E-Gouvernance : État de la présence du Cameroun sur Internet

Un long moment d’observation sur les réseaux sociaux permet de constater qu’il y existe tout genre de comptes : de personnes lambda, de stars de l’industrie du divertissement, de la musique à la cinématographie, d’entreprises privées, de médias, etc. Ce que l’on voit d’autres ce sont des personnalités politiques défendant à temps plein leurs idées, mais aussi des institutions publiques qui mettent en avant leurs activités. Dans ce dernier cas, c’est plus courant en Occident, notamment en France. Ça l’est un peu moins en Afrique, ou par exemple Cameroun et digital (Cameroun Digital) entretiennent une relation très perfectible . La ruée des États africains vers le digital est une donnée nouvelle, assez récente dans l’ensemble du continent éponyme. Un peu moins dans le Maghreb et certains pays anglophones ; un peu plus dans les pays d’Afrique noire francophone.

Si l’on reste sur la seule notion de présence, tous les pays africains ont fait le taf. Concernant la quantité d’institutions présentes, que ce soit via les sites internet ou les réseaux sociaux, c’est une autre affaire. Nous prendrons ici cinq cas : le Gabon, le Bénin, le Cameroun, le Nigéria, et la Tunisie.

Chacun de ces pays travaille sur sa présence digitale, et démontre sur certains aspects sa volonté à être non seulement présent, mais à donner de la vigueur aux institutions qui le représentent sur ces diverses plateformes. De manière directe, il faut dire sans tourner qu’une simple présence n’apporte pas de valeur ajoutée, ou de quoi se nourrir si elle n’a rien de gratifiant tel qu’une bonne base de données.

Pour ce premier volet de la série, lumière sera mise sur le Cameroun Digital. ??


Cameroun Digital : Présence sur les Réseaux Sociaux

Les réseaux sociaux concernés sont Facebook et Twitter. Aucun autre espace digital n’est exploité nommément par ces institutions. Cela constitue un boulevard à combler, pouvant mieux rapprocher les dirigeants des administrés.

Première grande nouvelle : la Présidence de la République du Cameroun proprement dite n’existe pas sur les réseaux sociaux. On pourrait presque croire qu’elle se substitue aux comptes du Président de la République.

Deuxième grande nouvelle : le pourcentage des ministères présents sur les réseaux sociaux n’est pas énorme, et varie selon que l’on n’est sur Facebook ou sur Twitter. Nous le verrons dans les lignes qui suivent.

Sur Twitter

Les comptes présidentiels

La présidence de la république n’existe pas sur internet. Du moins il n’existe pas de compte portant ce nom. Néanmoins, à titre substitutif nous avons le Cabinet Civil  ( @CabinetCivilPRC : 11 400 abonnés, 180 abonnements) et surtout la cellule de communication de la présidence de la république (@PRC_CellCom : 23 000 abonnés, 202 abonnements).

A véritablement parler, les deux comptes relaient quasiment les mêmes informations, toutes relatives aux activités du président la république. Et les mêmes informations se retrouvent sur le compte du chef de l’Etat @PR_Paul_Biya, qui détient 306 000 abonnés et 28 abonnements. L’activité présidentielle ne bénéficie que rarement d’un suivi en direct et (surtout) de qualité (avec des images en temps réel et des vidéos en direct) des évènements auxquels participe le chef de l’État.

Une chose qui tend à biaiser le relais digital à ce niveau. On n’y voit que des tweets sur les décrets pris, des messages de félicitations adressés aux autres chefs d’État pour la célébration de la fête nationale de leurs pays, ainsi que des messages de sensibilisation adressés à la nation. Les comptes « présidentiels » ont un potentiel de 340 400 abonnés environ.

Les comptes ministériels

Relativement aux ministères, sur les trente-quatre existants, seuls sept sont présents sur Twitter. Et sur les sept, seul un fait preuve d’un engagement assez constant, le ministère des relations extérieures (@diplocam_mirex : 5746 abonnés et 84 abonnements).

Les six autres sont pour ainsi dire à l’abandon. Ce sont :

Tous brassent 15 460 followers, sans toutefois démontrer d’une réelle attractivité. On pourrait comparer ces comptes à des journaux qui ont arrêté de paraître et de fournir des informations. Le peuple n’attend que cela, l’information, les données. Ces comptes du Cameroun Digital devraient en faciliter l’accès.

Le Parlement ici est absent. Il n’y a de compte ni pour l’Assemblée Nationale, ni pour le Senat. Pour le Senat, son  existence est déjà considérée comme inutile, alors un compte twitter… L’idée de leur présence sur les réseaux sociaux est la même que pour les autres ; montrer comment les choses se font et fonctionnent, et surtout de porter ces informations sur toutes les plateformes possibles. La fonction publique ne devrait pas se faire secrète comme les polichinelles.

