Le Cameroun, terre d’attractivité et d’inspiration. Ce pays très connu ailleurs pour son chef d’État trentenaire au pouvoir, ou encore pour ses footballeurs d’exception à l’instar de Roger Milla et de Samuel Eto’o, dispose de jeunes talents très inspirants qui n’attendent pas un quelconque signe pour vivre leurs rêves.
Nous avons sélectionné parmi eux 07 personnalités de l’univers créatif Camerounais qui ont eu à faire leurs preuves et n’ont qu’une vocation : Inspirer le monde.
1-Flavien Kouatcha, Save Our Agriculture
Avez-vous déjà pensé à faire de l’agriculture à l’aide des poissons ? Non, pas la pisciculture. L’agriculture. Vous imaginez le truc ? Flavien Kouatcha est un jeune Camerounais de 28 ans, passionné d’agriculture a développé l’aquaponie. Peu connue, cette technique de culture, d’origine asiatique, permet de d’associer la culture des végétaux en symbiose avec l’élevage des poissons. La fiente de poisson est utilisée ici comme engrais pour les végétaux. Le passionné fondateur de Save Our Agriculture a eu la brillante idée d’affiner cette technique, la rendant ainsi accessible à tous, en mettant sur pied ce qu’il appelle le kit aquaponique. Grâce à ce kit, on peut cultiver des légumes chez soi, de manière saine et abondante.
Nous pouvons, par exemple, nourrir une famille de 4 personnes pour une année entière sur une place de parking unique. Nous produisons, dans un conteneur de 40 pieds, 800 kg de poisson frais et 400 kg de légumes variés. Nous répondons ainsi aux problèmes de la démographie à l’échelle continentale, mais aussi à l’échelle mondiale.
Sa vision n’est pas restreinte, il compte s’étendre encore. Et d’ailleurs c’est déjà le cas. Loin de se reposer sur ses lauriers, notamment le prix de champion digital de l’agriculture qui lui a été décerné lors de la conférence Africa 4 Tech le 04 novembre 2016, il a étendu la production de ces kits dès Décembre 2016. À ce jour, il en existe quatre types différents, avec des prix variant entre 80.000 FCFA (140 $) et 300.000 FCFA (525 $).
Le cœur ouvert et l’esprit porté vers le partage, il compte au cours du mois d’octobre organiser une formation gratuite en aquaponie, à Douala, la capitale économique. Et dire qu’il a quitté un emploi payé plus d’un million de FCFA par mois pour se lancer à son propre compte… Il y a cru, et l’affaire tourne plutôt bien. Comme quoi, il faut oser.
Développer l’agriculture africaine n’est pas une option. C’est une question existentielle pour notre planète. Flavien Kouatcha
2- Cédric Atangana, WeCashUp
25 ans, avec une ambition déterminée, Cédric Atangana est le CEO d’ Infinity Space, via laquelle il a lancé en 2016 la plateforme WeCashUp. Cette plateforme qui se décrit volontiers comme une intelligence artificielle financière, permet tout simplement aux personnes non détentrices de comptes bancaires de procéder à des paiements en ligne. Rendu possible grâce à l’avènement du Mobile Money, WeCashUp joint tous les systèmes de paiement mobile hétérogènes (Orange Money, MTN Mobile Money, M-Pesa, Airtel Cash, etc) et projette d’élargir le réseau de paiement en Afrique et de le rendre homogène à la PayPal.
Diplômé en génie industriel, à Polytech Marseille, Cédric a participé à divers concours, dont le Google I/O Tech Night au cours duquel il a pour la première fois présenté WeCashUp et remporté la somme 20.000 dollars US en 2014, pour son financement.
