Il y a de ces histoires dont on entend rarement parler mais qui pourtant mériteraient qu’on leur consacre tout un livre. Des histoires tellement incroyables qu’on les croiraient sorties du dernier blockbuster à l’affiche. Des histoires comme ça, il y en a beaucoup mais celle dont nous allons vous parler aujourd’hui est spéciale. C’est celle d’un homme qui a bravé vents et marées pour réaliser ses rêves. C’est l’épopée d’un homme qui ne croit pas en l’impossible. Cet homme, c’est Luc Bendza. Certains l’appellent le Bruce Lee Noir.
L’histoire de Luc Bendza commence en 1969.
Nous sommes en 1969, dans la paisible province de Ogougue-lolo, une province située au centre du Gabon. Au sein de cette province, une ville, la ville de Koula-Moutou. C’est dans cette charmante cité et au sein d’une famille de hauts fonctionnaires que naquit Luc Bendza.
C’est en 1980, à l’âge de 11 ans que le jeune Luc se découvre une passion. Il est comme hypnotisé devant l’écran cathodique. Oui, car Luc adore regarder des films d’arts martiaux. Ces journées, il les passe à regarder des films chinois.
Ses idoles s’appellent Bruce Lee et Jackie Chan. Luc est alors, comme la plupart des enfants de cette époque, conquis par l’ingéniosité et la force des acteurs. Mais il était surtout fasciné par leur manière de se battre. Il avait l’impression qu’ils défiaient la gravité. Cette manière qu’ils avaient de voler…
« J’irai en Chine pour voler » se dit alors le jeune garçon.
C’est ainsi décidé, Luc veut devenir comme Bruce et Jackie ! Ce sont des hommes après tout, s’ils y sont arrivés alors lui aussi le peut. Il faut dire que le gamin est déjà très fort pour son âge dans la pratique des arts martiaux. Ses amis l’appelaient déjà maître. Luc tourna même son propre film dans les rues de Koulamoutou !
Un jour, il parla à sa mère de ses insolites projets d’avenir mais sans surprise, il essuie un refus catégorique. L’annonce de la nouvelle provoqua l’hilarité de la maman, qui voyait là un enième délire de son gamin. Le jeune garçon se soumit à l’autorité parentale mais ne fit pas pour autant une croix sur son rêve.
Ce que la plume du destin a écrit, tout l’art des hommes ne peut l’effacer.
Le coup de pouce du destin qui marquera le tournant de sa vie arrivera finalement 3 ans plus tard, en 1983. Luc avait alors 14 ans. L’un de ses oncles, dont il était très proche, fut nommé Premier Conseiller de l’ambassade du Gabon à Pékin. Eh oui, Pékin qui n’est autre que la capitale de la Chine.
Suite à la nouvelle, ses vieux rêves qu’il avait tant bien que mal essayé de refouler, refont soudainement surface. Luc tient sa chance, et il est bien décidé à la prendre. Il fait part de ses ambitions « Kung-Fuesques » à son oncle. Sentant la détermination du jeune homme, le tonton accepte. Mais il est encore trop tôt pour crier victoire. Il reste la personne la plus difficile à convaincre : Sa mère.
Luc Bendza retourne donc la voir et retente l’expérience qui s’était soldée par un cuisant échec quelques années plus tôt. Cette fois, le temps avait opéré sa magie. La mère de Luc s’était fait à l’idée que son fils voulait vraiment devenir maître de Kung Fu. Après moult négociations et grâce à l’aide précieuse de M. Wang Yuquan, professeur à l’université des langues étrangères de Tianjin dont Luc avait fait la connaissance quelque temps plus tôt, la mère décide de laisser partir son fils et lui donne ses bénédictions.
Luc Bendza a alors 15 ans quand il foule pour la première fois ce sol dont il avait toujours rêvé. À lui, la Chine !
Les débuts d’une grande ascension…
Le jeune homme ne perd pas de temps. Il sait ce pourquoi il est venu. Et il veut s’y mettre très vite. Aidé de son oncle, il s’inscrit dans un monastère Shaolin, situé quelque part dans le centre du pays. Pendant un an et demi, Luc y pratique le Taoïsme et le Wushu, un art martial qui cumule différentes disciplines dont le célèbre Kung-Fu.
