Cet article est issu de la série « Secure Le Djai » où des talents Africains vous dévoilent comment ils sont passés de l’idée ou de la passion à la réalisation et la rentabilisation.
29 Mars 2021 – Les instagrammeurs et twittos de Côte d’Ivoire découvrent un nouveau concept porté par une jeune femme au regard chaud, aussi brûlant que le produit qu’elle met en avant : le café. Christiane Sansiare Kouassi présente en quelques mots, son coffee shop en ligne Aboki Senpai, et semble déterminée à nous faire tomber amoureux de cet ingrédient charismatique.
La reine des Aboki ?
En Côte d’Ivoire, on appelle Aboki, les vendeurs ambulants de café instantané que l’on retrouve aussi dans de nombreuses villes africaines. Lorsque Christiane a commencé à faire déguster son café personnel à ses amis, elle est donc devenue l’Aboki de service. Mais pas n’importe laquelle. Le café de Christiane était un vrai délice, comme concocté par un maître pour ses semblables.
Quand vint l’heure de transformer sa passion en business, c’est donc en maîtresse, en boss, en Senpaï que la jeune femme a voulu se positionner, inspirée par son amour pour la culture japonaise. Aboki Senpai…
De la passion à la réalisation
En décidant de créer un business autour de sa passion, Christiane était pleinement réaliste que le chemin serait rude. Bien qu’ayant toujours rêvé d’ouvrir son propre coffee shop, passer au concret demandait du courage pour balayer la panique qui l’envahissait : « Comment faire ? Est-ce que ça marchera ? Et si ça ne marche pas ? Comment gérer avec le boulot à côté ?«
Car il faut mentionner que Christiane se lançait avec le challenge -et l’avantage- d’avoir un emploi à plein temps. Webdesigner de formation, elle travaillait dans une agence digitale, mais nourrissait l’ambition d’être un jour à son propre compte. Spoiler alert, à ce jour le projet est en excellente voie de concrétisation. Son quotidien est occupé à 70% par Aboki Senpai et le reste du temps elle exerce son métier de webdesigner en freelance.
Nous sommes jeunes, nous devons tester nos compétences et apprendre car la vie ne nous fera pas de cadeau.
Christiane Kouassi
Ce qui est génial quand on prend des risques, c’est qu’ils nous apportent des réponses, là où les doutes nous paralysent. Et quand à ses débuts, ses peurs se sont exprimées trop fort, c’est dans ses souvenirs que Christiane a trouvé la force de prendre des risques. Pour elle, les effluves caféinées évoquaient bien plus qu’une boisson. Ils représentaient les moments passés avec son père, les petits déjeuners de roi concoctés par sa mère, et beaucoup d’amour autour de petites tasses colorées. C’est cet amour et cette vision du café ivoirien qui réchauffe le cœur, qu’elle était déterminée à partager avec le plus de personnes.
C’est décidé, je crée mon business. Ensuite ?
Déjà, être à l’aise avec le statut d’entrepreneure. Christiane trouvait ce titre trop présomptueux. Elle, c’est une barrista dans l’âme, l’artiste qui murmure aux oreilles des graines de café. Mais il a vite fallu ajouter à son arc, la corde de business woman.
Première étape : proposer un produit de grande qualité.
En Côte d’Ivoire, le café est consommé en majeure partie de manières classique : noir serré, au lait et chocolaté. Présenté en capsules, il est considéré comme produit de luxe réservé à une tranche de la population, tandis qu’en grain fort, il est associé à ceux qui ont besoin de l’effet coup de fouet pour rester alerte. Avec Aboki, Christiane a pris le temps d’apprivoiser cet ingrédient et d’élaborer des recettes pour satisfaire le maximum de personnes, adeptes de café ou non. Et visiblement, elle a trouvé la botte secrète !
@AbokiSenpai the best coffee I’ve ever tasted 🤧❤️
— she/her • (@Leeasseh) July 11, 2021
Je suis pas du tout un adepte de café mais Aboki Senpai c’est un pure délice 🥰❤️
— 8ème Merveille 🌹 (@Miikoou) April 7, 2021
En plus de ses recettes (en constante amélioration et diversification), Christiane propose aussi un produit assez peu connu sur la marché : de la crème de café à conserver et pour consommation ultérieure. Un produit qui ravit les consommateurs.
Deuxième étape : un entourage de qualité
Même si cela lui aurait fait plaisir, les clients n’allaient pas déguster leur café dans les jolies tasses de Christiane. Il a donc fallu penser logistique et vente, et à ce moment-là Christiane a réalisé la valeur de son cercle. « Ma plus grande ressource, ce sont mes amis !« . Car au-delà de l’encourager à foncer, ils ont été le bras fort de la nouvelle entrepreneure. « Une pote faisait des boites en carton, certains me trouvaient des contacts pour acheter des gobelets, d’autres me trouvaient des astuces pour la vente« .
Le premier événement auquel elle participe et qui marque son introduction au monde, est aussi organisé par des amis. C’est aussi l’un de ses amis, Yvan Gadeau qui s’associe au projet et participe à son évolution avec la même détermination que Christiane. On a envie juste envie de dire : Same prayer !
