Transformer le nuisible en utile, c’est le défi que s’est lancée Mariama Mamane.
Cette jeune nigérienne de 27 ans, soucieuse des problèmes environnementaux qui affectent son pays et plus particulièrement le fleuve Niger, est la fondatrice de Jacigreen, une start-up eco-innovante dont le but est de dépolluer le fleuve Niger tout en produisant de l’engrais et de l’électricité.
Tout commence en 2016 à Ouagadougou, au Burkina Faso. Mariama Mamane est alors étudiante à l’institut international d’enseignement supérieur et de recherche (2iE) où elle poursuit des études en ingénierie de l’eau et de l’assainissement.
Cette année-là, l’école organise un concours qui permet aux étudiants de présenter leurs idées de projets, avec à la clé un coaching personnalisé de la part de jurys composés de professeurs, investisseurs et chef d’entreprises.
Mariama Mamane décide alors de soumettre un projet qu’elle rumine depuis 2013 : celui de transformer la problématique jacinthe d’eau en engrais naturel.
Si le nom de Jacinthe d’eau ne vous dit rien, les riverains du fleuve Niger eux le connaissent bien.
Sous ses airs de plante aux pétales délicates se cache en réalité l’une des plus grandes menaces de l’écosystème fluvial Nigérien.
Originaire d’Amérique du sud, cette plante aquatique a la particularité de proliférer à une vitesse incroyable créant ainsi un véritable tapis de verdure flottant, asphyxiant les cours d’eau et empêchant aussi la navigation et la collecte de l’eau pour l’irrigation.
Ce véritable colon du règne végétal étouffe les autres espèces de plantes et d’animaux aquatiques, notamment les poissons qui ne peuvent supporter les hauts taux de nutriments organiques qui finissent par s’accumuler.
À la longue, la plante en vient, ni plus ni moins, à tuer les plans d’eau.
La jacinthe d’eau représente aussi une autre menace importante pour la santé des Nigériens puisqu’elle constitue un excellent abri pour la ponte des œufs des moustiques, responsables de la transmission du paludisme, maladie dont les 80% des cas sont enregistrés en Afrique Sub-saharienne.
C’est cette plante que Mariama Mamane se met en tête de combattre.
Plutôt que de simplement chercher à l’éradiquer, elle décide de lui trouver une utilité en l’utilisant comme engrais naturel grâce à un processus de compostage en anaérobie.
Le biogaz qui s’échappe de ce processus est lui-même récupéré pour produire de l’électricité. Une pierre deux coups. C’est ainsi que naît le projet JACIGREEN qui remportera, le 17 Juin 2016, le premier prix du concours « parcours entrepeneurs » du 2IE.
« Ce fut le déclic de croire en moi et aussi aux changements que je pourrais apporter pour le développement durable. Après cela j’ai continué à travailler sur le projet en me rapprochant d’avantage des institutions et de la population afin que les solutions proposées par JACIGREEN répondent efficacement aux différents problèmes. Je suis très motivée par un besoin débordant de réalisations et je suis arrivée à ce cap avec une seule formule : « Le changement commence par moi-même. »
Quelques mois plus tard, Mariama Mamane est retenue pour la finale de l’édition 2016 du concours d’African Rethink Awards à Paris, qui reçoit une cinquantaine de jeunes entrepreneurs africains sélectionnés pour l’aspect innovant de leurs projets.
Elle se voit décerner le «Prix de l’encouragement » du Jury pour Jacigreen, jugé comme un projet à fort potentiel qui participe à la transition vers un modèle économique d’entreprise viable et durable en Afrique.
Très récemment, Mariama Mamane est lauréate pour le continent Africain du « Young Champion of the Earth Prize », un concours mondial visant à identifier, soutenir et célébrer les talents âgés de 18 à 30 ans animés par de grandes idées pour protéger et restaurer leur environnement.
Le gagnant de chacune des cinq régions (Afrique, Europe, Amérique du Nord, Amérique Latine et Caraïbes, Asie de l’Est) recevra un financement de démarrage de 15 000 USD, un mentorat d’expert ainsi qu’une formation basée sur les besoins et l’accès à des réseaux influents.
Chaque lauréat partagera également son parcours de mise en œuvre à travers une série de vidéos et d’articles de blogs tout au long de l’année.
Un prix et un encadrement qui seront sûrement d’une aide précieuse pour l’éco-optimiste Nigérienne qui prévoit en 2018 de produire 30.000 sacs de 50 kg d’engrais naturel ainsi que 1 700 000 Kwh, soit de quoi alimenter 2500 ménages, une aubaine pour un pays où les coupures de courant et autres délestages ne sont pas si rares.
Restaurer et protéger l’environnement est une tâche longue et ardue, le faire avec des moyens limités, l’est encore plus. Mais Mariama Mamane y croit. Plus qu’un souhait, c’est un véritable devoir.
« Il est primordial d’agir sur les problèmes environnementaux au Niger pour mieux faire face aux changements climatiques. L’environnement est un patrimoine commun nous devons le protéger pour assurer un développement durable. »
Un max de partage pour soutenir cette digne fille de l’Afrique!