Kenneth Yannick, l’humoriste au chapeau de paille


Arc 1 : À l’aube d’une nouvelle aventure

On a un Irawo dont je me sens très proche. Il n’est pas plus âgé que moi. Il ne traîne pas avec le Président.  Il n’est pas trop riche, il n’est pas plus jeune que moi. Ce n’est ni du sport, ni de la musique. Mais son histoire est tellement inspirante.

Aldrich Achani, IRAWO HUNTER

On n’imagine pas tout ce qu’il a traversé pour en arriver jusque là et pourtant ce n’est que le début. Il est à la quête d’un idéal comme nous ! Bref c’est l’Irawo dont on avait besoin. 

Christopher Avagbo, IRAWO HUNTER 

Il montre vraiment que si tu veux tu peux, que le seul obstacle c’est toi, qu’il faut croire en soi parce que personne ne le fera à notre place et qu’avec un peu de courage et de passion, on peut déplacer des montagnes.

Mélaine Kiossou, IRAWO HUNTER 


Kenneth Yannick et si tu devais raconter un évènement qui t’a amené à l’humour…

Quand mon père est parti. Quand il était là, ce n’était pas si chaud que ça financièrement. On mangeait bien. La vie n’était pas si dure. On avait nos trois repas par jour, notre scolarité était payée; on ne nous renvoyait pas de l’école. On avait tout ce qu’on voulait…enfin presque. Quand il est parti, il y a eu ce truc qui est arrivé. Je ne sais pas comment l’expliquer. Il y a eu comme un décalage très violent. Tu te retrouves dedans mais tu ne peux pas comprendre. Il s’en va du jour au lendemain, et tu le ressens fortement.

La vie change progressivement. Un jour, tu avais tout ce que tu voulais, et le lendemain, vous mangez du riz sans viande et sans poisson. Tu demandes ce qui se passe, on te répond : “Tu oses parler ? C’est ce qu’il y a, qu’on donne à un enfant”. Toi tu ne comprends pas. Tu te poses des questions. Tu en viens à te demander si on n’est pas méchant avec toi.

Ta mère se retrouve seule à s’occuper de 3 enfants. De 3 repas, tu en viens à un par jour et parfois même ce repas, c’est de l’eau sucrée avec du pain. Ma mère devait s’affamer pour pouvoir nous offrir ce pain avec de l’eau sucrée ou du gari. Elle allait au travail comme ça. C’est dingue. Ce n’est pas facile. Ce n’est facile pour personne d’avoir des charges comme ça.

Je remercie beaucoup ma mère parce que c’est une femme intelligente et battante. Ce n’est pas simple. Mais c’est la vie, tu ne peux rien y faire. Tu ne peux pas te tuer. Tu fais avec ce que tu as. C’est arrivé, c’est vrai que ça fait mal. Tu maigris. Tu vas à l’école avec cette frustration d’être toujours l’enfant qu’on renvoie pour la scolarité.

Et quand des trucs arrivent comme ça, pour ne pas sombrer, il faut rire. Si tu veux tenir, il faut rire. Quoi qu’il arrive, je trouve qu’il faut en rire. Rien n’est facile dans la vie. Il y a des situations qui t’arrivent et tu as l’impression que le ciel te tombe sur la tête. Le seul moyen de pouvoir les surmonter, c’est d’en rigoler et de trouver le côté positif des choses.

Si tu veux tenir, il faut rire. Quoi qu’il arrive, je trouve qu’il faut en rire. #KennethDoitPercer Cliquez pour tweeter

Tu ne peux pas tout le temps te morfondre et te plaindre puisque ça ne résout pas le problème. C’est comme ça que j’ai eu cet acharnement à faire rire les gens pour oublier ce que je vivais à la maison. C’était terrible. C’est de ces petites différences que je parle. J’ai remarqué qu’à un moment donné, l’humeur de toute la maison dépendait de moi.

Quand je mine, tout le monde mine. Quand je ris, tout le monde rit. J’ai compris alors que j’avais un impact sur les filles de maison. Je simulais des situations sur le chemin de l’école, en prévoyant mes réponses au maître. J’étais le bouffon de la classe.

Quand je revenais à la maison, c’était triste : pas de moyens, pas de loyer, rien à manger. C’était des problèmes. Alors, je faisais des blagues pour raconter à ma mère tout ce que j’avais vécu à l’école. Je racontais ma journée à ma manière, en insérant des trucs. Elle disait que je ressemblais à un dessin animé. Je faisais du stand-up sans même m’en rendre compte.

Peu de personnes savaient comment je vivais. Ma mère nous a éduqué à ne pas montrer forcément aux gens qu’on souffre. Ça m’a toujours fait mal de voir les gens tristes quand quelque chose leur arrive, alors je les fais rire.

Comment devient-on prof de sport et humoriste ?

C’est une histoire un peu folle, quand même. Je ne sais pas. C’est arrivé comme ça, à cause de l’humour. L’humour c’est ma passion. Mais le style d’humour que je fais ici ne paie pas. Depuis que je suis tout petit, j’ai toujours aimé faire rire. Faire du stand up, c’est depuis 2008 à la sortie de “Papa est en haut”, le spectacle de Gad Elmaleh. Je l’ai vu sur un PC. Je connais ce spectacle par cœur même jusqu’à maintenant. Je m’amusais à reprendre quelques vannes devant mes potes qui m’encourageaient. Je ne voulais pas d’une vie complètement monotone comme le reste. 

Je suis un anti-conformiste extrémiste. Non seulement je déteste faire ce que tout le monde fait mais je déteste faire ce que tout le monde pense être conforme. Finir ses études, avoir un parcours bien tracé, être dans un bureau, ce n’est pas quelque chose qui me ressemblait vraiment. Mais après, en raison de certaines circonstances, je me suis dis qu’il fallait faire quelque chose de ma vie; que le stand-up je ne pouvais pas le faire au Bénin.

Quand je disais à ma mère que je voulais être humoriste, elle n’était pas d’accord, elle me criait dessus, que ce n’était pas un truc qui paie. Je la comprenais parce qu’il n’y a jamais eu de père et elle s’occupait toute seule de nous. J’étais bon à l’école, j’étais parmi les meilleurs de ma classe. Donc, elle se disait qu’un gosse comme ça n’allait pas se mettre dans un truc sans avenir. En plus, le seul homme de la maison. Elle s’occupait de nous à fond. Mais moi aussi, j’étais à fond sur mon délire d’humour. Je regardais de plus en plus de spectacles. Je rentrais vite des cours à la maison pour les suivre. Je suis resté dans ce délire jusqu’en terminale. 

À force, elle avait fini par me promettre ceci : “Si tu veux être humoriste, après le BAC, on va te faire voyager”. J’avais confiance en cette promesse. Alors qu’en vrai, ma mère n’avait pas les moyens de me faire voyager. Ce qui a fait qu’après mon BAC, je me suis beaucoup perdu. Je me suis vraiment perdu. En fait…je me suis toujours perdu, juste parce que l’éducation béninoise n’est pas vraiment orientée artistique. La preuve c’est que j’ai eu un BAC C mais je n’ai pas fait une seconde C. J’ai fait une seconde D parce que j’étais perdu. On m’envoyait chez les conseillers d’orientation. 

Cette période était une vraie période de perdition . Je ne savais pas ce que je voulais faire de ma vie parce qu’à un moment donné on avait réussi à me mettre dans la tête que je ne pouvais pas être humoriste. Avant j’en rêvais et je me disais que j’allais réaliser mon rêve. Mais il y a une période dans laquelle on avait réussi à me mettre dans la tête que ça n’allait rester qu’un rêve.

C’est pendant cette période que j’étais perdu. Je ne savais pas ce que je voulais faire, et d’après mes résultats scolaires, j’étais bloqué entre génie civil, médecine, SVT, maths. Le genre de questions qu’on se pose après avoir eu son BEPC. J’ai d’abord fait une seconde D parce que j’ai pensé à la médecine en premier. Et après, j’ai viré en C ce qui est très difficile. Ce n’est pas n’importe qui, qui fait ça. 

J’étais donc déjà perdu depuis longtemps. C’était déjà une catastrophe. Après mon BAC, c’est devenu pire. Je suis allé en Génie civil. En ce moment, je ne m’entendais pas beaucoup avec ma mère, il y avait des disputes à propos de ça, justement. Je n’étais plus aussi performant qu’à l’école justement parce que je n’aimais pas ce que je faisais. Et quand moi, je n’aime pas un truc, je m’en bas vraiment les cou**lles. Je n’en avais strictement rien à faire. J’ai fait une année à l’EPAC où les résultats étaient catastrophiques. Les étudiants savent de quoi je parle. J’avais une dizaine de rattrapages. Et tout le monde sait que c’est impossible de rattraper autant de sessions.

À la maison, la tension était à son comble. Qu’est-ce qui se passe ? L’enfant brillant qu’on a connu nous a fait perdre 400 000 F CFA et une année ? C’était des trucs que je n’aimais pas entendre. Mais c’était ça qu’on me disait. Tu sais comment sont les parents.  Je ferai peut-être la même chose si mon enfant ne travaille pas ou perd une année. Mais je n’avais pas encore perdu l’année et je voyais ça comme un défi à relever.

Donc quand on m’a dit “Tu es bête, tu es incapable de valider une année”, je suis retourné à mes cahiers et j’ai réussi à valider mon année. Toutes les sessions. Et je suis passé en deuxième année de justesse. Mais j’ai laissé tomber. Parce que ça ne me convenait pas.

Et c’est là que mon combat pour l’humour a commencé. C’est en laissant tomber l’EPAC, en perdant une année d’études de ma vie, volontairement malgré ma réussite, que mon combat a commencé. Là il s’est passé quelque chose. J’étais décidé à faire de l’humour.

Mais, il y a toujours ce blocage. Le manque de moyens pour me faire voyager, le pays qui ne connaît pas cette forme d’humour. En fait, personne, absolument personne, ne faisait du stand up avant moi au Bénin. J’étais décidé mais quelques mois après, j’ai encore sombré. 

