : tout l’amour, l’accueil positif qu’on a reçu pour Optimiam. L’humain…l’équipe qui m’a rejoint pour ça, les clients qui nous ont fait confiance. La faiblesse : il y a eu des mauvais recrutements, des mauvais clients, des mauvais utilisateurs, des mauvais commerçants.
L’humain a été et est la force et la faiblesse d’Optimiam. Dans toute aventure entrepreneuriale, l’humain est pour moi le 1er critère.
Dans toute aventure entrepreneuriale, l’humain est pour moi le 1er critère. Share on XDes leçons ?
Je savais que c’était difficile mais pas autant. J’avais sous-estimé la difficulté, l’endurance qu’il fallait, la persévérance qu’il faut, la résilience qu’il faut, j’avais sous-estimé tout ça.
L’aventure d’Optimiam m’a permis d’acquérir ces qualités là. Après, il y a des qualités comme le pitch. Je savais que j’étais très bonne à l’oral. Je savais que j’étais très bonne pour convaincre des gens. C’est du divertissement au final quand tu montes sur scène pour représenter ta marque.
J’ai fait beaucoup d’erreurs ce qui est normal, ce que je ne ferai plus dans mes prochains projets. Des erreurs vraiment techniques. Typiquement, le paiement en ligne, on l’a mis trop tard dans Optimiam. C’est vraiment des erreurs techniques. Des erreurs de recrutement bien-sûr, il y a pu en avoir, des erreurs managériales. J’ai mal managé à certains moments. Je managerai mieux.
La culture d’entreprise que j’aurais voulu mieux inculquer, j’ai pas eu assez de temps. Je n’ai passé que deux ans en entreprise et l’entreprise dans laquelle j’étais, n’était pas une start-up. Je ne savais pas quelle culture insuffler. Là maintenant, j’ai la notion que la culture d’entreprise fait beaucoup dans la réussite ou dans l’échec d’une start-up.
Et comment dirige t-on une start-up comme Optimiam, entre les hackathons, l’équipe, le développement du produit, l’exposition médiatique ?
Le recrutement est très important. Dans les trucs que je ferai mieux la prochaine fois, c’est vraiment m’assurer de recruter des gens meilleurs que moi, dans les domaines dans lesquels je les recrute. Il faut qu’ils soient meilleurs que moi pour que je puisse leur faire confiance, pour que je puisse me dire…
- Même si je ne suis pas concentrée à 100% sur les différents volets de mon entreprise, cette personne est meilleure que moi donc je peux vraiment me reposer sur elle.
Le modèle d’Optimiam peut-il être reproduit en Afrique ?
Pas en l’état actuel parce que pour moi, en Afrique le volume de produits gaspillés post-production n’est pas énorme. Nous, à Optimiam aujourd’hui, on travaille sur du post-production. On travaille sur l’aval et pas sur l’amont. En Afrique, de mes recherches, les plus grandes pertes en termes de gaspillage se font dans les champs et dans les récoltes. Du coup, c’est de la pré-production. Faire une application qui va permettre aux gens de vendre du pré-production, ça va être compliqué. C’est plutôt une application ou un système qui devrait aider les agriculteurs à mieux travailler leurs cultures, qui leur fournirait des informations sur la météo, des informations sur le prix de vente des denrées dans les marchés, en leur fournissant des informations sur comment mieux faire leurs cultures, là ça peut être utile.
Paradoxalement, j’ai vu qu’il y avait une application comme Optimiam qui s’est lancée au Nigéria et qui travaille exclusivement avec les supermarchés, qui permet aux supermarchés de vendre leurs surplus alimentaires. Mais après c’est quoi le potentiel du marché derrière ? C’est une bonne idée, mais c’est quoi le volume derrière ?
Comment gagne t-on la guerre des Pitchs ?
Je donne des formations en pitch; on peut s’améliorer via la formation mais il faut être passionné déjà par son projet. Parce que ça se voit quand tu n’es pas passionné. Je juge que tout bon entrepreneur est forcément passionné par son projet, c’est sûr. Mais il y a cette petite dose d’humour, à chaque fois que je monte sur scène, je n’ai même plus le trac aujourd’hui.
