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Il y a quelques semaines, nous vous faisions vivre la résistance du roi Béhanzin face au colon à travers ses correspondances avec ces derniers. Nous avons pu admirer son courage, sa bravoure et surtout la confiance qu’il avait en son armée. « Si vous commencez la guerre, j’ai des troupes prêtes pour cela… » disait-il. Des milliers de femmes braves et engagées pour un combat sans merci avec le Roi Béhanzin : les Amazones d’Abomey.

Ce nom apparaît à plusieurs reprises dans l’histoire du Danxome, de ses guerres de conquête et sa résistance contre l’envahisseur. Un nom qui revient souvent mais qui n’est pas pour autant si connu qu’on le croirait. Pourtant sans elles, rien n’aurait été possible. 

Crédit: Fondation Zinsou

Origine des Amazones d’Abomey

Comme vous pouvez vous l’imaginer, le mot Amazone ne vient pas du fon (langue parlée par les danxomènous). Wiki nous informe que selon la mythologie grecque, les Amazones sont un peuple de femmes guerrières que la tradition situe sur les rives de la mer noire. Le nom Amazone a donc été donné aux guerrières du Danxomè en référence à ce peuple antique. Appelées les « Minon » qui veut dire « nos mères » en fon, elles firent leur apparition dans l’histoire du royaume d’Abomey au Début du XVIII siècle. Selon certaines sources, ce serait le roi Agadja (1711-1732) surnommé le conquérant en raison de toutes les guerres qu’il a mené pour élargir le royaume durant son règne qui aurait recruté des femmes dans son armée pour palier au manque d’effectif. D’autres historiens affirment que l’unité de combat des « Minon » aurait été instaurée par la reine Tassi Hangbé, sœur jumelle du Roi Akaba et reine oubliée du royaume entre 1708 et 1711.

Néanmoins, tous s’accordent à dire que c’est avec le Roi Guézo (1818-1858) que ce corps d’armée a été réorganisé pour donner le bataillon que les troupes françaises ont dû affronter à 50 km d’Abomey lors de leur montée le 26 Octobre 1892. Guézo voulant former une unité d’élite pour sa garde rapprochée  se retourna vers les femmes guerrières qu’il choisit parmi les esclaves. Valant moins cher sur le marché de la traite négrière, elles étaient  sélectionnées parmi les plus robustes et suivaient un entraînement qui les gardait dévouées au Roi.

On choisissait des femmes proches de l’adolescence afin de les initier très tôt au maniement des armes et au combat corps à corps. Si leur entrainement physique était rude, leur conditionnement mental était tout aussi strict. Elles étaient programmées pour ne pas avoir peur de tuer. Elles ne connaissaient pas la pitié. Afin de les éloigner de tout sentiment contraire à la culture du combat, elles faisaient vœux de virginité et quiconque essayait ou réussissait à avoir des rapports sexuels avec elles était exécuté.

Selon Sylvia Serbin dans Reines d’Afrique et heroïnes de la diaspora noire, une plaisanterie circulait à leur propos comme quoi « Moins d’hommes seraient morts au combat qu’en essayant de franchir le mur des Amazones ». Crâne rasé et coiffées d’un bonnet blanc brodé, elles étaient vêtues d’un pantalon bouffant et d’une longue tunique bleu ceinturée à la taille. 

Crédit: Fondation Zinsou
Les amazones incarnaient une sorte de féminisme avant l'heure. Share on X

Elles étaient craintes et respectées dans la société 

Vu l’entraînement spécial dont elles bénéficiaient, autant dire qu’elles étaient respectées et craintes par la société. Chacune de leurs  apparitions publiques était annoncée. Elles étaient précédées par des groupes de fillettes qui avec leurs clochettes prévenaient le foule de leur arrivée afin qu’elle cède la place (même système pour les présidents aujourd’hui). Leur processus de sélection et leur formation en faisaient presque des femmes sacrées.  Les amazones incarnaient une sorte de féminisme avant l’heure. Aucun homme ne pouvait résister à un combat corps à corps face à elles. Leur unité était la plus prisée et la plus efficace de l’armée du Danxomè. Elles arrivaient à faire ce que les hommes ne pouvaient pas. Elles ont changé la vision sur le rapport de force et les modes d’attribution de tâches utilisés à l’époque dans le royaume. 

