Yanick Folly capture les enfants.

Certains naissent pour parler aux foules, d’autres pour émerveiller le regard, d’autres encore pour séduire. J’ai trouvé celui qui réunissait ces trois dons, en un cocktail molotov : Yanick Folly. Yanick Folly a vingt-sept ans. Sa passion c’est la photographie. Son inspiration, les enfants. J’ai rencontré Yanick dans ce qu’il appelle tendrement la « maison qui inspire ». Une maison où fourmillent des enfants, bien-sûr. Entre Dada et Nafi, deux petites jumelles, il m’a laissé le découvrir. Sur chaque photo de Yanick, il y a un enfant. Derrière chaque enfant, il y a une histoire. Voici celle de Yanick, étoile montante de la photographie en Afrique.

Comment êtes-vous parvenu à la photographie ?

Deux choses m’ont amené à  la photographie. J’ai demandé un jour à ma mère si je pouvais revoir mes photos d’enfance. Elle m’a répondu qu’elle n’avait aucune photo de moi. La deuxième chose, c’est un voyage à Pobè. J’ai vu une petite fille dans un village et j’ai pris sa photo. Je n’y ai plus fait attention pendant longtemps. Puis un jour, j’ai revu la photo et elle m’a tellement marqué que je me suis lancé.

Qu’est-ce qui vous attire autant chez les enfants ?

On m’a volé mon enfance. Entre l’internat et des parents occupés, je n’ai pas connu l’enfance telle qu’on la décrit. Je ne me suis pas assez amusé. J’essaye de me rattraper aujourd’hui.

Avec les enfants, je me sens bien. J’aime les enfants, ils veulent tout savoir. Avec eux,  tu as tout un tas d’émotions. Quand tu mets l’objectif sur un adulte, il veut paraitre beau, il veut soigner son image alors qu’avec les enfants, c’est carrément autre chose. Tu les prends dans leur état brut. Ils sont si innocents.

Dans l’imaginaire de la majorité, la photographie n’est pas un métier assez valorisant.

C’est dommage que les gens pensent cela et c’est bien pire aujourd’hui parce que tout le monde a un appareil photo surtout avec l’explosion des smartphones.

Je me suis rendu un jour au marché Dangbo où j’ai joué au baby-foot avec des enfants. J’ai ensuite demandé à leur mère si je pouvais les prendre en photo. Elle m’a violemment répondu : « Tu veux aller vendre nos photos ! Tu es quel genre de photographe ? D’où viens-tu ? ». Je lui ai tranquillement expliqué mes objectifs. Et elle m’a finalement laissé faire. J’ai aussi demandé la permission aux enfants. A la fin, je leur ai montré tous mes prises. La maman était ravie : « Ils sont très beaux sur les photos. Tu peux me prendre aussi ? Ramène-nous les photos ! ».

C’est une petite expérience sur la question. Elle prouve que c’est petit à petit qu’on y arrivera. La photographie, c’est tout un art, c’est tout une esthétique. On banalise ce métier mais c’est vraiment de l’art. C’est pour ça que je tiens à remercier tous mes amis photographes, Gopal Amah, Isy Click, Darios Tossou, parce qu’ils changent la vision de la photographie.

Yannick Folly

 

La plupart de vos photos montrent une enfance oubliée, dans les bas-fonds, derrière des étalages, dans la rue, peut-on dire que vous êtes un photo-activiste ?

C’est un grand mot, mais je l’accepte. J’ai envie de défendre ces enfants-là.  Une fois à Zinvié, j’en ai vu un derrière un étalage d’essence frelatée. Un jour d’école.  Il était tout souriant. Son père à côté s’en foutait un peu, même quand je le prenais en photo. L’écolage ne coûte rien, mais cet enfant était là au lieu d’être à l’école. J’avais eu envie de changer la vie de cet enfant, de sensibiliser le père. Mais je n’avais que mon appareil. Alors, j’ai pris sa photo.

Aujourd’hui, presque tout le monde a un appareil photo, quelle est votre différence ?

L’art de la photographie, c’est ce que tu prends et comment tu le justifies. C’est le comment, et le message. Tout le monde peut être photographe. Mais on n’a pas les mêmes touches.

Interview Yanick

Quelles sont vos plus grandes fiertés ?

Je peux citer :

– Le prix Alexis Kolan Martinez en hommage à l’illustre journaliste Burkinabé Norbert ZONGO au Burkina- Faso en  Janvier 2014.

– Le prix Sous les flashs de l’Afrique, à Niamey, Avril 2015

– Le prix du grand concours photo dans le cadre 60 solutions contre le changement climatique du photographe français Yann Arthus-Bertrand réalisé au Bénin en Juillet 2015.

– Le prix du  photographe chinois Lu-Guang sur le quotidien des béninois organisé par Kulturforum sud-nord à Cotonou au Bénin en Aout 2015

– Une exposition à l’agence d’Air France, le 2 Octobre 2015

-L’Award photographie de qualité Millemots, le 17 Octobre 2015

Mais honnêtement, l’objectif que je poursuis est beaucoup plus grand que ma simple fierté. Je remercie Dieu, deux ou trois personnes parlent de moi déjà et ça fait plaisir. Gagner des prix ne fait de soi un bon artiste ou un bon photographe. Ça te permet de te dire que tu n’as plus le droit de baisser les bras.

La route n’a pas dû être facile, qu’est-ce qui vous aide donc à tenir ?

Je me lance des défis chaque jour. Je n’ai pas droit à l’erreur. Comme beaucoup d’autres, j’ai été victime du « Ayi minti ya ». On s’est beaucoup foutu de moi. J’ai reçu des coups durs.

Yanick F

 

J’ai l’envie de réussir, je pense que c’est la première des choses. Il y a tous ces gens qui espèrent en moi, tous ces gens qui m’écrivent chaque jour et me disent « Yanick on te suit, on adore ce que tu fais ». Ma famille, l’amour que mes proches me portent, tout cela me booste au maxi. Et surtout, je dis bien surtout, ces enfants-là. Sans eux, je ne suis personne.

 

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Comment devient-on un Yanick Folly ?

(Rires) En naissant déjà Yanick Folly. Faire ce qu’on aime, le faire bien, avec passion, ne jamais renoncer et laisser Dieu se charger du reste. Plus sérieusement, Il ne faut jamais être pressé dans la vie. Ensuite, il faut le respect dans chaque chose. J’ai côtoyé de grandes personnalités qui m’ont beaucoup appris. Tout ça parce que je les respecte. C’est important de respecter tout le monde et d’être humble. On en tire beaucoup de leçons et ça ouvre beaucoup de portes.

 

 

Site web: www.yanickfolly.com


 

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