Je me dis il faut que les gens en face voient à quel point j’adore mon projet, voient à quel point je prends du plaisir à faire mon projet, et qu’ils voient à quel point eux aussi ils peuvent aider, à quel point ils contribuent, pas juste venir raconter ma vie. Il faut les inclure dans le projet, et c’est cette vision là que j’essaie vraiment de concrétiser à chaque pitch que je fais. Trouver les bons mots pour les faire sourire, trouver les bons mots pour que eux se sentent valorisés dans le projet.
J’ai adoré les pitchs, du début à la fin. Mon dernier pitch c’était en Mars. C’était le prix de l’innovation environnementale de Elle Paris. C’est Elle Paris qui m’a donné le prix. On a gagné 5000 euros. Je ne communiquais pas encore dessus mais je savais que c’était mon dernier. Je voulais gagner et je l’ai gagné. C’est le jour où j’ai pris le compte Irawo.
Comment convaincre les investisseurs de financer votre start-up ?
Les investisseurs, ce qui leur importe plus que les chiffres, les métriques de là où vous en êtes : c’est les fondateurs. Ils veulent être sûrs que les personnes en face d’eux sont les bonnes pour mener à bien le projet.
L’idée n’est pas encore importante à ce stade là. Parce que l’idée peut changer à tout moment mais c’est est-ce-que ces personnes sont les bonnes pour mener à bien le projet. J’ai parlé à un de mes investisseurs la dernière fois, quand on était en train de sceller le deal et il l’a dit.
- La raison pour laquelle je vous ai donné de l’argent, c’est parce que j’ai vu votre passion et votre engouement pour le projet, votre pêche, à 23/24 ans. Je me suis dit cette jeune femme et son équipe sont tellement passionnées qu’ils vont y arriver et j’ai envie de participer à ce succès là.
Et c’est un petit peu le message que j’envoie à ceux qui veulent lever des fonds. Pour une 1ère levée de fonds en tout cas. Pour une 2nde levée de fonds, là il faut vraiment que les chiffres suivent. Pour une 1ère levée de fonds, ne pensez pas à l’argent à tout prix. Surtout les types d’entrepreneurs qui ont juste l’idée et après ils doivent lever des fonds.
On n’a pas besoin d’investisseurs au début pour faire marcher son entreprise. Nous, on a fait fonctionner Optimiam pendant un an sans levée de fonds. On a trouvé d’autres moyens d’avoir de l’argent. Il y a les concours et autres, on n’avait pas besoin d’aller voir les investisseurs.
Quand tu vas voir un investisseur lorsque tu es désespéré, il le sent. Il sent que tu as juste besoin de son argent. Nous, le message qu’on a envoyé c’est :
- Sans vous, on a réussi à tenir le coup pendant un an. On pourrait encore tenir le coup pendant un an ou deux ans via les concours mais en faisant ça, ça va nous ralentir parce que ça prend beaucoup de mon temps. Donc, on a besoin de vous pour aller au stade supérieur et cartonner encore plus vite,
…et c’est le message qu’ils veulent entendre. Ils se disent :
- Nous, on a l’argent, on n’a pas le temps, on n’a pas les compétences, on ne peut pas faire ça aujourd’hui. Eux, ils ont le temps, ils ont les compétences, ils sont jeunes, ils ont la pêche, j’ai envie de vivre le rêve avec eux.
On voyait une petite fierté de nos investisseurs quand on passait à la télé. Ils envoyaient les articles à leurs amis. Ils leur disaient “j’ai investi dans cette boîte”. Ça, ça compte pour eux. Le fait de leur dire “on va vivre le rêve ensemble, on va voyager ensemble “ compte plus que l’argent. Il faut les inclure dans le chemin.
Quel est l’impact d’Optimiam après 3 ans de travail ?
Aujourd’hui, on le mesure en termes de repas sauvés. On est entre 15 et 20 tonnes de repas sauvés de la poubelle. C’est environ 150 000 utilisateurs qui ont l’application en France. C’est plus de 700 commerçants avec qui on a travaillé : des petits commerçants, des chaines de supermarchés, des chaines de restauration rapide, etc.
C’est tout cet impact qu’on a eu. Je suis toujours bluffée quand je vois des recrutements. Aujourd’hui, on ne diffuse même plus nos offres de recrutement. On a plein de candidatures spontanées : des étudiants de grandes écoles ESSEC, HEC, qui veulent faire des stages en start-up et qui trouvent notre start-up cool, qui veulent vraiment nous rejoindre. C’est tout cela qu’on a réussi à construire. Là tu te dis, oui, ça change vraiment de mon boulot en finance. C’est le jour et la nuit !
