Jupiter Davibe, le prince qui prit la voie du griot

Il est né prince, il s’est voulu griot. Jupiter Davibe est un jeune chanteur Béninois de 27 ans qui a une merveille dans la gorge. Jupiter Davibe est la voix qu’il faut.  Il sait traduire l’émotion en octaves et en rythmes. De CFM à Destroys, de Scoa Gbeto à Atlanta, Jupiter a écrit son épopée musicale dont nous sommes les heureuses conquêtes. Chacun de ses singles est un hit.  On y sent l’acharnement, le souci du détail et un dangereux marketing. Qui n’a jamais soupiré à son amour perdu en écoutant « fallait que je te dise »? Qui n’a jamais demandé pardon sous « Love love love »? Et qui souhaite que la voix de Jupiter ne soit de lui plus « jamais loin »? Voici pour vous l’histoire d’un combat pour chanter. L’histoire d’un prince qui a volé la voix du griot pour rassembler les peuples par le langage universel de la musique.  Prenez-garde, ceci est un talent d’enfer.

On nous a parlé d’un certain Ibrahim Bah, le connais-tu ?

Non, inconnu au bataillon (rires). En Guinée ou à Atlanta, il y a au moins trois de ce nom par quartier. Je les ai tous englobé dans Jupiter Davibe. Je suis né le 14 août 1989. J’ai deux Bachelors. J’ai fait du marketing et de la publicité.

Tu dis que tu te sens plus Béninois que Guinéen,

Je suis un enfant de Scoa Gbeto, un quartier populaire de Cotonou limité au nord par Joncquet, au sud par Zongo, à l’est par St Michel et à l’ouest par Missèbo (rires). J’ai plus d’attaches au Bénin qu’en Guinée. J’ai tout appris ici. Sans le Bénin, je ne pense pas que j’aurais été celui que je suis aujourd’hui. Il y a une explication à tout. Mon attache y est très profonde. Je suis né ici, je suis allé à l’école ici, j’ai appris le français et découvert mes premières cassettes ici. J’y ai découvert la musique. J’ai fait mes premières scènes, eu mes premiers coups de gueule ici. J’ai tout vécu au Bénin mais la Guinée c’est aussi chez moi, il n’y a rien à dire dessus. Le Bénin est dans mon cœur, il est en moi. Share on X

Comment es-tu passé d’Ibrahim Bah à Jupiter Davibe ?

A cinq ans, j’ai dit que je voulais faire de la musique. J’ai regardé un film dont personne ne veut me rappeler le titre.  C’était l’histoire d’un mandingue qui a réussi à faire le tour du monde avec son djembé. Partout il allait les gens l’applaudissaient, l’aimaient et l’adulaient. J’ai eu envie d’en posséder un aussi en voyant cela. Je voulais faire comme lui. J’ai demandé à mes parents de m’en offrir un. Ils m’ont opposé un non direct, surtout ma mère qui m’a dit que chanter était pour les griots, pas pour les Peuls de lignée royale. Grâce à l’aide de mon voisin et ami d’enfance, on s’est fabriqué notre propre Djembé avec des tuyaux de construction et une peau de mouton séchée de Zongo. Les soirs, on en jouait chez lui et je lui laissais le Djembé en rentrant.

Jupiter Davibe, Irawo
Jusqu’à 16 ans, je chantais faux. Je ne peux pas sortir certains de mes morceaux, aujourd’hui.

J’ai fait mon premier show Live à 7 ans. La directrice de mon école m’a proposé de faire ça pas parce que j’étais un bon chanteur mais parce que j’étais le garçon le plus agité de la salle, celui qui se mettait à  sauter et à danser quand un morceau passait. La musique, c'était mon vodou. Share on X J’avais l’attitude scénique. J’ai interprété « Aïcha » de Khaled. C’était au Ciné Concorde de Cotonou. Je ne me rappelle même pas avoir chanté juste. D’ailleurs, jusqu’à 16 ans, je chantais faux. Je ne peux pas sortir certains de mes morceaux, aujourd’hui. Jupiter Davibe, c’est arrivé du jour au lendemain. Par respect pour mes parents, et parce qu’ils n’étaient pas pour ma musique, j’ai séparé le fils de l’artiste.

Alors, Jupiter Davibe, c’est pour la planète ou le dieu de la guerre ?

