On nous a dit qu’aller à l’école nous garantirait un avenir radieux. On nous a demandé de prendre soin de nos cahiers, et de croire en l’avenir. On nous a demandé de travailler sans relâche, que nous trouverons bientôt le boulot qu’il faut. Pour construire une vie, une famille et être heureux.
La vérité, c’est qu’on nous a b**** à midi, sur la place publique. C’est un Barça-PSG sponsorisé par un système en faillite, des politiques d’emploi et d’éducation désuètes. Qui a signé pour ces VDM ? En tout cas, pas moi.
Mais je parie mon Gari et mes Kluikluis * que vous vous retrouverez dans cet article.
1- L’éternel élève
Oui, on te comprend. Tu fais une formation théorique aujourd’hui dépassée par le monde de l’entreprise. Tu n’as peut-être jamais aimé étudier cela mais c’est ce que tes parents veulent te voir faire. Eh toi aussi, oui toi dans cette salle de classe de Master, qui croit fortement qu’avec un Bac+5, tu auras plus de chances.
Tu enchaînes formation sur formation parce qu’il faut avoir « plusieurs cordes à son arc ». Mais depuis que tu collectionnes les cordes, ton arc n’a pas tiré de flèche. Tu te dis que c’est parce que ce n’est peut-être pas assez. Tu fermes les oreilles aux chiffres du chômage pour mieux chasser les offres d’emploi. Tu sais au fond de toi qu’il n’y a aucune issue possible, tu es un chômeur né.
2- La tchoin des entreprises
Toi, tu as un doctorat en stage. Comme un courrier, tu es ballotté par toutes les entreprises de la place. Chacune d’elles t’a déjà eu comme stagiaire mais aucune ne t’a proposé de l’emploi. Tu es la tchoin des entreprises. C’est le “mougoupan” professionnel. Parfois, elles te filent un billet de 5000 F pour le transport, parfois le Boss te confie des tâches délicates mais pour elles, tu n’existes pas. Tu n’es qu’un jeune petit stagiaire de plus.
Kluiklui, je t’ai-meuh *
Kluiklui, je t’ai-meuh
Quand je vois gari dans l’eau
Je suis très très content
3- Le chercheur professionnel d’emploi
Il y a aussi toi-là qui attend le miracle. Chaque matin, tu payes ce journal, tu lis cet article. Tous te promettent de te dire comment réussir enfin…Mais ils savent que tu sais qu’il n’y a pas d’espoir pour les gens comme toi. Et tes parents qui te mettent la pression, qui te rappellent que tu vieillis, que tu vis chez eux depuis ton dernier stage académique, ils prient pour toi jour et nuit pour que tu trouves un boulot et que tu fiches le camp. Toi qui sonne à toutes les portes en demandant: “Je peux travailler gratuitement pour vous ? “ et qui reçoit la même réponse: “ Qui t’a envoyé?”
Qui a un proche sur un manguier ne mange pas de fruits verts, dit un proverbe Béninois.
Voilà qu’il n’y a même pas de manguiers dans ta zone. OVFC ? Tu te demandes si faire Egungun** n’est pas plus facile que de trouver un stage gratuit…
04- Le talent incompris
Puis, toi qui n’a aucune envie d’aller à l’école. Tu as un talent que tu veux exploiter mais personne n’y croit…C’est l’école ou rien, te disent tes parents qui sont prêts à investir des millions dans ta scolarité mais pas 1 F sur ton talent. Alors, tu es comme paralysé entre ta volonté de faire tes preuves, la galère, l’envie de secouer tes parents pour leur dire que le monde a changé et le désir d’exprimer ton talent.
05- Le compétiteur né
Soyons sincères, tu n’es pas Patrice Talon. Ce n’est pas parce que tu es dans tous les concours de recrutement de l’Etat que tu es un compétiteur né. La preuve, tu n’es jamais admis. On dirait Hagbê et la Marina. Tu es persuadé qu’un jour, malgré les fraudes, les enfants de, les difficultés, ton nom finira par sortir : Tu auras enfin ton salaire mensuel pépère. Pour le moment, il n’y a que la galère qui est pépère dans ta vie.
06- Le zémidjan d’occasion
Qu’on se comprenne : Etre Zemidjan ça n’a rien de mauvais. C’est un métier parmi tant d’autres. Mais on sait que tu voulais qu’on t’appelle « Maître » et non » Ounfo Kekenon « . Tu te lèves à 5h avec ton uniforme jaune pour racoler un peu de pièces en attendant le début des cours. A 12h 30 min, quand tes camarades sont à la cantine, toi tu sillonnes de nouveau la ville, genre Super Sonic avec un passager derrière. A la sortie des cours, tu sors très vite de l’amphi pour remettre ta blouse Jaune et repartir en cavale. Ce n’était pas ce que tu rêvais pour ta vie. Eh oui, c’est triste et c’est dur.
07- L’étrange locataire du CCF
Campus France est devenue ta maison, tellement tu es convaincu que le roseau est plus vert dans le marais d’à côté et qu’il vaudra toujours mieux souffrir en m’beng qu’au bled. Tu es prêt(e) à tout sauf à rester au bled. Tu n’as jamais été accepté par une seule université. Mais tu es aussi déterminé à envoyer ta candidature qu’eux, à la rejeter. Même si tu commences à caresser l’idée de faire payer aux Yovos ces échecs…Tu vas les brouter fort.
08- Lord Socrate Jon Snow
Tout ce que tu sais c’est que tu ne sais rien. Tu ne sais pas ce que tu veux faire de ta vie. Tu ne sais pas là où tu te vois être dans 5 ans. Tu n’as pas de rêves et tu ne sais pas si tu as un talent. En gros, tu ne sais rien. Tu ne sais même pas ce que tu vas manger aujourd’hui. Le hic, c’est que tu ne seras jamais The King in the North. Tu n’es que le « ounfo » ou la Sista du quartier « qui aurait pu être ». Ça
….clash sur toi partout sur les ondes
Mais comme un appel à la mosquée : tu peux pas répondre *
Tu as accusé toutes tes tantes de sorcellerie. Mais c’est toi qu’on prend pour exemple pour faire peur à tes jeunes frères et soeurs. Tonton et Tantine Croquemitaine ! Même un vrai épouvantail ne pouvait mieux jouer le rôle que toi. Rien ne vient à celui qui ne fait qu’attendre. Allez ! Lève-toi !
Si toi aussi, tu n’as pas signé pour ça….
*Comptine béninoise
** Yoruba masquerades or masked, costumed figures
***Paname Boss