Pourquoi as-tu alors quitté Optimiam ?
Premièrement pour être honnête, parce que je sens que je serai plus utile ailleurs. C’est pas que je n’étais plus utile pour Optimiam. Aujourd’hui, je n’ai même pas besoin de convaincre quelqu’un sur ça. Jusqu’à la veille de l’annonce de mon départ, j’étais encore en Suisse en train de représenter Optimiam. C’est juste le besoin que j’ai eu il y a 3 ans en quittant Rothschild, pour créer Optimiam. J’ai l’impression qu’aujourd’hui, on m’appelle vers des projets qui sont encore plus grands que moi, et plus grands qu’Optimiam.
L’impact encore plus grand, l’héritage encore plus grand, c’est tout ce que je recherche.
Qu’est ce que tu as envie de faire, maintenant que tu as quitté Optimiam ?
Au niveau professionnel ? Impacter. Toujours impacter. Dans tous les cas, je vais rester dans le digital, ça c’est sûr et certain. Innover, impacter. Je pars du principe que s’il y a des problèmes, on ne peut pas ne pas les résoudre. Tout le monde ne peut pas les résoudre et si je juge que je peux apporter ma pierre à l’édifice, je ne trouve pas normal de ne pas le faire. Du côté personnel j’aimerais quand même prendre plus de temps pour moi, ma famille, mes amis, mes relations.
Ton parcours nous dit-il que la clé de l’épanouissement se trouve dans l’entrepreneuriat ? Est-ce vraiment la clé ?
Non, la clé de l’épanouissement ne se trouve pas du tout dans l’entrepreneuriat. L’entrepreneuriat, pour moi ça a été la réponse à une insatisfaction et au fait que je ne trouvais pas ma place dans la société.
Si toi aussi tu sens que tu ne trouves pas ta place dans la société dans laquelle on est, oui là, l’entrepreneuriat peut être pour toi. Mais pas par effet de mode, pas parce que machin l’a fait ou que moi aussi j’ai les compétences donc je veux le faire.
Il faut vraiment que tu sentes le besoin de le faire. Est-ce que pour moi ça a été la clé de l’épanouissement ? Ah oui, totalement. Ça m’a donné une liberté à tout point de vue. Je décidais exactement de ce que je faisais de mes journées. J’étais indépendante. A tout point de vue. Ça m’a permis d’être épanouie.
Comment t’es-tu sentie en plantant le drapeau du Bénin sur le Kilimandjaro ?
Ah, j’étais fière. J’étais fière surtout que je ne savais pas s’il y avait des béninois qui l’avaient fait avant moi. J’étais vraiment fière d’arriver au bout. Franchement, j’ai tellement d’ambition pour mon pays, je suis tellement optimiste pour mon pays. Après, je ne sais pas à quel point je me fais des illusions ou pas. Mais voilà… On a des voisins qui ont fait des choses grandioses, pourquoi pas nous ?
On n’est pas moins doués ou moins capables que les autres. A un moment donné, il faut juste que nous nous réveillions. Nous, c’est la jeunesse, nous qui avons les compétences, nous qui pouvons apporter au pays. Il faut juste que nous nous réveillions et que nous essayons de faire notre part.
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Il t’arrive de penser rentrer au Bénin, réaliser des projets ?
Oui. Ces dernières années, je suis rentrée chaque année au Bénin et oui je vois l’évolution. Franchement. je vois l’évolution du Bénin. Moi je le vois toujours avec mon regard sur le numérique. Il y a plein de sujets sur lesquels il y a de grosses améliorations à faire mais je ne peux pas mener toutes les batailles. Je ne suis pas le messie. Je n’ai pas pour volonté de sauver le Bénin ou de sauver le monde. Je veux juste que ma compétence serve et ma compétence c’est le numérique et l’innovation. Donc c’est ce dans quoi je veux que ça serve.
Et j’ai vu vraiment beaucoup d’évolution avec les entrepreneurs qui lancent de super projets, avec tous les apports que le numérique peut faire au Bénin. Donc oui, j’aimerais bien ne pas passer à côté et faire quelque chose dans ce sens aussi et rejoindre ceux qui ont pris le risque de rentrer ou même ceux qui sont restés depuis le début et qui lancent des entreprises au Bénin.