A sa grande surprise, point de voltiges ni d’acrobaties défiant insolemment les lois de la gravité. La désillusion est brutale pour le jeune homme. Ce retour à la réalité ne brise pas ses ambitions pour autant. Luc Bendza s’investit alors corps et âme dans la pratique de cet art martial qu’il a prisé des années durant.
Très vite, le jeune Luc fait preuve de grandes aptitudes au combat. Ses collègues chinois sont alors subjugués par cet étranger au teint mat qui semble avoir vécu en Chine toute sa vie.
Parallèlement, Luc décide de faire un passage à l’institut des langues étrangères pour parfaire sa maîtrise du Mandarin, puis à l’université des Sports de Pékin où il étudie le Wushu, l’acupuncture, la physiothérapie ainsi que la médecine traditionnelle chinoise.
Quelque temps après, il fit la connaissance du maître Wang Huafeng, un érudit dans l’art du maniement du bâton. Luc en est fasciné. Il décide alors de devenir le premier disciple étranger du maître Wang.
…Puis vint la starification !
Luc dompte très facilement le bâton. En manque de défis, il décide alors de se consacrer à la technique du « Sabre Miao », un sabre d’une longueur de 1mètre 5 que seules cinq personnes maîtrisent en Chine. En 1990, Luc participe à une compétition dans cette discipline. Un défi de taille qu’il releva avec brio en décrocheant la médaille d’or. Ce n’est pourtant que la première d’une longue liste.
Luc Bendza est passé d’étranger lambda à une véritable star en Chine, se faisant même surnommer le « Chinois Noir de peau » par le président de l’époque.
En 1992, Luc Bendza participe à une compétition où il attire l’attention d’un certain Loweï, qui était le manager de l’une de ses idoles : Bruce Lee. Loweï, impressioné par la prestation du jeune homme, lui propose alors de jouer dans un film d’art martial. C’est comme un rêve éveillé. Luc accepte sans hésiter.
Le film ne verra jamais le jour mais lui permit tout de même de faire un premier pas dans le monde du Cinéma. Il tournera alors dans plusieurs films comme « Le dragon est Shaolin » ou encore « L’expert noir du Wushu« .
Aujourd’hui, Luc Bendza vit en Chine avec sa femme, une chinoise, et ses enfants. La Chine est pour lui une deuxième patrie. Il en a même acquis la nationalité. Mais il n’a pas oublié son Gabon natal et sa terre d’origine, l’Afrique. Luc est, entre autres, représentant du Wushu en Afrique et ambassadeur du cinéma africain en Chine. Il milite pour que le cinéma africain s’exporte à travers le monde.
« Je veux bien servir de pont entre la Chine et l’Afrique dans le domaine des échanges culturels, sportifs et économiques. Ce n’est pas facile. Il faut trouver des sujets qui vont aussi bien en Chine qu’en Afrique »
2016 fut pour Luc Bendza une année riche en émotions car c’est l’année où vit le jour un film documentaire retraçant son singulier parcours. Le film a pour titre « L’Africain qui voulait voler » et a été écrit et réalisée par Samantha Biffot, une réalisatrice d’origine gabonaise comme lui. Le film rencontre un francs succès qui fut nominé au cours de l’African Movie Academy Award (AMAA) du meilleur documentaire de l’édition 2017. D’une durée de 72 min, le film est un véritable hommage à cet homme dont la tenacité et l’envie de vaincre a inspiré et continue d’inspirer des millions d’Africains.
Luc Bendza est la preuve vivante que l’on peut réussir dans tout ce que l’on entreprend tant que l’on réunit les 2 ingrédients nécessaires à cette réussite : la passion et la détermination. Son histoire est celle d’un Africain qui a su se défaire des idées reçues et accomplir son rêve. Nombreux sont les Africains qui veulent se lancer dans des carrières qui sont incomprises du grand public et qui hésitent à sauter le pas. Ayez foi en vous et lancez-vous…
richement bénie d’avoir lu cet article. J’en suis fier. Je prie que le Seigneur suscite d’autres opportunités comme celle-ci pour élever d’avantage les couleurs du Gabon. Nous devons voir grand et ne pas abandonner comme Ya Luc. merci; Nous allons y arriver.