“Sur plus d’1 milliard de personnes en 2016, on dénombre encore environ 800 millions sans compte en banque et sans moyen de paiement en ligne. Pourtant 400 millions d’entre elles ont des téléphones mobiles et utilisent déjà des solutions de paiement mobile tel que M-PESA, Orange Money, MTN Mobile Money, Airtel Money etc. Aussi, d’ici 2020 le taux de pénétration d’Internet atteindra les 52% et plus, ce qui signifie que les personnes en Afrique ont de plus en plus accès à internet, accèdent aux sites marchands en ligne mais ne peuvent pas payer simplement parce que ceux-ci ne leur proposent pas le paiement par mobile en ligne”
WeCashUp a pour idéal de couvrir tous les 54 pays du continent.
3- Françoise Ellong, Waka
Françoise Ellong est une jeune réalisatrice camerounaise de cinéma âgée de 29 ans, née à Douala. Au départ animée par l’esprit d’écriture, elle participe en 2002 au concours du Prix du Jeune Écrivain Francophone. Puis elle s’est redirigée vers le scénario, car, semble-t-il, son écriture était trop imagée. Toutefois, elle laisse sa marque dans l’écriture par le biais d’un roman intitulé « Journal Intime d’un meurtrier », paru en 2008 aux Éditions Publibook.
Sa carrière de réalisatrice débute en 2006, avec des cours métrages dont le premier est intitulé « Les Colocs », puis a enchainé avec d’autres cours métrages comme »Miseria » en 2008, « Nek » en 2010, « At Close Range » en 2012. Elle a réalisé plus d’une dizaine de films. Son avant-dernière réalisation, « W.A.K.A », ( Woman acts for her kind Adam), entièrement tournée à Douala, est son oeuvre la plus connue, mais aussi son premier long métrage. WAKA c’est « marcher » ou « avancer » dans le langage courant. Il est aussi utilisé pour dire « prostituée ». Le film s’interroge sur la manière d’être une bonne mère. L’héroïne Mathilde est mère d’Adam le jour et prostituée la nuit, prête à tous les sacrifices pour son fils.
WAKA a connu déjà une quinzaine de festivals et remporté 3 prix : Le Best Director au Mashariki African Film Festival à Kigal, le prix spécial du Jury à la 17è édition du Festival du Cinéma Africain de Khouribga, le Dikarla Award de l’encouragement. WAKA est également la première œuvre de long-métrage à la 11ème édition du Festival international du film panafricain de Cannes, la Mention spéciale du Jury Jeunes à la 14ème édition du festival Lumières d’Afrique à Besançon.
Trailer W.A.K.A , Françoise Ellong from Africiné www.africine.org on Vimeo.
Françoise ne s’est pas arrêtée là. En 2016, elle scénarise le film « Walls » de Narcisse Wandji, et réalise en 2017 « Ashia » dont les critiques sont on ne peut plus encourageantes quant à la carrière de la réalisatrice. La jeune Françoise se la joue bien à la camerounaise, et se veut le plus authentique possible dans ses réalisations. Son parcours en tant que réalisatrice de cinéma est impressionnant, dans un pays où cet art semble être en pleine déchéance. On pourrait espérer avec elle voir le cinéma camerounais briller à en aveugler, comme ce fut le cas avec « Quartier Mozart » de Jean Pierre Bekolo et « Sango malo » de Bassek Bâ Kobio il y a plus de 20 ans.
L’Afrique regorge de cinéastes talentueux racontant des histoires qui le font rire, pleurer, m’indigner et j’en passe. Au Cameroun, je côtoie énormément de jeunes réalisateurs et réalisatrices, comme moi qui en veulent ! Des synergies se créent, sans grand bruit et beaucoup n’en croiront pas leurs yeux quand la vague arrivera. J’ai foi en ma génération. Le mot d’ordre est de se serrer les coudes et d’avancer ensemble ! Je crois en l’indépendance et en la passion. Françoise Ellong
4- Jovi, New Bell Music
De son vrai nom Ndukong Godlove Nfor, Jovi est l’un des meilleurs artistes camerounais dans le domaine du rap. On le classerait même parmi les meilleurs artistes tout court. Son talent est aussi exceptionnel que son parcours.