Davibe, c’est pour les vibes colorées et les émotions que je communique. Jupiter, la référence est évidemment au dieu et pas à la planète.. J’étais persuadé que je ne passerai pas inaperçu avec un nom pareil.  Mais ce qui m’a le plus fasciné et poussé à me l’approprier c’est l’image de « grandeur » que les deux inspirent. Pas que par leurs formes, leurs dons mais sur tous les points. Pour moi, c’est un peu comme l’objectif final que je me suis fixé. Je ne compte pas finir ma vie sur scène. J’aime la musique mais pas au point d’être aveuglé par la célébrité ou encore ma seule tête. Je veux apporter un développement à la chose, ma signature, ma vision et développer le milieu. C’est surtout le côté légendaire de ce nom qui m’a transporté et continue de me donner la force de faire ce que je fais. Jupiter, c’est mon objectif. Jupiter Davibe est le nom logique de mon ambition. Share on X

Jupiter Davibe, Nasty Nesta, Irawo
Jupiter, c’est mon objectif.

Qu’est-ce la musique ?

C’est la plus belle chose qui existe au monde. Surtout quand elle est pourvue d’émotions. L’ensemble de toutes les musiques traduit tous les états d’esprit par lesquels une personne passe. C’est la meilleure chose qui ne me soit jamais arrivée. La musique c’est beau, c’est inexplicable. Share on X

Pourquoi la musique ?

J’étais un jeune homme très timide. Je me suis rendu compte que ma seule façon de communiquer avec le monde proprement était mon amour pour la musique. Je ne savais pas comment m’exprimer mais quand je me mettais à chanter, ça attirait l’attention sur moi. Les retours « hors de ma zone de confort » n’étaient pas toujours positifs.

Tu as donc choisi de chanter envers et contre…tous ?

Personne n’aurait parié sur moi. Mais ça a toujours été ça ma motivation. Je fonctionne par challenges. Je suis d’une famille où la musique était tout sauf désirée. Pour que mon père me laisse faire la musique, il m’a défié d’avoir mon BAC en 1ère. Ma mère, elle, est la conservatrice de nos origines peules. Elle me répétait toujours :

« Je ne veux pas que tu fasses de la musique. Chez nous, ce sont les griots qui chantent. Toi, tu es un prince Peul ».

Jupiter Davibe, Irawo
Je me suis battu pour prouver à ma mère que la musique pour moi n’était pas juste une envie de passage.

Je me suis battu avec mes parents sans clash. J’avais surtout un grand frère qui me protégeait, me couvait, me passait mes premières cassettes : Doc Gyneco, Papa Wemba, Mc Solaar. C’est encore lui qui a pris ma défense, s’est porté garant pour moi face aux parents. Je me suis battu pour prouver à ma mère que la musique pour moi n’était pas juste une envie de passage. J’étais un rebelle. Je n’ai jamais été le rebelle qui dit « je quitte la maison, je vous écoute pas, je n’étudie pas ». J’étais le genre de rebelle qui disait ce qu’il pense et rentrait dans sa chambre. Ou encore je faisais exprès d’aller à la cuisine pendant que ma mère préparait, de lui dire que j’allais l’aider et je me mettais à chanter. Ça la saoulait. Elle prenait la cuillère et me la jetait. « Je t’ai dit de ne pas chanter ! ». Share on X Elle m’a vu grandir et chanter malgré ma voix de casserole. C’était ma passion !

Pourquoi le Rnb ?

Le seul gros risque de ma carrière c’était de faire du chant, du Rnb, à l’époque où tout le monde faisait du rap. Le rap était en vogue. C’était les « Diamant noir », Kaysee Montejano, Ardiess, Sakpata, Excalibur. Moi, je voulais chanter. On m’avait déjà prévenu que j’allais me casser la gueule. Mais j’ai pris ce risque et ça a marché.

Jupiter Davibe, Nasty Nesta, Irawo
Si j’ai réussi ça, plus aucun challenge ne pourrait m’effrayer.

Et tu as fini par convaincre le monde de ta passion ?