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Une stratégie de guerre bien élaborée

Lors de la résistance du roi Behanzin, le nombre d’amazones dans l’armée du Danxomè était évalué entre 4000 et 5000 soit le tiers de ladite armée. Elles étaient réparties en cinq spécialités de combats différentes mais complémentaires dans le but d’établir une stratégie infaillible de guerre. On distinguait :

  1. Les <<Aligossi>> qui se chargeaient de La Défense du palais. Elles restaient sur place et assuraient la protection du roi. 

  2. Les <<Djadokpo>> constituaient l’avant garde de l’armée régulière. Ce sont elles qui allaient en guerre. Elles étaient placées en avant garde afin d’affaiblir l’ennemi dès le début du combat et de couper rapidement sa progression. Elles sont composées des :

Crédit: Fondation Zinsou

Ils ont croisé leur chemin, Ils en parlent. 

Plusieurs missionnaires et guerriers Français ont gardé pour longtemps un souvenir marquant de leur rencontre avec les Amazones lors de la résistance du Danxomè. Ils ont retranscrit leur vécu et ont témoigné du respect qu’ils avaient pour cette unité de guerrières féroces, courageuses et vaillantes.  Entre autres ce témoignage de l’explorateur anglais Sir Richard Burton est l’un des plus frappants :

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« Les Amazones sont non seulement l’élite de l’armée à laquelle elles donnent l’exemplarité de l’intrépidité, mais composent à elles seules toute l’armée permanente : car les soldats mâles ne sont appelés qu’en cas de guerre. (…). Il y avait dans la garde du roi du Dahomey des femmes qui n’auraient point déparé nos plus belles compagnies de grenadiers. Quelques-unes avaient près de six pieds de haut et étaient larges en proportion. Tant était le développement musculaire de ces viragos qu’on ne reconnaissait leur sexe qu’à leur poitrine, laquelle était d’une ampleur monstrueuse. »

Crédit: Fondation Zinsou (Image de fond)

Partage l’histoire de nos Amazones au monde entier !

Sources:

6 Responses

  1. Bonjour,
    je ne vois pas ce que le « féminisme avant l’heure » vient faire là! C’est toujours dommage de regarder l’histoire avec une vision de notre société à nous! A moins de vouloir faire toujours dans le politiquement correcte et mode?
    Par delà les siècles et ceux dans tous les pays du monde les femmes ont toujours pu prétendre être de farouches guerrières! Que ce soit en Afrique, En Inde, au Vietnam et même en Europe!!

    1. Bonjour. Merci d’avoir donné de l’attention à cet article. Pour moi le féminisme n’est pas un mot péjoratif envers la femme. Il s’agit tout simplement d’un mouvement qui consiste à admettre qu’aujourd’hui il existe des inégalités homme femme et que cela doit changer (définition basique). Si il y a eu des femmes qui on su être des guerrières farouches, elles sont donc avant-gardistes par rapport au combat que mènent les femmes aujourd’hui (parce qu’il y a un réel combat à mener). Le mot féminisme ne veut pas dire que les amazones n’étaient pas à leur place. Ça veut juste dire qu’elles avaient commencé par mettre la femme au même niveau que l’homme avant même que le concept du féminisme tel qu’il est aujourd’hui ne soit défini. Rien de péjoratif.

  2. qu’on le veux ou pas force est de reconnaître que la femme noir a toujours eux cette place de premier choix dans tout nos société Africaine , en pansant par les CANDACES (royaume du Nubie), les différentes figurine de l’Égypte ANTIQUE (pharaonnes) , les MINON et bien d’autre……….

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