C’est après avoir perdu une année à l’EPAC que j’ai commencé à faire les vines. J’ai découvert l’application et je me suis dit, en attendant une solution, fais des vines. C’est ainsi que j’ai débuté sur internet. C’était en 2013. 

En faisant les vidéos, j’ai eu des problèmes dans ma famille. Il fallait que je fasse quelque chose de ma vie. J’ai failli abandonner. Je sombrais. Je me disais que finalement l’humour n’était pas pour moi. J’ai pensé à plusieurs choses, la médecine, est-ce que je devais retourner à l’EPAC, bla-bla-bla. J’ai tenté la médecine, je suis allé à la FSS.

Mais c’était bizarre. Que je sombre, que j’abandonne ou pas, il y avait toujours l’humour quelque part au fond de moi qui me poussait à prendre n’importe quelle décision. Je me basais sur ce rêve d’être humoriste d’abord. A la FSS, on m’a dit direct que c’est 7 années de médecine. J’ai dit non. Et quand est-ce que j’allais faire l’humour ? Toutes mes décisions étaient basées sur ça. J’avais abandonné mon rêve sans l’avoir abandonné.

C’était comme si j’étais dans le déni. Il y avait un Kenneth passionné d’humour qui voulait pas baisser les bras. J’ai laissé tomber la FSS. J’ai voulu être militaire parce que j’avais des potes militaires. J’étais sur le point d’aller au CAMP quand j’ai appris qu’un militaire était au service de l’État et ne pouvait pas faire certaines choses. Qu’il était donc impossible que je puisse faire de l’humour. J’ai laissé tomber ça aussi…pour l’humour.

Donc du coup, il n’y avait plus rien, plus aucun choix devant moi. Et enfin, on m’a parlé du seul institut de sport au Bénin ( lINJEPS ). On m’a dit que là-bas, je pourrai faire de la médecine sportive. Comme j’étais très bon en biologie, je me suis dit “médecine sportive = domaine du sport = doctorat en physiologie. Pourquoi pas ?

Je ne savais même pas que pour passer par là, il fallait faire l’enseignement du sport. Je ne savais pas. Donc après m’être perdu entre l’EPAC, la FSS, l’armée, je suis finalement allé à l’INJEPS. C’était assez diversifié ; anatomie, physiologie et beaucoup de sport. 

À cette époque, j’étais très frêle, très maigre. C’était l’horreur. Il n’y avait pas de différence entre ça et l’armée. Aussi bien au niveau de l’écrit que du physique. C’était dur. C’est après quelques mois passés là-bas que j’ai appris que j’allais faire de l’enseignement.

J’ai commencé à enseigner en 2ème année. En 3ème année, j’ai eu mon diplôme et voilà comment je suis devenu professeur de sport.

Je n’ai pas voulu continuer. J’aurais pu le faire et être certifié ou docteur. Mais c’est le même nombre d’années que la FSS. Je n’allais pas refuser la médecine et faire ça.

Donc j’ai laissé tomber. Au moins, j’ai un diplôme. Au moins, je peux travailler, ramener de l’argent chez moi et aider ma famille. Maintenant, plus rien ne m’empêche de me consacrer à l’humour. Le seul challenge restant c’est que j’étais le seul, le premier à faire du stand up au Bénin. 

J’écrivais des textes, encore et encore. Un jour, je me suis lancé. Je me suis mis à faire de petites scènes aux fêtes d’anniversaire, aux mariages, etc. Donc c’est comme ça que je suis devenu prof de sport et humoriste. 

Quand as-tu considéré définitivement que tu voulais faire carrière dans l’humour ? 

Quand j’ai eu mon premier diplôme, que j’ai su que je pouvais travailler et gagner de l’argent. C’était définitif. J’ai su qu’il n’y avait plus rien devant moi. J’ai commencé à me payer mon propre loyer, à aider ma famille, j’ai compris que faire de l’humour ne dépendait que de moi et de moi seul. J’ai oublié cette histoire de voyage. J’ai compris qu’il fallait que je construise ici, moi-même, les choses dont j’avais besoin pour vivre mes rêves. Au lieu de compter sur les acquis de l’extérieur. 

J’ai compris qu’il fallait que je construise ici moi-même, les choses dont j’avais besoin pour vivre mes rêves. Kenneth Yannick Cliquez pour tweeter

Quel est ton rêve pour l’humour au Bénin ?

Créer une école de Stand-up. Je rêve qu’il y ait plein d’humoristes au Bénin qui jouissent et vivent de ça. Réveiller une génération d’humoristes au Bénin ? Ça a déjà commencé. Sans prétention aucune.

Et ta première scène, c’était quand ? Comment ça s’est fait ?

C’était en 2016. Je suis allé à un spectacle de Miss à l’ENEAM. Il y avait 600 personnes. C’était la première fois que je me retrouvais devant tant de monde. Je n’avais pas du tout confiance en moi. 600 personnes ! On commence doucement normalement. Moi j’ai commencé gros, direct.

Quand j’y pense, comme première scène…c’était merdique. Mais il fallait que ce soit merdique pour que j’apprenne. J’avais besoin d’expérience. Cette première scène m’a appris tellement de choses. J’ai appris comment comprendre les Béninois, comment ils réagissent par rapport à l’humour du stand-up. Parce qu’ils n’avaient jamais vu ça. 

Aujourd’hui, beaucoup d’humoristes osent sortir la tête et faire du stand up parce qu’on essaie de faire bouger les choses. Les Béninois commencent à être habitués au stand up. Il y a 3 ans, quand j’avais commencé, tout le monde se demandait :

  • Qu’est-ce qui se passe ? Qu’est-ce qu’il fait ? Il va nous faire du théâtre ?

Les gens étaient choqués parce je m’habillais correctement pour monter sur scène. Il y avait des gens qui criaient :

  • Hey descends, toi tu es venu pour nous faire rire ? Tu n’es pas habillé pour ça.

C’est dire comment le Béninois lambda réfléchit par rapport à l’humour. Pour lui, pour faire rire, tu devrais être ridicule, tu devrais t’habiller comme un clown. Mais ce n’est pas forcément nécessaire. L’humour ça peut être intelligent et technique. 

Faire du stand up, au Bénin, c’est spécial. Comment le vis-tu, Kenneth ? 

C’est l’horreur. Je galère de ouf. Ce n’est pas bien payé. Je galère, sa mère ( rires ). Plus sérieusement… la vérité c’est que si tu n’es pas fort dans la tête, je ne te conseille pas de faire le stand-up au Bénin. Tu veux savoir comment je vis ? Il y a des gens qu’on a recruté dans le Cotonou Comedy Club qui ont abandonné. Ils étaient des dizaines à venir à chaque fois et ils abandonnent au bout d’une répétition. Ils se rendent compte que le stand up c’est du travail. 

Si tu n’as pas le mental, tu ne peux pas faire du stand-up. Parce que d’abord, les Béninois n’y sont pas habitués. Du coup, ils n’en ont rien à foutre de ce que tu viens raconter sur scène puisqu’ils ne t’ont rien demandé. Le challenge que tu dois relever c’est de travailler afin d’adapter ton style à ton public. Ce qui est déjà très dur.

Tu dois donc travailler, venir sur scène et avoir le mental de :

1- supporter leurs regards,

2- ce qu’ils vont te dire

3- et essayer de captiver leur attention.

Et ça aussi, ce n’est pas du tout facile. Enfin, après la scène, quand personne n’a compris tes vannes, que personne ne rigole… c’est horrible. Des fois, il y en a qui comprennent mais qui ne veulent pas rigoler. Je ne souhaite à personne de vivre ça. 

Les gens ne savent pas combien c’est horrible quand tu es devant 600 personnes à faire des blagues et qu’il n’y a que 2 ou 3 qui ont compris. En descendant de la scène, tu remets toute ta vie en question.

  • Qu’est-ce que je fais ici ? Qui m’a amené là ? Pourquoi je vis ? Pourquoi je suis né ?

Comment tu fais pour remonter sur scène après ça ? Il faut avoir un mental de Mikasa Ackerman, de malade et être passionné. Si je faisais l’humour pour l’argent, j’aurais abandonné depuis. 

Première scène de Kenneth à Miss ENEAM

Comment as-tu appris cet art ? 

Internet. Question suivante ( rires ).

Je suis complètement autodidacte. Je remercie beaucoup internet et les réseaux sociaux. C’est grâce à eux que j’ai appris à faire du stand-up. J’ai appris en regardant beaucoup de vidéos d’humoristes que j’aime et en lisant beaucoup de PDFs, livres, articles de blogs sur internet. Je lisais vraiment beaucoup.

Il fut une période de 2 ans où quand j’ouvrais un PC, je ne faisais vraiment que ça. Quand je cherchais un truc sur Google, c’était “humour”. A force de lire, de rechercher comment les gens font, qu’est-ce une vanne, comment écrire un sketch, aller sur Youtube, regarder plein de vidéos qui concernent le stand up, ses origines. Tu commences petit à petit à apprendre. Si tu n’es pas trop con, si tu es vraiment à fond dedans, à un moment tu te lances.

Quand tu es sur scène, que ressens-tu ? 

De la peur, du stress mais aussi du bonheur. Une grosse dose de sérotonine. Même les plus grands artistes doivent ressentir du stress malgré toute l’expérience qu’ils ont eue. Il faut stresser pour pouvoir bien faire. Il ne faut pas chercher à éliminer le stress. Il faut plutôt accepter le stress et le dominer. Le stress te permet de faire attention, de ne pas faire des erreurs. 

C’est comme un Klaxon avant un accident. C’est comme ça que ça se passe. Tu acceptes que tu es stressé et tu le domines. Il faut accepter un problème pour trouver sa solution. Il y a aussi ce truc que tu ressens quand tu fais ta première vanne et que le public rigole. C’est magique…Impossible à décrire.