En plus d’être un grand rappeur, il est producteur de musique et fondateur du label prolifique New Bell Music. Son flow et ses textes sont homogènes car il les écrit lui-même, valsant entre le français, l’anglais, ou plutôt entre le francanglais (une fusion entre le français et l’anglais) et le pidgin-english (l’anglais mélangé au ton des langues locales). Pareil pour ses beats, il les fait lui-même.
En 2012, Jovi se présente officiellement sur la scène musicale avec son premier album H.I.V (Humanity Is Vanishing). La suite de son aventure a rarement connu des vides, car après ce premier album il a enchaîné avec deux autres : Mboko God en 2015 et 16 Wives en 2017. Entre ces deux derniers albums, il a sorti cinq EP : Kakwe 1, Kakwe 2, Puta Madre, Raps 2 Riches, et Bad Music. Son style a souvent des allures badass, tant les paroles de ses chansons ne manquent pas d’être entre le cru et le véridique. Tout cela mixé dans des musiques aux mélodies à la fois originales, mais aussi légendaires car il s’inspire de ce que le Makossa, le Bikutsi, et le Bensikin (genres musicaux camerounais) ont fait de mieux antan pour donner le meilleur de lui.
À travers son label New Bell Music, il a composé et produit des artistes dont la très connue, pour sa « sauce », Reniss. Mais aussi, il a coécrit et coproduit « Shine the light », une chanson de l’artiste américain Akon. Le rappeur bientôt âgé de 34 ans, est un artiste de tout ce qu’il y a de plus complet. Sa dernière chanson intitulée « Devil no di sleep » (le diable ne dort pas) semble donner pour message qu’il nous prépare encore plein de bonnes sauces en studio.
5- Stella Gaëlle Onana, C’Koment Publishing
Le secteur médiatique camerounais n’a assurément connu de tels spécimens que rarement. Il serait normal de s’en vanter. 24 ans, Gaëlle Stella Onana est fondatrice de C’Koment Publishing, créé en 2014. À travers lui, elle donne un coup de neuf dans l’environnement médiatique et communicationnel. À travers C’koment ont été créés plusieurs plateformes médiatiques : Yaoundé C’koment, Douala C’Koment, Ndamba C’koment. Ces derniers existent toujours à travers les comptes dédiés sur les réseaux sociaux, mais ont laissé place au désormais bien connu C’koment Magazine qui est la forme homogénéisée des plateformes sus-citées. Toujours en pleine expansion de sa vision, elle a élargi son réseau médiatique en s’exportant au Gabon avec son nouveau venu Libreville C’koment.
Depuis janvier 2017, C’koment Magazine, trois publications ( un tous les deux mois), avec chaque fois un thème différent. Le dernier, portant sur le thème de la mode a été l’objet d’une grande communication sur les réseaux sociaux, notamment sur Twitter à travers le hashatg #CKMode.
À la base communicante, c’est par passion que Stella Gaëlle s’est lancée dans le journalisme. La jeune diplômée de Sciences Pô en stratégie et communication des organisations a fait ses preuves chez Forbes Afrique en tant que Journaliste Print & Web. Elle est désormais au sein de la chaîne Africa24 en tant que Chef Editorial Web et journaliste pluri-media. Elle a, à ce titre couvert plusieurs événements en Afrique, notamment l’élection présidentielle au Gabon et la 71e assemblée générale de l’ONU à New-York. Pétillante et multitâche, elle donne à travers sa passion et son sens du détail une nouvelle fraîcheur dans le monde des médias camerounais.
6- Arthur Zang, Cardiopad
Peut-être mériterait-il un prix Nobel, c’est ce que l’on se dit au pays par chauvinisme. Informaticien et ingénieur de formation, il s’est consacré, au regard de la défaillance du Cameroun en cardiologues, à concevoir un appareil qui vient quelque peu palier à ce déficit : le cardiopad. Cet appareil est une tablette tactile médicale qui permet aux populations éloignées des centres de soins de passer un examen cardiaque.