J’aimerais bien rentrer définitivement mais il faut que je vois à quel point. J’ai quand même passé 11 ans en France, avec mes habitudes françaises, faut que je vois comment je peux m’adapter à tout ça. Et comment mes idées…
J’ai créé ma boîte en France, ça n’a pas été facile. Ça a eu le succès qu’on a décrit. Créer sa boîte au Bénin, qu’est ce que ça implique ? Avec Optimiam, c’est allé tellement vite ! Est-ce que ça peut aller tellement vite comme ça aussi au Bénin ? Est ce que je ne vais pas être freinée ? Est ce que mes ambitions ne vont pas être freinées ?
Voilà… Il y a tous ces sujets que je ne maitrise pas et qu’il faut que je prenne le temps de voir.
Tu as l’air de quelqu’un qui bosse beaucoup, qu’est-ce que tu fais pour te relaxer ou te changer les idées ?
Non, je bosse beaucoup. Franchement. Je n’ai pas du mal travailler jusqu’à des horaires…ou à me lever tôt. Quand tu aimes ce que tu fais tu bosses donc il n’y a pas de souci.
Qu’est ce que je fais pour me relaxer ? Les séries, je regarde beaucoup de séries ! Et ça compte dans bosser pour moi (rires). La lecture c’était avant, là je le fais un peu moins. Euh le vélo. J’aime faire du vélo. La couture, je m’y suis mise. Avec mes derniers mois d’Optimiam qui étaient un peu compliqués j’ai laissé. Mais la couture, je vais m’y remettre oui.
Qu’est ce que tu dirais à quelqu’un qui n’a pas forcément le même parcours que toi pour l’inciter à oser ?
En général, quand je parle d’oser, je parle d’oser entreprendre. Aujourd’hui, je crois que je suis le type d’entrepreneur qui crée pour apporter une solution à un problème et surtout qui crée parce qu’il n’a pas le choix.
Quand j’ai quitté Rothschild, c’est parce que je n’avais pas le choix. C’était vital pour moi de quitter là, c’était vital pour moi de faire autre chose. Peu importe ton parcours, quand tu es dans cette période où tu n’as pas le choix, tu dois forcément sortir de là. Je ne vois pas comment c’est faisable, quand tu es vraiment au plus bas de toi-même, comment tu peux ne pas sortir de cette zone. Et pour moi sortir de cette zone, c’est en osant.
Donc, tu peux très bien être dans les banlieues chaudes comme ils aiment dire, ne pas avoir fait d’école, pour moi tu peux faire ce que tu veux.
Avec le numérique c’est tellement plus facile aujourd’hui. Tu peux faire une formation d’un an maximum pour être Community Manager, ou pour être responsable marketing. Après, on est en France où le diplôme est important donc voilà…il faut revenir à nos réalités mais si tu veux créer ta boîte, le diplôme n’a plus de valeur à ce stade là quoi.
Et si tu devais parler à quelqu’un qui n’est pas forcément en France ?
Franchement, vivez votre vie. Ce serait dommage que vous vous réveilliez à 50 ans, 60 ans et que vous passiez à côté de votre vie quoi.
Après chacun a différents objectifs. Il y a des gens pour qui avoir la Rolex à moins de 40 ans c’est leur objectif. Si c’est ça votre objectif, l’entrepreneuriat n’est pas pour vous. Restez dans votre sécurité, dans le CDI, là vous allez vraiment atteindre l’objectif.
Franchement, je ne critique pas. Il y a des gens pour qui c’est important. Pour moi, c’est : faites les choix et prenez les décisions qu’il faut pour atteindre votre objectif. Si c’est ça votre objectif, faites tout pour l’atteindre. Si ça vous rend heureux, on s’en fout de ce que les autres en penseront. Si c’est ça qui vous rend heureux, faites tout pour l’atteindre.
C’est ça le travail qu’on doit tous faire sur nous. Se poser à un moment donné. C’est souvent quand on arrive dans la trentaine là, autour de 27/30 ans qu’on se demande :
- Est ce que je suis au bon endroit ? Est-ce que j’exploite mes compétences comme il faut ? Est-ce qu’on n’a pas besoin de moi ailleurs ?
C’est là qu’il faut se poser et se demander “quel est l’objectif que je veux atteindre ?” et prendre toutes les décisions qu’il faut pour atteindre l’objectif.
Peu importe ce que les gens peuvent penser. C’est ça que je dirais aux gens. Ne passez pas à côté de votre vie.
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