Tout part de la première vanne. Quand tu as bien travaillé ton texte, et qu’à ta première vanne, ils rigolent, la suite se passe bien généralement. Sinon, c’est mort. Il faut du courage et de la force pour remonter la pente. Le plaisir que tu ressens quand à chaque fois le public rigole de ta vanne, c’est ton travail, les nuits blanches, tous tes efforts qui sont reconnus par des gens que tu ne connais pas. Des gens approuvent en riant pour dire oui c’est drôle. Il n’y a pas plus belle récompense. Ça ne vaut pas tout l’or du monde. L’argent ne peut pas acheter ça. 

L’argent ne peut pas acheter ça. Ⓒ Cotonou Comedy Club

Qu’est-ce qu’il a fallu surmonter comme défis quand est venue l’heure de vivre ton rêve ? 

Affronter les gens. Leur faire comprendre que l’art du stand-up existe ; qu’il y a quelqu’un qui le fait. Tu vas vers les gens, leur dire : “S’il vous plaît, prêtez moi votre scène”. 

Il y aussi la peur de la foule. Ce n’est même pas que j’ai peur…Je n’aime pas la foule. Je n’aime pas quand il y a plein de gens, de l’agitation, quand ça part dans tous les sens. Je n’ai jamais aimé ça. Quand je tweetais ça à l’époque, les gens trouvaient ça bizarre. Un humoriste qui n’aime pas la foule ? Je préfère quand les gens sont devant moi et que j’ai leur attention sur scène, comme dans une salle de classe. Le stand up m’a permis de surmonter cela.

Ce n’est pas un tic de prof, par hasard? 

Non ( rires )

Comment écrit-on un spectacle d’humour ? 

Avec un stylo. Ou un crayon si vous voulez. On écrit ça sur une feuille. Next. ( Rires ) 

Kenneth, arrête tes conneries ! 

Comment écrire un spectacle d’humour ? ( Raclement de gorge ). Alors. Concentration, ouverture d’esprit, techniques et il faut être drôle. 

Tu mets quoi dans techniques ? 

Quand je dis technique, c’est par rapport à ton style. La technique dépend du style et il y a plusieurs styles d’humour. Il y a l’humour noir, l’humour par l’absurde, le métal humour, l’anti-joke, etc. 

La technique dépend du style d’humoriste et du style d’humour. Et c’est quelque chose qu’il faut étudier et apprendre. Chaque style a sa technique. Quand tu fais des jeux de mots, il faut avoir du vocabulaire. Il en faut beaucoup. C’est ça que je fais souvent dans mes vidéos Youtube et aussi dans mes spectacles. On ne fait pas de jeux de mots en désordre. Sinon ce serait très simple d’aligner des jeux de mots et de dire que le sketch est fini.

Quand est-ce qu’un jeu de mots est vraiment bien fait ? C’est quand tu arrives à le poser dans une situation logique ou illogique selon l’histoire que tu racontes. Il faut faire en sorte que les circonstances conviennent au jeu de mots. Ça n’intervient pas n’importe où.  

Les plus beaux jeux de mots sont placés dans des circonstances qui veulent que le jeu de mots existe. Le jeu de mots existe parce que cette situation est arrivée. La situation n’existe pas parce que le jeu de mots est là. C’est là toute la difficulté. Ça ce n’est qu’un style parmi d’autres. Il y a aussi l’humour par l’absurde qui est une question de logique illogique et d’abstraction. L’humour d’observation, que la plupart des humoristes utilisent, est d’ailleurs la base du stand-up. L’humour d’observation est un humour de situation. C’est-à-dire raconter des histoires et montrer au public ce qu’il vit tout le temps mais qu’il ne remarque pas directement. C’est ce décalage et cette surprise que l’humoriste crée, qui enclenche le rire.

Quand tu veux faire de l’humour d’observation, Il faut savoir déceler ce que les gens n’arrivent pas à voir. Il faut observer beaucoup et arriver à retourner la situation, à trouver l’envers du décor. C’est là que réside le travail dans l’écriture d’un spectacle.

Quand tu écris, il ne faut pas être con. Écrire un spectacle c’est comme faire une dissertation. Il y a une introduction, un corps du devoir, une conclusion.

Si c’est un spectacle basique, ça se passe comme ça : tu introduis le spectacle, tu as une entrée. À la fin, tu as une conclusion et au milieu, un développement de plusieurs sujets. Il faut aussi avoir une certaine culture et une habitude à écrire. Ça aide. Tu as une idée générale de la vanne et tu écris dessus.

Quelle a été la réaction de ton entourage quand tu t’es lancé ? 

Ils sont peu nombreux, ceux qui m’ont soutenu. J’ai envie de dire presque personne. Et je suis très sérieux là-dessus. Aujourd’hui, la vie c’est Melrose Place autour de moi. Tout le monde est d’accord avec ce que je fais. Mais avant c’était pas ça. C’était horrible. C’était : “Tu vas pas y arriver. Tu n’iras nulle part”. 

On te voyait comme un sans avenir c’est ça ? 

Ils étaient vraiment peu ceux qui étaient avec moi. Juste des amis très proches, qui sont toujours avec moi aujourd’hui et en qui j’ai vraiment confiance. Mais tout le reste c’était cette mentalité selon laquelle si tu fais de l’art c’est parce que tu n’étais pas intelligent à l’école. Je n’ai même pas envie de dire mentalité béninoise parce que la dernière fois il y a une députée française qui a dit quelque chose de similaire. Il y a des gens qui ont ces préjugés selon lesquels quand tu fais de l’art c’est parce que tu as échoué. Comme si l’art c’était ta dernière chance. C’est con. J’étais vraiment très bon à l’école sans aucune prétention. Je fais de l’art parce que c’est ce que je veux vraiment faire.

Je fais de l'art parce que c'est ce que je veux vraiment faire. #KennethDoitPercer Cliquez pour tweeter

Et c’est ce qui manque à notre pays. Il y a beaucoup de gens qui vont à l’école, qui se perdent, qui n’ont pas envie de faire ce qu’ils font parce qu’ils sont peut-être plus disposés à faire autre chose. Mais voilà, c’est comme ça le système. 

Quand j’ai commencé, tout le monde me disait que je n’irais pas bien loin. “Le stand-up au Bénin ? C’est cool mais c’est fou. Il faut que tu voyages”. Je n’ai même pas envie de dire qu’ils avaient tort. Des fois, je me demande ce que je suis en train de faire ? Comment j’ai fait pour commencer, comment j’ai fait pour tenir jusqu’ici ? Je n’ai pas envie de dire qu’ils ont tort. J’ai envie de dire qu’ils ont parlé parce qu’ils sont dans un milieu qui les pousse à parler comme ça. Et que je suis peut-être l’anomalie. J’ai une perception différente. 

Comment aider un humoriste à percer ?

En partageant ce qu’il fait. Si tu aimes. Il n’y a que ça. Plus tu partages et les gens voient son art, plus il atteint du monde. Percer c’est faire rire beaucoup plus de monde. C’est tout. Et ce n’est pas à moi d’aller chercher tout ce monde. Il faut d’abord conquérir un monde qui va t’amener d’autres mondes. Si tu arrives à toucher 100 personnes et que chacune de ces personnes va chercher 100 autres personnes, tu perces.

Une phrase qu’on t’a dite ou un événement qui t’a encouragé à continuer ?

Tu es drôle. Et le standing ovation au CCC qui m’a encouragé à continuer. Ensuite, il y a les encouragements que les gens qui me suivent m’envoient tout le temps.

Qu’est-ce qui te rend le plus fier dans ton histoire ? 

C’est compliqué. Je ne suis jamais fier. Je suis comme ça, je sais que ce n’est pas bien mais je n’y arrive pas. J’ai de trop grandes ambitions que je considère ne pas avoir atteintes. Je n’ai encore rien fait pour penser que je dois être fier. C’est justement pour cela que je ne voulais pas passer sur Irawo. Je peux faire semblant et dire que ma fierté c’est le Cotonou Comedy Club. Je peux dire que je suis fier d’être le premier à avoir lancé un Comedy Club. Mais ce n’est pas encore assez. On a encore rien fait. On a encore trop de choses à faire. Je pense même que je suis à la traîne parce que la vie est courte. 

Quels sont les échecs qui l’ont jalonnée, qu’en as-tu appris ? 

Ooh… il y a eu beaucoup d’échecs, hein. Echec ! Echec ! ( rires)  Il y en a eu. Mais c’est comme ça, ça doit se passer. C’est comme ça la vie. On a besoin d’expériences pour évoluer. Il y a des scènes que je refuse aujourd’hui parce que je sais que ce n’est pas en rapport avec le stand-up. Mais c’est avec des échecs que j’ai appris ça. C’est avec des échecs que le Cotonou Comedy Club est mieux construit. C’est avec des échecs sur scène que j’ai pu travailler avec des gens et les amener à faire de l’humour.

C’est des échecs permanents avec le stand-up. Quand tu fais une vanne et que tu t’attends à plus d’engouement, le public ne rit pas, tu te demandes ce qui se passe. Il ne faut pas tout le temps rejeter la faute sur le public Béninois. Il ne t’a rien demandé. C’est toi qui veut les faire rire. Donc à toi de te débrouiller pour les faire rire. Tu n’as pas à changer ton style mais c’est à toi de t’adapter pour les faire rentrer dans ton monde.

C’est ça que les échecs m’ont appris : des remises en question permanentes. Quand ça ne rigole pas à tel mais à ceci, que faut-il faire ? Avant de monter sur scène, quelle attitude adopter ? Voilà le genre d’échecs que tu subis quand tu fais un Comedy Club. Il y a une différence entre venir faire une scène de 5 minutes et organiser tout un spectacle. C’est tout une autre affaire. C’est encore plus de travail qu’on ne peut l’imaginer avec la mise en scène, la production, etc.