Une fois, je suis parti au restaurant avec mes parents qui ont été surpris de se voir acculés par des fans qui leur payent l’addition : « vous êtes les parents de Jupiter!! ». Quand j’ai eu mon premier award, je n’étais pas présent à la cérémonie. Mon frère a envoyé le trophée à ma mère  et lui a dit: « voici ce que ton fils a gagné ». Quand elle sort, on lui dit « On a vu ton fils à la télé » mais on ne lui dit jamais « on a vu ton fils se droguer, se battre, se saouler ou faire un truc de cul ». A force, elle a fini par se laisser convaincre que « faire de la musique » n’était pas une expression rebelle de ma personne, comme chez les jeunes auxquels elle pensait. Aujourd’hui, elle est derrière moi et j’ai sa bénédiction. Si j’ai réussi ça, plus aucun challenge ne pourrait m’effrayer. Elle était mon plus gros challenge.

Quels ont été tes rapports avec les autres dans ta quête de voix, dans l’entreprise de ta musique ?

Je ne vais pas faire semblant, j’ai eu beaucoup de soutiens. Même si on ne croyait pas en moi quand j’ai commencé, il n’y a rien à dire. Mais pas à cause de la qualité de ma musique. Ce n’était pas que j’essuyais des refus quand j’envoyais ma musique. On ne voulait juste pas m’écouter.  On avait déjà une idée arrêtée de moi. Quand ma musique a commencé à donner, j’avoue que j’ai été très chanceux. J’ai eu des périodes dures mais pas vraiment de coups bas.

Comment les as-tu amenés à t’écouter ?

Jupiter: J’étais le petit gros qui se dandinait partout. J’étais à tous les concerts, je regardais la scène. Je voulais tout savoir.

Nasty Nesta : Le petit gros qui saoulait tout le monde. Partout où tu allais, tu voyais Jupiter. Quand Jupiter voulait quelque chose, il l’obtenait à force de saouler. C’est aussi une forme de marketing quand quelqu’un te saoule.

Jupiter Davibe, Irawo
Quand Jupiter voulait quelque chose, il l’obtenait à force de saouler. Nasty Nesta

Tu savais qu’il avait envie. C’est un message très important à envoyer aux gens. Ce n’est pas parce que tu as le talent à la base que tu vas réussir. Tu peux avoir du talent mais quelqu’un qui a plus faim que toi, quelqu’un qui a plus de rage va y arriver car il n’aura pas peur de se prendre des portes, de se prendre des vents. J’ai été le premier à télécharger son premier single. Je voulais savoir ce que c’était. J’ai écouté et accroché direct. Je me suis dit waoh et direct, on a enchaîné sur le remix. C’était une très belle chanson.

Comment s’en sort-on quand personne ne croit en vous?

Tu es qui ? Tu dois faire tes preuves. Tant que tu n’as rien prouvé, c’est normal qu’on doute de toi. Share on X Et, ceux qui ne durent pas dans la réussite sont ceux qui en veulent aux personnes qui n’avaient pas cru en eux. Mais, c’est parce que ces gens n’ont pas cru en toi que ça t’as frustré et que tu t’es battu aussi fort. La vie n’est pas si facile que ça et il faut se pousser à faire des choses. Ce n’est pas une histoire de qu’est-ce qui se passe, c’est une histoire de qu’est-ce que tu veux qu’il se passe.

Quand t’es-tu donné entièrement à ton art ? Et qu’est-ce qui a déclenché cette rage-là ?

Pour dire la vérité, il y a deux ans. Une année où plein de choses se sont passées dans ma vie. C’est l’année du décès de mon père. C’est le moment où tu te dis que ce ne sont pas les diplômes qui manquent, ni le talent ni les opportunités. Avant, à chaque fois que je trouvais des opportunités dans la musique, je les mettais de côté. J’ai frôlé « Nouvelle donne » parce que je n’étais pas prêt à beaucoup de sacrifices. J’ai raté Kassav’ dont je n’ai jamais parlé. On m’a dit de faire du zouk et j’ai refusé. J’ai eu un nouveau souffle de vie en 2014. J’étais plus sûr que jamais que la musique était ce que je voulais faire. Je suis un autre Jupiter musicalement parlant, depuis cette année. J’ai décidé de prendre plus de risques avec ma carrière et de me fixer de nouveaux challenges.