Cardiopad est soutenu par l’équipe dynamique de Himore Medical , la société dont Arthur est le CEO et qui conçoit des systèmes et logiciels embarqués médicaux. Ils fournissent une technologie solide qui aide les hôpitaux à offrir un meilleur service médical aux patients. Arthur Zang s’est pointé avec une aspect nouveau de la santé. Dans un pays où l’on compte encore moins de cinquante cardiologues (pour plus de 22 millions d’habitants), cet appareil était plus que le bienvenu.
Depuis sa présentation officielle au Cameroun en 2015, le bijou du jeune trentenaire a connu jusqu’ici un franc succès. Son parcours n’a pas été aisé, il lui a fallu surmonter beaucoup d’obstacles afin d’arriver à ce prodige. La preuve qu’il n’y a rien de rédhibitoire pour celui qui tient à son rêve. Réunir la technique nécessaire, mais aussi les fonds suffisants, le tout mixé au sein d’une équipe forte et présente malgré la galère.
Bien que coûtant 12 millions de FCFA l’unité, le Cardiopad ne manque pas d’avoir du succès. Et Himore Medical ambitionne de porter son produit au-delà des frontières de l’Afrique. Toujours tourné vers l’innovation, Arthur prépare d’autres projets, toujours dans le domaine médical. En attendant, le Cardiopad se fait coqueluche de l’innovation dans le domaine médical au Cameroun, en Afrique et dans le monde.
7- Félix Fokoua, Secteur 4ème Stade
Il n’est plus vraiment à ses débuts, tant il a marqué ses pas. Ses œuvres relatent un accomplissement perpétuel, entre le prolongement en couleur de ses rêves et cette expression vraisemblable, voire tout à fait nette et réelle de la vie au terroir. Ce pays qui l’a vu naître est désormais celui que ce dernier fait vivre à travers son art : un art vif, coloré, jovial, et aux allures on ne peut plus impressionnantes. Felix Fokoua, vu que c’est de lui qu’il s’agit, est un jeune talent du terroir camerounais qui vit du dessin.
Ses qualités d’illustrateur ont pu être remarquées à plusieurs reprises, notamment dans le conte « Une histoire comme ça » chez Fernand Nathan ; mais aussi et plus brillamment pour Kiroo Games, dans la cadre de la conception du premier jeu vidéo camerounais : Orion, l’héritage des Korio-dan.
Le verbe « oser » pour credo, il a lancé sa propre BD depuis 2012 dénommée « Secteur 4ème stade », dont une page facebook éponyme y est dédiée. Une bande dessinée dans laquelle le Cameroun, et l’Afrique brillent de mille couleurs. On reconnait à chacune de ses illustrations un peu de ce qui fait notre quotidien ; ces instants à l’enjeu mineur et en même temps remplis de vie. Les matchs de foot sur les terrains vagues, les parlements de quartier où sont mis au menu les petites rumeurs du quartier, les marches hasardeuses et ludiques des jeunes dans les bidonvilles, les filles aux belles jambes qui ont l’effet de tendre les regards des petits félins…Le Mboa dans toute sa puissance
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Mais aussi le courage, de l’encouragement, de la force quand survient la crise. On a vu cela au moment où la secte islamiste tristement connue peuplait l’au-delà des âmes de nos concitoyens ici et là. Le dessin apparait ici comme étant un mode d’expression très illustratif, où l’auteur masquera difficilement les sentiments qui animent le monde ou la situation qu’il veut représenter. Il a reçu des distinctions pour ses belles œuvres, notamment le prix du meilleur Young African Designer lors de L’African Design Award qui s’est déroulé en juillet 2017 au Maroc.
Mais ce n’est pas tout. Récemment, Felix Fokoua a créé un pack d’émoticônes à la camerounaise disponibles uniquement sur l’application Telegram, et dont on milite depuis peu pour qu’ils soient disponibles sur WhatsApp. Discret et intègre, c’est le cœur rempli d’honneur et de joie que cet étudiant en biochimie se voue à la tâche, allant chaque jour plus loin dans son impressionnisme graphique.