Étant donné que nous sommes les premiers à faire du Stand-up, on est obligés de se débrouiller seuls en jouant plusieurs rôles à la fois. Et là forcément, on se cogne. Il y a plusieurs difficultés parce que niveau organisationnel au pays, c’est la merde partout. On souffre au niveau du décor, du son. Mais tu apprends tous les jours et tu te perfectionnes.

L’une de tes plus belles scènes ? 

Sans doute au Cotonou Comedy Club. Le premier spectacle de Stand-Up organisé par le Cotonou Comedy Club. Le 04 Août 2017. Le standing Ovation à la fin, c’était magique. J’avais les larmes aux yeux. Je n’avais jamais eu de Standing Ovation.  C’était complètement différent de mes premières scènes, solo. J’ai toujours rêvé d’un Comedy Club. En plus, le public de cette première édition était très réceptif. Ils ont capté presque que toutes les vannes. C’était magique. C’était le premier pas vers l’accomplissement de mes rêves. Un petit pas ; parce que mes rêves sont grands.

Kenneth Yannick à la première édition du Cotonou Comedy Club. Regardez la fin 

Le Cotonou Comedy Club est historique. Comment est née la première scène 100% Stand-Up du Bénin ?


Je faisais des vidéos sur les réseaux sociaux notamment sur Twitter quand j’ai rencontré deux personnes cool et formidables : Jean Morel Morufux et Fadil Romxi avec qui on partageait la même passion pour l’humour, le stand-up. On a tout de suite accroché. 

En ce moment, j’étais en stage au Nord pour mes études d’enseignement. Quand je suis revenu à Cotonou, nous nous sommes rencontrés et on a commencé à traîner ensemble. On était vraiment synchros. On ne parlait que d’humour, on faisait tout le temps des vannes ensemble. Quand les gens nous voyaient, ils se disaient : “ Ceux-là ils sont dans leur monde”. Et c’est là qu’on s’est dit qu’on devait faire un truc ensemble. Et si on créait nous-mêmes une scène ?  J’étais le seul humoriste du groupe. 

C’était fatiguant pour moi d’aller chercher des scènes ou d’attendre que les gens m’appellent pour faire des scènes. Pour faire du stand-up, il faut apprendre la théorie mais il faut aussi la pratique. Il faut t’entraîner, faire des scènes pour gagner en expérience et apprendre de tes erreurs. Ce que je ne faisais pas encore. Il fallait une scène où je pouvais m’exprimer librement. 

A la base, le but n’était même pas de créer un Comedy Club. On s’est juste dit : “On va créer une scène”. On a commencé comme ça. On a cherché le nom : “Cotonou Stand-Up”, “We Stand-up” “We are Stand-Up“, “Koutonou Kônu” ( Cotonou rit, ndlr ). On s’est fait chier à trouver un nom et à la fin, on s’est dit :

  • C’est simple ! C’est à Cotonou, décor café théâtre ? Allez, hop. Cotonou Comedy Club. CCC. Point. Voilà 

On s’est mis ensuite à travailler, à se voir tout le temps, à s’organiser. Il nous fallait réunir des gens. On a découvert qu’il y en avait plein qui avaient l’intention de créer un Comedy Club mais qui ont échoué. Ce qui a fait que nous, on a réussi…? C’est un secret ( Ricanements maléfiques )

On a travaillé pendant plus d’un an et demi juste pour faire un Comedy Club. Nous étions dans l’ombre, personne ne savait. On publiait quelques photos, on mettait CCC. D’abord, on a fait des sondages pour trouver des gens passionnés de stand up qui voulaient faire de l’humour. On a eu des réactions. Ensuite, on a fait une “sorte” de casting. Il y avait ceux qui m’avaient vu sur scène, qui ont kiffé et se sont rapprochés. Il y avait ceux qui aimaient l’humour. C’est comme ça que bizarrement, le Comedy Club s’est formé.

Kenneth Yannick sur une scène du Ⓒ Cotonou Comedy Club

On a fait face à des échecs, comme tout le monde. La première fois qu’on a commencé, c’était en 2016. On s’est cognés violemment parce que nous étions pressés. On a travaillé pendant cinq mois environ. Ça devait être la première édition du Cotonou Comedy Club. Et là, il s’est passé un truc de ouf.  A la dernière répétition, une semaine avant le lancement du Comedy Club, on s’est rendu compte que ça n’allait pas le faire. Personne n’était vraiment prêt. Moi aussi, je venais de commencer. C’était pas trop ça encore. On ne pouvait pas faire un spectacle de l’envergure qu’on voulait. C’est là que Morel m’a dit un truc marrant. Il m’a dit : 

  • Kenneth, là, franchement, on a vu les répétitions. C’est clair, les gars ne sont pas prêts. Je préfère que tu passes seul sur scène. 

J’ai fait : 

  • Quoi ? Non ce n’est pas possible ! Je ne suis pas prêt. 
  • Non, tu te sous-estimes. Tu peux le faire. C’est mieux que tu le fasses seul sur scène mais on ne va pas appeler ça “Comedy Club”. Fais ton spectacle. Parce que ça fait des mois qu’on travaille, on ne va pas laisser ça comme ça. Je sens que tu peux faire un spectacle.
  • Ah bon ? Okay, si tu penses qu’on peut le faire, on va le faire. 

Il fallait maintenant un nom pour le spectacle. J’avais toujours rêvé que mon premier spectacle s’appelle “Kenneth fait son Comic out ! “

Je me suis inspiré du spectacle “Anthony Kavanagh fait son Coming Out”. Mais pour moi, c’était “Comic Out” pour dire “Le premier humoriste Béninois fait son comic-out”.

L’affiche était prête, avec moi dessus. Mais je trouvais ça trop prétentieux. “Je suis qui ? Il me faut plus d’expérience pour faire mon Comic out.”. Quelque part, j’ai toujours ce complexe-là. J’ai désisté.

  • Enlevons ma photo et mon nom. Laissons juste Comic out pour que ce soit plus soft.

J’ai demandé à ce qu’il y ait au moins deux personnes de plus, en tout cas les meilleurs avec qui on avait travaillé; pour qu’ils viennent m’assister sur le spectacle. Et c’est comme ça qu’est né le Comic Out. 

Donc la vérité derrière le Comic Out, c’est que c’était un échec du Comedy Club. Ce que les gens ne savent pas. Ils pensaient que c’était un spectacle. Mais ce qui est dingue, et jusqu’à aujourd’hui je n’en reviens pas, j’ai écrit le Comic Out en une semaine. La semaine avant la date.

On a fait un spectacle d’une heure 15 minutes. 3 humoristes à part moi ont fait 10 minutes chacun. Et j’ai géré tout seul le reste. Environ 40 à 50 minutes de scène. Jusqu’à présent je me demande comment j’ai fait ça. Normalement, les humoristes prennent 1 à 2 ans pour préparer leur spectacle.

En ce moment, moi-même je prépare un spectacle. Je le prépare depuis très longtemps. Même pour un spectacle d’une heure, il faut prendre le temps de le faire. Mais j’avais réussi à préparer un spectacle de 50 minutes en une semaine. Je ne sais pas si c’était l’adrénaline ou les circonstances. Mais on l’a fait. 

Après ça, on s’est vraiment concentrés sur le Cotonou Comedy Club. Cette fois-ci, on s’est calmés. On s’est posés.

  • Plus d’échecs comme le Comic Out. On fait un vrai spectacle d’humour.

On a essayé de recruter des humoristes, plus prédisposés que les autres à faire de l’humour. On a bien filtré les recherches. Et là le 4 Août 2017, la première scène de stand-up au Bénin est née. Le Cotonou Comedy Club. 

Comment avez-vous financé ? Comment ça s’est passé ? 

Aucun financement. Jusqu’à aujourd’hui c’est magique mais on fait nos spectacles sans sponsors. Tout vient de nos propres poches et de celles du public. On n’est pas des gosses de riches. C’est avec nos maigres moyens et par passion qu’on le fait. C’est complètement de l’entraide. Ce que les gens trouvent incroyable, nous on le fait spontanément.

Même quand Rfi m’a interrogé, ils n’en revenaient pas quand on leur a expliqué qu’on avait aucun sponsor. Notre technique, c’est la pré-vente et c’est cet argent qu’on utilise pour faire les spectacles. Et aussi de l’argent de notre propre poche. On reste prudents, on n’utilise pas tout de suite l’argent de la pré-vente. C’est la hess, c’est le hustle. C’est chiant mais le plaisir qu’on ressent sur la scène efface tout.  On crève de faim pour faire rire les gens.

Quel a été l’impact du CCC ? 

Dèjà, sur nous-mêmes, le CCC a créé une atmosphère de dingue, une nouvelle famille. Quand on va aux répétitions, on travaille mais on rigole. Beaucoup aimeraient être à notre place. Avant, on ne se rendait pas compte de la chance qu’on avait, de ce qu’on avait créé. Je suis ( un petit peu) fier de ça. De nous retrouver Morel, Fadil et moi, à rigoler du début à la fin. Il y a de la rigueur, on s’applique, on a nos petits problèmes comme tous les groupes mais on se soude. Maintenant sur les autres. 

Avec le CCC, les Béninois ont maintenant quelque chose pour se divertir. Le monde du divertissement ici est nul. Il n’y a rien. L’argent que les gens dépensent en boîte, c’est trop. Mais quand tu demandes à quelqu’un qui n’est jamais venu au CCC de payer un ticket, il va douter. Payer de l’argent sans avoir la garantie qu’il va rigoler, il va “bugguer”. Si c’est pour aller au Code Bar se bourrer la gueule, faire n’importe quoi, se foutre en l’air, il va dépenser des dizaines de mille. 

Mais ceux qui nous ont découvert ne nous ont plus lâchés. Il y avait des gens réticents sur les réseaux sociaux, qui disaient que 5000 F c’est cher pour un spectacle. Ils sont quand même venus et sont devenus nos plus grands fans maintenant. Après le spectacle, on a entendu des choses fantastiques. “5000 c’est peu pour ce que vous nous avez fait”.