Donc le jour de ta naissance est devenu le jour où ton père est mort,

C’est extraordinaire et inoubliable. C’est aussi une chose dont je ne veux pas trop parler. Je savais ce jour-là qu’il allait mourir. Ça ne s’explique pas. C’était la première fois où je n’ai pas souhaité « bon anniversaire » à mes parents, le jour du mon anniversaire.  J’y ai pensé toute la journée en préparant ma soirée d’anniversaire à Cotonou. Mon père s’était rendu en Guinée, un an auparavant en raison de sa maladie. La nouvelle m’est tombée dessus les seules cinq minutes où je n’y pensais pas, celles où je dansais. Je me suis retiré trois minutes de la fête et je suis revenu pour couper mon gâteau. Les gars n’y comprenaient rien. Ils m’ont pris pour un fou !

Comment conçois-tu tes chansons ?

Il y a des techniques en fait, chaque artiste à la sienne. Je me fais d’abord un film dans la tête. Quand je veux écrire, je me mets dans une autre peau. Pour « Jamais loin », je me suis mis dans la peau du mec qui quittait, j’ai joué un rôle d’acteur mais dans l’écriture. Au départ, je n’écris pas encore les paroles. Je ferme les yeux. Je me dis: j’ai envie de parler de quoi? J’ai envie de parler d’une fille au cœur brisé. Qu’est-ce qui lui est arrivé? Quand j’ai enfin l’histoire, je trouve mon rôle. Le rôle de celui qui voit la fille ? La fille elle-même ou celui qui a impacté sa vie ? Dans « Elle a le feeling et le style, et ça elle le sait», (La fille du quartier, ndlr) je suis là et je la vois. Et avec « baby si tu reçois ces mots c’est que je suis parti» (Jamais loin, ndlr), je suis dans la peau du gars. Dans Fumilayo, je suis là en boss et j’observe une boss qui s’amuse. C’est plus une histoire d’objectif et d’angle.

Penses-tu que tu arriveras à chanter dans la peau d’une fille?

Si je veux parler d’une fille, je dirai « tu » ou « elle ».  Je ne pense pas pouvoir me mettre à la place d’une fille, je ne suis pas Stromae. Share on X

Jupiter Davibe, Irawo
Dans Fumilayo, je suis là en boss et j’observe une boss qui s’amuse. C’est plus une histoire d’objectif et d’angle.

Dans tout ce processus de création de musique, Jupiter est à la fois écrivain, acteur et entrepreneur…

Je suis écrivain mais à chacun sa technique et son style d’écriture. Paolo Coelho écrit différemment. J’écris en mode film. J’aimerais bien que les gens s’imaginent dans la peau du personnage, ou se disent j’ai vécu ci ou je connais quelqu’un qui a vécu ça.

Oui, je ne fais pas que chanter. Il y a aussi le label. Davibe Music est plus spécialisé en direction artistique et production, développement de carrière, avec à son actif deux artistes : Amiral Revers, un jeune rappeur très talentueux qui a beaucoup à prouver et moi-même. On y travaille et des choses arrivent.

Comment rentabilises-tu tes chansons ?

« Jamais loin », je l’ai rentabilisé sur un contrat. J’ai fait un truc pour MTN. J’ai rentabilisé à gauche et à droite sur de petits placements. « Il fallait que je te dise », c’est la même chose. J’ai commencé à rentabiliser sur « Fumilayo » en moins de 8 mois. J’ai déjà rentabilisé l’argent de la vidéo. Je n’ai pas de bénéfices mais j’ai déjà l’argent que j’ai dépensé. Il y a même eu des messieurs qui sont venus me dire : « mon garçon, je suis content. Ma femme kiffe ton son. Tiens ! ». (rires)

Il y a-t-il un coût pour l’attitude quand on est chanteur de Rnb?

Nasty Nesta : On est allés la dernière fois à Parakou pour jouer. Le soir, un fan après qui nous envoie une note vocale sur le numéro whatsapp des fans. Il nous fait : « les gars vous m’avez déçu. Amir, toi, c’est vrai que tes bling-bling sont chers mais tu as déjà posté ça sur Facebook le matin. Pour un grand artiste comme toi, ça ne te fait pas honneur et tu as déjà porté ça dans des pubs. Essaie de changer ça. Nasty, lui, je ne l’ai pas senti. Il m’a énervé. Je lui ai demandé sa casquette mais il a donné ça à quelqu’un d’autre ». Les gars analysent tout ce que tu portes et si tu mets deux fois le même habit, tu es fini. Et c’est dans ça que notre argent s’en va en fait.