Troisième étape : la communication
Et pour les clients c’est certainement le point d’accroche d’Aboki Senpai ! Que ce soit sur Twitter ou Instagram, sur les visuels ou les vidéos, dans les retours de clients ou les jeux, on remarque deux choses.
D’abord, une certaine admiration pour la qualité du travail. Ceux qui goûtent du Aboki Senpai sont nombreux à être agréablement surpris de découvrir des goûts à la fois familiers et nouveaux. Ceux qui ne connaissent que de nom, applaudissent Christiane et son initiative, naissante certes mais pleine d’originalité.
@AbokiSenpai est pour les amoureuses et amoureux du café. Quand je suis arrivée au @lefestico j’avais besoin d’énergie et j’ai découvert le stand de cette magnifique femme @KirianeSansiare. Je recommande particulièrement leur café au rhum qui m’a donné un bon coup de peps 🤣 pic.twitter.com/ZSHbLhjLka
— Traoré Bintou Mariam (@BintouMariamT) March 14, 2022
La résultante est que Aboki Senpai est ainsi vite devenue une marque qui draine une belle communauté digitale de fans. Consommateurs ou non, le coffee shop est le centre de conversations, blagues et piques lancées ça et là sur les Internets.
Certes, cette stratégie n’était pas pensée dès le début. Mais Christiane a le mérite d’avoir opté pour le storytelling afin de communiquer authentiquement son amour pour le café. Puis, voulant se servir en majeure partie du digital, elle a choisi de se mettre en avant et d’adopter un branding épuré. Cela lui aura valu de marquer les esprits avant même les papilles.
Ce qu’on ne voit pas, c’est que Christiane entretient fortement ses liens avec ses clients : demander leurs avis, accepter les feedbacks, les rassurer, créer du contenu auxquels ils peuvent s’identifier.
Grâce au digital, une entreprise peut devenir une marque forte en soignant : ses visuels, sa constance, son langage, son storytelling et sa communauté. Cliquez pour tweeterHier j’étais à la #SunG j’ai pu enfin rencontrer @KirianeSansiare j’ai dégusté un délicieux café caramel et le café glacé de @AbokiSenpai c’était trop bien 😍😍😍 pic.twitter.com/9E6F7rORSG
— Muzamil Kọ́láwọlé 🇳🇬 (@MuzamilKolawole) August 9, 2021
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Quatrième étape : la vie d’entrepreneure et ses déboires
Comme dit plus haut, Christiane a été très réaliste dès le départ. On ne lui a pas caché la vérité. « Ca va être méga dur mais tu peux y arriver. Tu tombes, tu pleures et tu recommences« , c’est en somme ce que lui a dit son entourage à ses débuts. Charmant !
Mais on ne dit pas tout. Sur le terrain, Christiane a vite découvert les réalités de la vie d’entrepreneure. Qu’il faut faire des contrats, qu’on peut se retrouver avec zéro recette, qu’on ne pas faire confiance à tout le monde, encore moins aux livreurs, qu’il faut se préparer aux périodes de pénurie, qu’il faut apprendre à négocier les prix, se vendre, perdre sa vie sociale etc… etc…
Lancer Aboki, c’était sortir de ma zone de confort. Je n’aime pas la gestion de l’argent par exemple. Mais la vie d’entrepreneure m’a appris que l’argent ne se trouve pas dans ma zone de confort. Faut se secouer.
Christiane Kouassi, Aboki Senpai
Tous ces éléments, Christiane en prend conscience au quotidien et est en constante amélioration personnelle et de son business. Elle n’hésite pas non plus à partager ses difficultés, ce qui humanise au possible sa relation avec sa communauté.
Si on m’avait dit qu’un jour, j’allais avoir les larmes aux yeux parce que dans tout Abidjan là, je ne trouve pas gobelets de café avec couvercle, je n’allais pas croire.
— Aboki Senpaï 😌 (@KirianeSansiare) January 9, 2022
Wallah…
Cette année on va bosser hyper fort !
Faites absolument ce que vous aimez et non pas ce que font les autres ! Foncez vers ce que vous voulez vraiment avec les moyens du bord.
Christiane Kouassi, Aboki Senpai
C’est dit ! Christiane Kouassi est décidée à donner au café ivoirien, le titre de noblesse qui lui est dû. Et pour cela, elle s’investit corps et âme pour devenir une référence dans le domaine. Après avoir commencé sur ses économies, elle continue d’injecter ses moyens financiers et son énergie dans Aboki Senpai. Son ambition étant de voir l’enseigne éclore dans tout le pays, créant des milliers d’emploi, valorisant les produits et savoir-faire locaux et réconciliant les ivoiriens avec ce produit dont la nature leur a fait don.
Pour suivre Aboki Senpai sur les réseaux sociaux, et surtout passer commande si vous êtes en Côte d’Ivoire, rendez-vous sur Twitter, Instagram et Whatsapp !
Ce jeudi 31 Mars, nous serons en live avec Christiane sur notre Instagram, pour une conversation décalée sur son parcours. Rejoins-nous pour ce beau moment de partage.