Les gens préfèrent venir au Cotonou Comedy Club, rigoler, kiffer et manger au lieu d’aller dépenser leur argent en boîte et dans les trucs chelous. Il y a même des gens qui y viennent pour pécho. Nous on est sur scène, on fait rigoler la meuf et lui, il la ramène.

Kenneth, qu’est-ce qui maintient ta flamme allumée au dedans de toi ? 

J’aime ce que je fais. Si j’étais payé, logiquement j’allais dire l’argent. Mais il n’y a rien qui m’oblige à le faire. C’est parce que j’ai des rêves que je suis persévérant. Je ne veux pas les abandonner. Je veux voir mes rêves se réaliser. Il y a une citation que j’adore, je ne sais plus de qui elle est. La citation dit : “Je veux voir ce qui va se passer si je n’abandonne pas”. Ça veut absolument tout dire. Je vois ça comme une forme de curiosité.

Abandonner c’est facile. Il suffit de le faire et je vis le reste de ma vie en professeur de sport. Le fait d’abandonner apporte quelque chose de prévisible. Mais si je n’abandonne pas ? Je ne sais pas ce qui va se passer et je suis curieux de le découvrir.

Je tiens à voir tout ce qui va arriver si je réalise mes rêves. Je n’ai pas intérêt à abandonner. Il faut que je le fasse. En fait, j’ai le devoir de le faire parce que j’aime ça et parce que je me sens bien quand je le fais. Ça va servir à quoi d’abandonner ? Rien. Même si je n’ai pas le soutien, je continuerai. C’est ça qui maintient ma flamme.

Fin de la première partie.


Arc 2 : Le roi des humoristes, ce sera lui

Nous de l’extérieur, on voit son talent et tout ce qu’il a déjà accompli mais pour lui ce n’est pas assez. Il pense qu’il n’a pas fait la moitié de ce qu’il devrait faire pour mériter le titre d’Irawo.

S’il y a des gens qui pensent comme lui qu’ils ne méritent pas encore une certaine reconnaissance, on peut leur dire : « Eh voilà. Regardez Kenneth au chapeau de paille. Lui non plus pense qu’il n’a encore rien fait. Mais Irawo sait ce qu’il a accompli, le lui montre et vous le montre également »

Anna Mélodie, reporter pour Irawo

Kenneth, c’est plus qu’une sensation du moment. C’est une vraie identité que Irawo fait découvrir. Un stimulant (Une petite allusion à défoncé.) Bref, plus qu’une histoire,  plus qu’un modèle,  plus qu’un Irawo, Kenneth Yannick est une révélation. Tu peux lire un bout de toi en lui. En ses rires mais aussi en son vécu si fort. Sans le savoir, son histoire te fait découvrir quelque chose sur ta propre personne.

Kenneth est désormais mon Irawo préféré. Je ne pense pas, pour le moment, que quelqu’un puisse le détrôner dans mon esprit.

Mauriac Jude, IRAWO HUNTER 


Pourquoi le Blédard du 229 ?

Le Bledard du 229, c’est le Youtuber. Il n’a rien à avoir avec Kenneth. La plupart des amis que j’avais en 2013, ceux à qui je montrais mes vidéos, voyageaient. Tout le monde partait faire ses études et moi, je me perdais par manque de moyens. Bref. C’est donc venu tout simplement, juste comme ça. Le pseudo que j’avais au début, c’était un Blédard. J’étais avec un pote, Aristide et je lui ai demandé :

  • Et si j’appelais ma page, Un Blédard ? C’est cool, un Blédard.
  • Ouais, pourquoi pas, m’a t-il répondu

C’est ainsi qu’Un Blédard faisait des vines. Un Blédard faisait des vidéos. Puis un Blédard a mûri. Un Blédard a eu une longue pause de 6 mois. Un Blédard est revenu, a commencé à faire des podcasts. Mon premier podcast c’était en 2015. C’est à partir de ce podcast qu’un Blédard est devenu le Blédard du 229.

Maintenant, je mets Kenneth Yannick sur ma page Facebook et Le Bledard du 229 sur mes vidéos parce que je tiens à différencier les deux personnages. Le gars qui fait des vidéos est plus dans un délire où il essaie d’apporter une différence. Mais Kenneth, il fait du Stand-up. Le Blédard du 229 pourrait faire du stand-up…mais sur Youtube. Tant que je fais rire les gens, tout ce qui se rapproche à l’humour, je le ferai.

Avec Youtube et Facebook, tu t’es créé une scène virtuelle. Comment y réagissent les gens ?

C’est compliqué. Mylène Flicka est l’une des première à m’avoir vraiment découvert, en 2015. Je suis l’un des plus vieux Youtubers-vineurs du Bénin. Je suis vraiment convaincu que j’étais le tout premier à faire des vines, en 2013. Je ne voyais personne le faire et j’avais honte de les publier. Je ne partageais qu’à mes amis qui m’ont poussé à me lancer en 2014. Ils m’ont dit : “Va sur Youtube, sur Facebook montrer à plus de monde”. Quand j’ai commencé à publier sur ma chaine youtube, personne ne voulait les faire avec moi.

Les vineurs d’aujourd’hui ont trop de chance. Avant, c’était les catacombes. Tu ne pouvais faire des vidéos avec personne. Quand t’appelais quelqu’un pour en faire, il allait te sortir “Non, je ne veux pas que mon papa me voit sur Facebook en train de faire des trucs”. C’était cette mentalité que les gens avaient. Aujourd’hui, je suis choqué que les gens se soient autant adaptés.

Tout le monde fait des vidéos maintenant. Mais à l’époque, pourquoi ils ne voulaient pas ? Ils étaient rares. Ensuite, les gens ne comprenaient pas les Vines. Ils pensaient que je faisais de l’humour classique. Pourquoi tes vidéos ne font que 6 secondes ? Je devais répondre à ce type de commentaires. C’est des vines ! Un vine c’est 6 secondes et avec l’application. Si tu fais plus de 6 secondes, ce n’est plus un vine.

Aujourd’hui, il y a une inflation. Ce n’est plus pareil et c’est compliqué. Le type d’humour que je fais sur Youtube et Facebook est très technique. Le style est particulier. Je fais des jeux de mots, sans ridicule. À cause de ce style qui n’est pas reconnu par tous, ça ne marche pas forcément comme je le veux. Je fais peut-être 10 000 vues, 2000, 5000 ( Depuis le temps de l’interview, Kenneth fait désormais plus de 300 000 vues par vidéo, ndlr )  mais tout le monde ne comprend pas ce style.

Et c’est difficile quand tu te rappelles que tu as commencé avant tout le monde et que ceux qui ont commencé juste après toi, font des choses basiques ou ridicules, ont plus d’abonnés ou plus de vues que toi. Même si tu ne t’attardes pas sur les vues, à un moment, ça frappe un peu et ça te pousse à te remettre en question. Mais après, il y a quand même des gens qui me soutiennent et qui kiffent. Tant que ces gens sont là, on continue.

Jongler entre des élèves et des spectateurs, comment tu y arrives et c’est qui ton meilleur public ?

C’est extrêmement difficile. Contrairement à ce que les gens pensent le monde de l’enseignement n’est pas facile, surtout au Bénin. Tu as d’énormes responsabilités. Tu dois instruire et aussi éduquer. C’est pas pareil. Donc quand tu es là-bas, tu prends un autre visage. Prof Kenneth c’est un autre Kenneth. Il m’arrive de faire des vannes parce que je ne peux pas m’en empêcher.

Mais à l’école, t’es censé être un professeur. Tu as une ligne de conduite à respecter et c’est d’ailleurs pour cela que je n’aime pas vraiment le métier d’enseignant dans l’enseignement général. Si tu me demandes d’enseigner de l’humour, je serai à 100% d’accord. C’est l’un de mes rêves, créer une école d’humour au Bénin.

Je ne peux pas faire quelque chose que je n’aime pas. Je n’aime pas être prof d’enseignement secondaire mais c’est ce qui me nourrit, me permet d’aider ma famille et tout ça. Si je pouvais ne pas le faire, je ne le ferais pas. Je me concentrerais à 100% sur l’humour. (Depuis le temps de l’interview, Kenneth a définitivement mis fin à son activité de professeur pour se consacrer à l’humour, ndlr).

J’avoue qu’affronter des élèves m’a aidé dans le stand-up. Je suis jeune et il m’arrive très souvent d’avoir des classes de 1ère, Terminale où les élèves sont beaucoup plus grands que toi et à qui tu dois enseigner des choses. Aujourd’hui, quel que soit le public, je monte sur scène et je le fais. Je suis à l’aise.

Quelle est ta réaction par rapport au soutien du public béninois sur les réseaux sociaux ?

En vérité, il s’agit d’un problème complexe dont les Béninois ne veulent pas se rendre compte. Comment expliquer ? Il y a un problème qui est réel. C’est le problème du soutien des Béninois par rapport à l’art qui se fait chez nous. Ce n’est pas seulement par rapport à l’humour. C’est partout. Mais les gens ne veulent pas avouer qu’il y a un problème.

Ce n’est pas à nous de nous plaindre de cela. Autant je suis contre ceux qui disent que ce sont les artistes qui ne sont pas assez bons autant je suis contre les artistes qui s’en plaignent tout le temps. Les gens qui ne te soutiennent pas, tu ne peux rien leur faire. Tu vas faire quoi ? Tu vas les obliger à te soutenir ? À partager tes vidéos ? Non. Ils n’en ont rien à foutre.

L’artiste doit bosser. C’est tout ce qu’il a à faire. Ce que tu fais ce n’est pas pour chercher du soutien. On ne peut pas continuer à se plaindre que les Béninois ne soutiennent pas. Il y a une réalité. Il y en a beaucoup qui sont mesquins. Et on est tentés de dire que c’est la majorité.