Nasty Nesta, Jupiter Davibe, Irawo
Les gars analysent tout ce que tu portes et si tu mets deux fois le même habit, tu es fini. Nasty Nesta

Jupiter : Il y a un coût pour tout. Tu ne peux pas paraître totalement simple ou mal rasé. Nous, on est exposés. Par exemple, le weekend passé j’ai porté du Roar en concert, je ne peux plus porter le même Roar. Et tu fais tout ça pour que quelqu’un te dise qu’il n’aime pas ton son. (rires)

Qu’est-ce que l’industrie de la musique t’a appris de plus grand ?

Un artiste ne veut pas qu’on touche à son art. Il veut le sortir comme ça. Or dans le business, il y a une grande différence entre ce que tu veux faire et ce qu’il y a. La seule grande différence que tu peux apporter, c’est apporter un plus à ce que les autres font déjà. Changer le monde c’est un gros mot. Share on X Ce n’est presque pas possible. C’est l’argent qui parle. Si tu as des milliards, tu peux faire ce que tu veux.

C’est le business qui compte, il ne faut pas faire semblant non plus. Etre connu, c’est le marché. Ce n’est pas pour ça que je chante. Je chante parce que quand quelqu’un m’écrit « J’ai récupéré mon ex avec Fallait que je te dise », j’ai un effet. La dernière fois, on me force à chanter « Jamais loin » alors que ce n’était pas prévu dans ma playlist. J’ai vu dans le public des gens qui ne reconnaissaient pas le morceau, réagir. Ce que ce morceau a pu faire….hum.

D’un autre côté, quelqu’un a dit : « les gens ne savent pas où tu vas mais considèrent que tu te perds. ».  Focus, parce qu’au final, tu es le seul à savoir où tu vas et ce que tu veux. Ecoute ce qu’on te dit mais n’oublie pas de sortir de toi-même pour te regarder et regarder ce qu’on te dit.

Qu’est-ce que tu aurais aimé qu’on te dise avant que tu ne commences la musique ?

Il y a beaucoup de choses qui s’apprennent sur le tas. Quand tu y tiens, tu apprends tout seul de ce milieu. Tu tombes et tu te relèves. J’avoue que je n’aurais pas voulu qu’on m’en dise quelque chose. Je suis satisfait du fait que j’ai dû apprendre à mes dépens, le positif, le négatif, les déceptions et les espoirs. Ça m’a forgé. Quand on te prévient trop de certaines choses, quand tu as toujours quelqu’un derrière toi pour te dire exactement comment les choses sont censées être, ça ne te fait pas forcément évoluer.

Quelles sont tes perspectives musicales après Fumilayo ? Mr LoveStory teller compte-t-il virer dans du zouk ?

Non, du tout.  Je suis à la veille de lancer mon prochain single.  Il y a  aussi un EP, à 80 % terminé, un projet de 7 titres qui va sortir en début d’année prochaine. Je compte chanter en langue, faire de la kizomba mandingue.  Le Rnb n’est qu’une phase musicale de ma carrière. Ma vision finale est « world music ». Je veux réinventer mon art avec du Rnb, de l’afrobeat, de l’acoustique, de l’afro reggae et une touche peule.

Jupiter Davibe, Irawo
Le Rnb n’est qu’une phase musicale de ma carrière. Ma vision finale est « world music »

Tu veux donc briser le tabou du Prince peul chanteur jusqu’au bout…

Un artiste vit sur des challenges et quand tu n’en as pas, tu ne fais que chanter. Le français reste la langue dans laquelle j’ai appris beaucoup de choses. Le peul c’est le côté différent, original de ma musique. Les Peuls sont un grand marché, à peu près 40 millions en Afrique sinon plus. Il y en a partout en Afrique. Pour certains, les Peuls, c’est le village et les bœufs. Mais non, ce n’est pas que ça. Share on X La musique peule est considérée comme renfermée, comme tribale. Jusqu’ici, le Peul n’est écouté que par les Peuls. Pourquoi ne pas arriver à convaincre le monde d’écouter du peul ? C’est l’un de mes plus gros objectifs. Briser totalement ce mythe et d’amener le niveau à un point où les gens se demanderont : « qu’est-ce qu’il chante ? ». Je suis déjà sur la voie, de toutes manières. Je sens que je vais y arriver.

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