Ceux qui m’ont dit que je n’allais pas réussir, quand ils m’ont vu au Parlement du rire, sont revenus après me dire en face ou par message comme si de rien n’était : “Ce gars-là, c’est un génie. J’ai toujours pensé qu’il allait y arriver. En si peu de temps, il a réussi à le faire. Une scène internationale, il lui fallait du travail et toussa.”

C’est incroyable quand tu entends ce genre de truc, tu es bouche bée. WTF ? Cette même personne qui a dit que tu n’allais jamais réussir, pourquoi il a fallu cette reconnaissance extérieure pour qu’il change d’avis ? Pourquoi il a fallu qu’un autre pays l’appelle pour que toi tu reconnaisses le talent d’un de tes compatriotes ? C’est là le vrai problème.

Il y a d’autres qui vont venir sur ta page, chaque jour, regarder tes vidéos voire te dire qu’elles sont cool mais qui ne les partageront jamais, ne poseront jamais un like. Ils vont kiffer mais en cachette juste parce que tu es quelqu’un qu’ils connaissent, qu’ils côtoient, avec qui ils ont fait l’école, qui était dans le même quartier qu’eux. Il y a beaucoup de raisons. D’abord, au Bénin, la connexion internet est problématique. Il y a beaucoup de Béninois qui ne sont pas sur internet. Ensuite, cet orgueil Béninois qui est une réalité. Il ne faut pas le nier. Il ne faut pas fuir le problème.

Vous ne pouvez pas résoudre un problème quand vous ne reconnaissez pas qu’il existe. Ça fait 5 ans que je suis sur Youtube et je n’ai que de 200 abonnés ( Depuis l’interview, sa chaine Youtube a plus de 1000 abonnés, ndlr) . Je suis bien placé pour m’en plaindre mais je ne le ferai pas. C’est la première fois que je parle vraiment de ce sujet. J’ai toujours vécu cette injustice mais je ne m’en plains pas.

Vous ne pouvez pas résoudre un problème quand vous ne reconnaissez pas qu’il existe. Kenneth Yannick Cliquez pour tweeter

Pourquoi les Béninois qui voyagent dans d’autres pays d’Afrique se plaignent tout le temps du soutien des Béninois ? Pourquoi ils ne reviennent pas ? Pourquoi ceux qui sont à l’extérieur mais qui ne font pas le quart de ce qu’on fait comme travail ont plus d’abonnés que nous ? Nous qui sommes au Bénin, on travaille tous les jours, de façon acharnée mais on nous dit que c’est parce qu’on ne travaille pas plus. Pourquoi dès qu’on voyage, le discours change ? C’est ça les questions qu’il faut se poser.

Je suis aussi contre les artistes qui s’en plaignent. Ferme ta gueule et va travailler. Tant que tu n’as pas ce soutien-là, considère que c’est parce que tu ne travailles pas assez. Le travail paie toujours. On sait que c’est comme ça, on fait avec. C’est à toi de te battre et de changer les choses.

Si les Béninois attendent la reconnaissance extérieure pour te soutenir, recherche la reconnaissance extérieure. Mais ce qu’un artiste fait est compliqué. Il ne le fait pas pour plaire mais pour que son art plaise. Tu dois le faire pour toi parce que ça te fait plaisir de faire plaisir aux autres. Le reste vient après.

Mais si tu publies quelque chose, c’est parce que tu attends des réactions sinon tu l’aurais regardé avec tes potes ou seul dans ton lit. Tu attends que les gens reconnaissent ton travail avec des commentaires, avec des partages et des j’aimes. Ce qui est difficile au Bénin justement parce qu’il y a ce problème. Mais tu n’as pas à cracher tout le temps. Travaille, gagne cette reconnaissance et ils vont te respecter. Quand ce sera le cas, là tu pourras parler. Je ne suis pas en mesure de le faire pour l’instant. Un jour, les Béninois vont changer. C’est à nous de travailler pour cela.

Un jour, les Béninois vont changer. C’est à nous de travailler pour cela. #KennethDoitPercer Cliquez pour tweeter

Je sais que ce que je dis est délicat. Dire cela à un artiste qui s’échine, fait des nuits blanches mais à cause de la mesquinerie, on ne reconnaît pas son talent, c’est chaud. Mais en même temps, c’est relatif. Il y a des gens qui ne travaillent pas assez et qui attendent ce soutien là. On ne va pas partager ta vidéo si c’est nul. Il y a aussi ceux qui travaillent beaucoup et qui font de bons contenus mais qui sont touchés. Pour clore le débat, continue de travailler. C’est vrai que c’est plus dur mais ça va payer. Je reconnais qu’il y a un problème mais je n’ai pas à m’arrêter sur cela.

T’est-il arrivé d’avoir des regrets depuis que tu as commencé ?

Oui, plusieurs fois. On ne va pas se mentir, faire le Gars idéal, parfait. C’est du pipeau que pour les films et magazines de CEO. Bien-sûr que j’ai regretté. Il m’arrive toujours de le faire. Parce que les conditions dans le pays par rapport à l’art ne sont pas vraiment bonnes. Les artistes ne sont pas récompensés. Ce n’est que récemment que j’ai appris que les artistes devraient recevoir un truc par mois. C’est un truc de malade.

Quand les rapeurs français parlent de SACEM, il s’agit d’une structure bien organisée où tu t’enregistres quand tu es artiste. Au Bénin, il y a une structure pour les artistes qui est censée faire ça et qui reçoit les financements pour. Mais Askip, l’argent disparaît à chaque fois. C’est incroyable. Je ne savais pas. Je tombais des nues. Depuis que j’ai appris cela, quand je sors dans la rue j’ai envie de demander :

  • Hey gars, t’es au courant qu’il y a une structure qui doit récompenser les artistes mais ne le fait pas ? Et toi tu marches comme ça, tranquille dans ta vie ? T’es sérieux là ?
Kenneth Yannick by Cheero Keed, for IRAWO TALENTS
L’humoriste au chapeau de paille, by Cheero Keed

Pour moi c’est inimaginable. Pourtant, il y a plein d’artistes dans ce pays qui font des trucs de ouf. Ce n’est pas quelque chose à négliger. Ce que la musique ou l’art fait aux gens c’est inestimable. Personne ne soulève le problème. Nos médias au Bénin ne sont que politiques. Le pays n’est pas disposé pour l’art. Être artiste au Bénin c’est suicidaire.

Il m’arrive donc de regretter de faire des nuits blanches sur des vidéos que les gens ne captent pas forcément ou ne partagent pas vraiment beaucoup; de faire des scènes que les gens ne comprennent pas. Il m’arrive d’organiser de grands spectacles, de faire des guichets fermés et d’avoir toujours des problèmes pour payer mon loyer. Ça arrive. Mais tant que tu aimes ce que tu fais, les regrets c’est quelques secondes.

T’est-il arrivé d’avoir peur de lasser le public ?

Plus tu évolues, plus la peur du public disparaît pour laisser place à la peur de ne pas être à la hauteur. La peur de rater ton texte. C’est à toi de travailler aux répétitions pour savoir quelle partie de ton texte est susceptible de lasser le public.

Quelles ont été les preuves qui ont fait accepter à tes proches ta passion ?

Les guichets fermés. C’est tout. On n’a qu’à se dire la vérité. C’est les guichets fermés. Dès qu’ils entendent les tickets sont terminés, ils se disent “Ahh donc ça marche !”.

De quelles formes de soutien as-tu bénéficié ?

Très grand soutien moral de ma grande sœur, de ma copine et de quelques amis. Ils ne sont pas beaucoup hein, mais certains croyaient en moi depuis le début et d’autres ont fini par le faire aussi. Pour eux, je devais aller loin. Il y a aussi Mylène Flicka, elle a un flair indéniable. Depuis 2015, elle avait déjà écrit un article sur moi alors que je n’avais encore rien fait. Je faisais quelques vidéos là mais elle avait déjà écrit.

Il nous arrive tous de vouloir laisser tomber, parce qu’on sature, que c’est trop. Et toi, comment te sens-tu dans ces moments ? Comment t’en sors-tu ?

Je regarde Gad Elmaleh, Papa est en Haut. Ceux qui me suivent sur Snapchat le remarquent souvent. Je mets “Retour aux Sources” mais ils ne savent pas pourquoi. Quand ça va mal, je vais suivre les premiers spectacles qui m’ont donné envie de faire de l’humour. Ou encore, je me promène, je pense à la nature, à la vie, à ce qui se passerait si je meurs demain.  ( Il se met à chanter )

Quel est ton style d’humour? Quelles sont tes techniques pour faire rire le public ?

J’utilise beaucoup l’humour de situation, d’observation et les jeux de mots. L’humour par l’absurde est devenu mon type d’humour préféré. C’est beaucoup plus intelligent comme humour et plus difficile à travailler. C’est vraiment un challenge pour moi et j’adore les défis !

Quand on veut s’en sortir, quelles sont les 3 choses à ne pas faire selon toi ?

De un : Rejeter les critiques. C’est très grave. Tu ne peux pas avancer si tu rejettes les critiques. Tu dois les accepter même quand elles ne sont pas pas constructives. Le gars qui fait “C’est de la merde” sous ta vidéo, tu as réussi à l’amener à commenter. C’est un exploit que les gens sous-estiment. Jusqu’à ce qu’il prenne son smartphone et tape avec ses doigts “C’est nul”, il a quand même pris du temps à commenter ta vidéo. Tu l’as marqué. La vérité c’est que celui qui n’aime vraiment pas ta vidéo, il zappe.

Il ne faut jamais penser que tu as tout. Il y a toujours quelque chose à corriger. Aucun travail n’est parfait pour moi. Il faut travailler pour atteindre cette perfection. Quelqu’un d’insignifiant peut t’apprendre quelque chose d’insignifiant qui va t’aider à réaliser quelque chose de grand. Rien n’est jamais totalement bien et on n’arrive jamais à faire ce qu’on a prévu exactement. Fais juste du mieux que tu peux et mieux qu’avant. Quand on regarde mes vidéos, il y a toujours quelque chose de plus; un effort supplémentaire. Je fais toujours en sorte que la vidéo qui suit soit meilleure que la précédente.

Quelqu’un d’insignifiant peut t’apprendre quelque chose d’insignifiant qui va t’aider à réaliser quelque chose de grand. Kenneth Yannick Cliquez pour tweeter

Il ne faut jamais tromper sa meuf. ( Rires )

Troisième chose : Ne cherche pas à satisfaire tout le monde. On ne fait jamais l’unanimité.

Et les choses à faire ?

Travailler. Ne jamais abandonner. Le travail paie toujours. Même si ce n’est pas maintenant, le travail finit toujours par payer. Je ne fais que le répéter. Je saoule tout le monde avec. Et bien que je sois le genre de personne qui travaille toujours seule, il faut apprendre à s’entourer des bonnes personnes. On finit toujours par être déçu quand on compte sur les mauvaises personnes. Si tu arrives à trouver des gens dans la même optique que toi, ça marche. On ne peut pas tout faire seul mais il ne faut pas trop compter sur les gens.

Quand tu pense au Kenneth d’il y a 5 ans…Si tu devais lui envoyer un message, que lui dirais-tu ?

Il y a 5 ans, je commençais. Je ne veux rien changer à la vie du Kenneth d’il y a 5 ans. Je ne veux pas lui dire un truc qui va le troubler, à part : “Continue. Et surtout fais attention le 8 Août 2016, ne sors pas de chez toi. Tu vas faire un accident, enfoiré !” ( rires ) Voilà c’est tout. Je lui dirai “Continue c’est tout. Tout se passe très bien dans le futur. Il y a Talon qui nous affame mais bon on garde la pêche”.

Crois-tu en ton étoile ?

Les gens ne croyaient pas en moi. Si je ne crois pas en moi, qui va croire en moi ? Je n’ai pas le choix. Crois en toi d’abord, les autres vont venir après. On fait comme on peut. Ça me rappelle un dialogue dans le manga Gurren Lagan :

  • Aniki, je n’ai pas confiance. Je ne vais pas y arriver.
  • Stop Simon ! Je sais que tu ne crois pas en toi mais est-ce que tu crois en moi ?
  • Oui, je crois en toi
  • Alors, crois en moi qui crois en toi.

Je n’ai trouvé personne pour croire en moi. Donc, j’ai commencé par moi-même.

Je n’ai trouvé personne pour croire en moi. Donc, j’ai commencé par moi-même. Cliquez pour tweeter

Imagine, dans 5 ans…

Dans 5 ans, le Cotonou Comedy Club est la plus grand scène de stand-up. On a fait des tournées partout, en Afrique et dans le monde. On a fait du Comic Out, un grand spectacle d’humour comme le Marrakech du Rire. Les gens quitteront leurs pays pour venir rire au Bénin. Et moi, je me vois en train de faire des tournées partout. Parce que je veux conquérir le monde.

Parce que je veux conquérir le monde. @lebledardu229 #KennethDoitPercer Cliquez pour tweeter

Quels sont tes thèmes de prédilection ?

Quand j’étais au début, je sombrais dans la facilité. Qu’est-ce que j’appelle la facilité ? Les femmes, le sexe. Ce dont parle tout le monde maintenant ça m’horripile parce que je suis très anti-conformiste. J’avais l’impression de faire comme tout le monde.

Je fais des vidéos sur des scotchs et des cannettes maintenant. Faire une vidéo sur une cannette est beaucoup plus intéressant que les débats inutiles qui ne font rien avancer. Au moins quand je fais une vidéo sur un scotch, je parle de ce que les gens ressentent quand ils n’arrivent pas à trouver le bout du rouleau. C’est des choses qui arrivent. Quand je fais de l’humour dessus, je me sens beaucoup plus épanoui.

C’est plus facile de faire de l’humour pour insulter les Noirs ou se moquer des Noirs. Mais c’est plus compliqué de faire de l’humour sur ceux qui se moquent des Noirs.

C’est plus facile d’écrire sur les femmes, faire des blagues sexistes, des blagues complètement dégueulasses, sales, sur le sexe. Mais c’est plus compliqué de faire le contraire. C’est ça en fait le challenge. Et c’est ça qui permet à un humoriste de se démarquer. Tu écris sur des sujets plutôt tranquilles de la vie de tous les jours avec un style complètement différent.

Donc en gros, c’est ça mon thème de prédilection. J’écris sur tout ce qui m’entoure. J’écris sur absolument tout mais j’essaye d’être différent de ce que fait la masse.

Qu’est-ce que tu aurais aimé savoir avant de te lancer ?

Que le monde du showbiz est sale. C’est n’importe quoi. Un monde impitoyable, le showbiz africain. Si je savais ça avant de me lancer, je ne serais pas tombé d’aussi haut quand j’ai appris certaines choses. Je ne serais même pas allé au Parlement du rire, par exemple. Je me serais protégé beaucoup plus contre certaines choses. J’aurais su que tout le monde n’est pas là comme moi pour la passion. Il y en a beaucoup qui sont là pour l’argent. Tout le monde n’est pas tranquille ni free. Il faut se méfier des gens, même dans l’humour.

Gagnes-tu ta vie en tant qu’humoriste ?

Non  … pas encore. Mais je sais qu’un jour ça viendra.

Comment un humoriste rentabilise son art ?

Avec des spectacles, avec des sponsors, avec des  partenaires, en étant influenceur pour des marques. C’est tout. C’est comme ça. Les spectacles, les entrées, les recettes et surtout les marques. C’est surtout ça. Publicités et marques, c’est ça en fait aujourd’hui.

Dis-nous, comment t’es tu retrouvé au Parlement du rire ?

Je n’ai pas déposé de candidature au parlement du rire. Un jour, j’ai été contacté par Claxik Media qui m’a demandé des sketchs écrits et des vidéos de mes scènes. Je ne savais même pas pourquoi. J’ai naturellement envoyé. Quelques mois plus tôt, j’avais participé à un événement de Claxik Media, Comic Session où j’avais présenté un stand-up.

Donc, ils me connaissaient. Keboh Okioh, qui dirige Claxik Media, m’a ensuite expliqué que le Parlement du rire, une émission qui regroupe les humoristes africains, recherchait un humoriste du Bénin. Et ils m’ont choisi, moi. Claxik était l’intermédiaire. Claxik Media m’a booké en quelque sorte. C’est grâce à eux que j’ai réussi à y aller.

Comment t’es-tu senti, Kenneth Yannick ?

Je n’étais pas si emballé que ça mais j’étais content. C’était une étape, une marche à franchir pour pouvoir évoluer. Je compare souvent mon parcours à One Piece. Ceux qui sont fans vont connaitre les références. Pour moi c’était un peu comme quitter East Blue, mon petit Cotonou et aller sur la prochaine île. Mais c’était quand même un grand pas. J’étais fier d’être le premier humoriste Béninois à pouvoir franchir ce cap. Si jusqu’à maintenant personne n’a pu le faire et que moi j’y arrive, c’est qu’il y a un truc. Quand même…

En même temps, je ne peux pas dire que j’avais cette pression là parce que j’étais le premier à représenter mon pays là bas. Ce que j’allais faire, ce que j’allais présenter, mon attitude, mon comportement, mon art, la qualité de ce que j’allais présenter allaient influencer le résultat. C’est comme ça que je suis parti en Côte d’Ivoire. J’ai rencontré plein de gens, venus de partout. C’était une belle expérience humaine parce que j’ai rencontré des gens que j’avais l’habitude de voir à la télé, sur internet; des grands Youtubers, des grands comédiens, Gohou, Mamane…

Ça m’a fait super plaisir parce que c’était pour la première fois que je me sentais vraiment dans un groupe de personnes qui partageaient ( presque ) la même vision des choses que moi. Ici, je suis le premier qui a fait ci ou ça, stand-up, Comedy club bla-bla-bla. Mais c’est bien de se retrouver dans un milieu où les gens sont déjà dedans. A Cotonou, j’étais le petit poisson rouge dans un bocal. Comment t’expliquer ? Là bas, le poisson rouge était dans un lac avec d’autres poissons rouges. Mais les autres  poissons ne sont pas forcément sur la même longueur d’onde que le nouveau poisson rouge. Ils restent quand même des poissons rouges (rires ) C’est con, hein.

Quelles sont les leçons que tu as retenu du Parlement du rire ?

J’ai rencontré des gens formidables et d’autres moins formidables. C’est comme ça partout. Quand on a fait les répétitions, j’ai compris immédiatement une chose. Le poisson rouge s’est vite rendu compte que même les autres poissons rouges sont différents de lui. Il était un poisson rouge avec des tâches multicolores.

Qu’est-ce que ça veut dire ? J’ai réalisé aux répétitions que j’avais un style encore plus différent de celui des autres. Je ne sais pas si c’était bien ou mal, mais je me suis vite rendu compte que j’avais un style beaucoup plus occidental. Ça peut être mauvais. Quand tu veux faire rire des gens qui ne t’ont rien demandé, à toi de te débrouiller pour les faire rire.

C’est la première difficulté que j’ai rencontré. J’avais peur que mon style ne soit pas assez adapté au public ivoirien qui serait là. Les gens m’ont rassuré. Ils m’ont dit :

  • Il faut savoir que tu fais une émission et c’est le monde entier qui te regarde. Tu n’as pas à te préoccuper de ceux qui sont là.”

Tu fais juste ton sketch pour le monde entier.

Ça m’a remis en confiance. J’ai fait mes sketchs qui ont bien marché. Tous les humoristes étaient revenus me voir.

Waoh, toi tu as un style  très occidental. On te mettrait devant une scène de Blancs, tu les ferais mourir de rire.

Au début quand j’étais arrivé, c’était plutôt des :

  • Hey, on ne savait pas qu’il y avait des humoristes qui faisaient du stand up au Bénin. C’est une surprise. On sait que les Béninois ce n’est que le Vodoun.

C’est vrai que j’étais fier d’entendre ça mais j’étais aussi déçu de voir que pendant tout ce temps le Bénin ait eu cette image-là en termes d’humour. J’étais aussi fier de montrer que nous les Béninois, on a de l’humour intellectuel, travaillé et qu’on pouvait faire du stand-up. En réalité, c’est ça l’objectif. Ça c’est important.

Donc, on a fait les répétions, les sketchs et on a tout filmé. J’ai fait mon émission et je suis rentré au Bénin. J’ai eu de nouveaux contacts, on s’est bien amusés, on a rigolé. Pour ce qui s’est passé à mon retour…

J’ai compris que dans le monde du showbiz, il faut différencier passion et Show Business. C’est quelque chose que je ne savais pas avant d’y aller. Ça m’a fait mal de ne pas l’avoir su avant d’y aller. Ça m’aurait permis d’encaisser certaines choses qui se sont passées après le Parlement du rire. Parce que ça n’a pas été que positif. Il y a des choses dont je ne parlerai pas, que je ne mentionnerai pas du tout.

Mais si je savais, j’aurais pris mes précautions et j’aurais fait plus attention à ce qu’on me disait. Ça m’a permis d’apprendre que derrière le sourire des gens, il y a des loups déguisés en agneaux. Il faut faire attention. C’est vrai, tu es passionné, tu veux faire rire mais tout le monde n’est pas forcément sur la même longueur d’onde. Le show business c’est beaucoup plus dur que ça. Il faut avoir un mental solide pour supporter. J’ai retenu que les gens voudront toujours te casser les jambes, te casser les pieds.

J’ai aussi compris que plus ils voudront te casser les pieds, plus ça montrera à quel point tu es bon et que tu es sur la bonne voie. Ils n’essaieront jamais de t’arrêter si tu es mauvais. Quand les gens essaient de te tacler tout le temps, ça veut dire que tu as un truc qu’ils ne veulent pas que tu développes. Voici les leçons que j’ai tirées.

Donc, quoiqu’il arrive, quoi que les gens disent, il faut avoir confiance en toi, en ce que tu aimes faire car c’est le seul truc vrai que tu as. Tu ne peux pas être sûr que les gens sont vrais mais tu peux être sûr que ta passion, elle au moins, elle est vraie.

Tu ne peux pas être sûr que les gens sont vrais mais tu peux être sûr que ta passion, elle au moins, elle est vraie. Kenneth Yannick Cliquez pour tweeter

Pourquoi l’humoriste au chapeau de Paille ?

Mugiwara no Kenneth. Parce que je suis un grand fan de manga mais genre très grand fan, puriste même, puriste puriste à fond ; Otaku, vrai vrai fan de manga depuis la base jusqu’à aujourd’hui. One Piece, meilleur manga du monde numéro un mondial. We aaaare One pieeeeece.

C’est parce que je suis fan du manga One Piece que je considère être la plus grande œuvre écrite jamais réalisée. (Il se met à hurler) La plus grande œuvre écrite ! La plus grande œuvre écrite ! One Piece à jamais ! One, two three ! Viva One Piece !

( finit par se calmer )

Je suis fan de One Piece donc fan de Luffy au chapeau de paille, de son parcours. Je me compare très souvent à lui parce qu’il y a beaucoup de choses similaires et tout ; quitter East Blue pour devenir le roi des pirates.

L’humoriste au chapeau de paille c’est venu tout récemment. C’est une amie très chère à moi que j’aime beaucoup. Je l’ai rencontrée sur twitter, elle était fan de mes vidéos et tout ça.

Un jour, on m’a appelé et on m’a dit qu’il y avait une surprise de quelqu’un. Et je te jure j’étais très surpris. Je suis allé et là qu’est-ce-que je vois ? Le chapeau de paille ! Quelqu’un qui a eu le temps de m’observer, observer mes tweets pour savoir que je suis vraiment fan de One Piece et que c’est ce qui me ferait vraiment plaisir. Et elle me l’a envoyé.

C’est quelque chose dont j’ai toujours rêvé : porter un chapeau de paille. Chapeau de paille qui me permettra de TRANSPERCER LES CIEUX et de devenir le roi des bla-bla-bla … À suivre.

Dans notre pays, il n’y a pas de boutique, les gens ne sont pas vraiment ouverts à la culture Otaku, aux Mangas et tout ça et je ne pouvais pas m’en procurer. Et qu’elle me l’offre comme ça  m’a vraiment fait plaisir et naturellement je l’ai porté et je le porte toujours. C’est ainsi que je suis devenu l’humoriste au chapeau de paille.

Tu ne serais pas un peu à la recherche du One Piece, toi aussi ?

Je vois déjà le titre d’Irawo. Avec vos titres terribles-là ( rires ). À la recherche du One Piece, l’humoriste inébranlable avec son chapeau de Paille [Rires ]. Et personne ne sera de taille. [Rires]

Donc Ouais Ouais, Le One piece ! Pourquoi pas ? Je cherche le One Piece.

Quels conseils pourrais-tu donner à un jeune qui veut se lancer dans l’humour ?

Il n’y a pas le Djê ( L’argent, ndlr ) ! Ne viens pas ! Si tu es passionné, tu viens. Mais si c’est pour l’argent, ne viens pas. Je ne suis pas doué pour les conseils. Une jeune qui veut rentrer dans l’humour, je lui dirai : Fais ce que tu aimes. Peu importe tout ce que les gens diront de toi et sur toi. Fais juste ce que tu aimes et as envie de faire. Prends le temps de les écouter.  Les écouter ne veut pas dire que tu dois faire ce qu’ils te demandent de faire. Prends le temps de les écouter. Écoute ce qu’ils te disent de bon, ce qui va te servir. Jette ce qui est mauvais. Persévère, n’abandonne jamais et tout ton travail finira toujours par payer ; parce que le travail paye toujours.

Quelle peut être la place de l’humour dans la société africaine ?

Je ne sais pas. Franchement, je sais pas. Une grande place quand même, parce que l’humour c’est important, les gens ne se rendent pas compte. Si seulement les gens savaient que leurs entreprises fonctionneraient mieux si ils riaient tout le temps, s’il y avait de la bonne ambiance, s’ils riaient de temps en temps, nous les humoristes on serait vraiment très bien. Ils ne savent pas.

Nous on sait ce ce que l’humour nous fait dans la vie de tous les jours. Mais on ne peut pas le décrire. Mais un jour, ils sauront. Il faut chiller. On ne peut rien faire en étant sérieux complètement. Il faut t’amuser dans ce que tu fais. Quand tu t’amuses en faisant un travail, le travail est mieux fait.

Quand tu t’amuses en faisant un travail, le travail est mieux fait. Kenneth Yannick Cliquez pour tweeter

Et c’est la place que doit occuper l’humour dans la société. Mais les Béninois ne comprennent pas ça encore. Les Ivoiriens l’ont compris et malgré la guerre, quand tu vas à Abidjan c’est fantastique ! C’est fantastique ! Mettre la rigolade et s’amuser tout en étant sérieux. Là est le secret.

Au fond, on poursuit tous une idée bien précise, cachée dans nos ardeurs. Quelle est la tienne ?

Faire toujours ce qu’on a envie de faire, absolument. C’est l’idée absolue que je poursuis. Dans la vie il faut toujours faire ce que l’on a envie de faire, quoi qu’il en coûte. Parce que la vie, elle t’appartient. J’ai eu envie de faire de l’humour, j’ai tout bravé pour faire de l’humour. Faire toujours ce qu’on a envie de faire et le faire tous les jours parce que tu ne sais pas si tu seras là demain. Si tu as envie de manger un truc et tu as l’argent, ça ne sert à rien de le conserver pour demain. Mange ton bail, gars ! Profite de la vie. Vis l’instant présent.

C’est vrai qu’il faut investir. Mais préparer le futur ne doit pas t’empêcher de vivre l’instant présent. Si tu passes ton temps dans le futur, tu regretteras de ne pas avoir vécu. Après, tu n’auras plus assez de force ni de temps pour vivre. Il faut vivre chaque instant et toujours voir le côté positif des choses. La vie est faite d’avantages et d’inconvénients. Tout est positif et négatif. Il n’y a rien qui soit complètement positif et rien qui soit complètement négatif. Regarde toujours le côté positif, jette le côté négatif et vis. Tout ira bien.

Préparer le futur ne doit pas t’empêcher de vivre l'instant présent. #KennethDoitPercer Cliquez pour tweeter

C’est ça l’idée précise que j’ai dans la tête et c’est ça qui me permet de réaliser tout ce que je fais. C’est ce qui sera toujours ma ligne de conduite. Je suis sûr que si je continue comme ça, je vais réussir tout ce que je veux faire.

J’ai envie d’être au sommet. Et quand je parle de sommet, ce n’est pas être le meilleur humoriste du Bénin encore moins de l’Afrique. C’est bien plus grand que ça. Si je n’avais pas envie et que c’était quelqu’un qui me forçait, tu penses que je le ferais aussi bien que maintenant ? Non ce n’est pas possible. J’écoute rarement ce que les gens disent. C’est un défaut et une qualité.

Les gens parlent toujours. Il vaut mieux faire ce que tu as envie de faire, comme ça tu n’as pas de regrets. C’est peut-être parce qu’on m’a éduqué à ne pas compter sur les autres. Va au bout de tes convictions. Va au bout de ce que tu fais. Je finis toujours ce que j’ai commencé même si ce n’est pas bon.

Il vaut mieux faire ce que tu as envie de faire, comme ça tu n’as pas de regrets. #KennethDoitPercer Cliquez pour tweeter

Une question qu’on aurait dû te poser ?

Est-ce que je suis puceau ? Mais Oui bien sûr que je le suis. Et non la question qu’on aurait dû me poser c’est : est-ce que je me branle vraiment comme je dis sur twitter ? Mais oui je suis un vrai branleur, Toujours ! Le savon toujours, les amis. Le savon ! Le savon, les gars.

Fin de l’histoire


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