 

Sur Facebook

Comptes présidentiels

Les chiffres ici sont les plus conséquents. Cela est dû au fait qu’il y a plus de personnes inscrites sur Facebook que sur Twitter. La page du Président de la République rassemble une communauté de 852 000 personnes (likes) environ. Les publications sont les mêmes que celles qu’on peut voir sur Twitter. Les comptes twitter et facebook du chef de l’Etat sont liés. Tout ce qui est mis sur Facebook apparaît automatiquement sur Twitter. Et parfois est même reposté après. A ce niveau il y a un réel souci dans le community managment (la gestion) de ces comptes. Pour une telle institution, il faudrait des personnes qualifiées et expérimentées, qui comprennent les réseaux sociaux au cœur de la gestion de ses comptes.

La cellule de communication de la présidence de la république se fait aussi présente, avec une page de 7300 likes. Aucune publication n’a été faite dessus depuis le 31 octobre 2017. Le cabinet civil quant à lui draine 4620 likes. Cette page se contente de partager les publications faites par la cellule de communication de la présidence. Le total pour les comptes  présidentiels 863 920 likes.

La remarque à faire ici est la même que sur Twitter. La communication digitale est essentiellement réduite aux actes pris par le chef de l’État. Rarement on a droit à des contenus exclusifs, dans le style de la vidéo partagée par la footballeuse Tchouta Adjara où l’on voit S.E Paul Biya tout souriant comme un gamin, en pleine célébration de la prestation des Lionnes Indomptables, sorties Vices-championnes de la CAN féminine 2016 organisée au Cameroun.

Comptes ministériels

Au niveau des ministères, quatorze sont présents, et expriment un plus grand engagement que sur Twitter. Ce sont :

  1. Le ministère du tourisme et des loisirs ;
  2. Le ministère des travaux publics ;
  3. Le ministère du commerce ;
  4. Le ministère des relations extérieures ;
  5. Le ministère de la communication ;
  6. Le ministère des postes et télécommunications ;
  7. Le ministère de l’habitat et du développement urbain ;
  8. Le ministère des arts et de la culture ;
  9. Le ministère du travail et de la sécurité sociale ;
  10. Le ministère de transports ;
  11. Le ministère de la jeunesse et de l’éducation civique ;
  12. Le ministère de la justice ;
  13. Le ministère de la promotion de la femme et de la famille ;
  14. Le ministère des mines, de l’industrie et du développement technologique.

Tous ces ministères constituent un ensemble de 50 000 likes environ. Le ministère du tourisme et des loisirs qui brasse une plus large communauté parmi tous, avec 8300 likes.

Précisions : Le ministère de la communication est inactif depuis le 26 octobre 2016. Heureusement, les autres ne suivent pas cet exemple. Le ministère du tourisme par exemple ne manque pas de partager ses belles aventures au gré des festivals et des campagnes d’exploration qu’il organise tout au long de l’année ; mais aussi les activités même du ministre du tourisme et des loisirs, Bello Bouba Maigari.

Notons pour finir ici que les comptes et pages sur les réseaux sociaux sont essentiellement articulés en langue française. Un détail qu’il faut remarquer car le Cameroun est un pays bilingue. Il faudrait prendre en considération cette diversité dans le relai informationnel.

Du côté du parlement, l’Assemblée Nationale est présente sans disposer d’une large communauté, avec 1700 likes sur sa page. Mais aussi un engagement constant sur les activités de l’Assemblée Nationale. Le Sénat quant à lui est absent. Le Cameroun Digital n’est pas brillant par ici, du tout.

Cameroun Digital : Les sites Internet institutionnels

La présidence de la République, l’Assemblée Nationale, et l’ensemble des ministères disposent de sites internet. Le premier constat à faire ici porte sur leur caractère hétérogène. Chaque site internet se présente différemment des autres, contrairement au Gabon où l’on a pu constater une certaine uniformité sur la présence des sites internet des ministères et de la présidence de la république.

Présidence de la République

Le site internet de la Présidence de la République rassemble les actes pris par le chef de l’État, ses déplacements, la politique de gouvernance, les visites reçus au sein du palais présidentiel. On y retrouve aussi les informations sur l’organisation de l’institution faitière du Cameroun, ainsi que sur les grands projets en cours du pays ; quoique de manière sommaire.

Ministères

En ce qui concerne les ministères, l’impression qui en ressort varie selon le ministère. On voit là un bémol à cette hétérogénéité des sites internet dans la relation Cameroun et digital : chaque ministère procède à sa manière. Chacun de ses ministères a son site internet à jour et met à la disposition du public des informations précieuses. Le ministère des travaux publics par exemple nous fait part des grands chantiers routiers en cours actuellement dans le pays, mais aussi le classement des routes avec le nombre de kilomètres bitumés.

Capture mintp

Classement des routes

Un autre exemple est celui du ministère de la santé, dont la page d’accueil du site internet donne un bon ton ; notamment le choix de la langue et la présentation des grandes rubriques, et laisse entrevoir une belle suite une fois à l’intérieur de la plateforme. Ce qui se confirme car on retrouve bon nombre de données intéressantes sur le calendrier vaccinal, la carte sanitaire, ou encore les pharmacies de garde.

Minsante

De manière générale tous ces ministères explicitent leurs organigrammes, leur organisation, ou encore les établissements publics ou para-publics qui sont sous leur tutelle.

Le Parlement

Terminons avec le Parlement, uniquement représenté ici par l‘Assemblée Nationale dont le site internet offre à l’accueil le choix entre le français et l’anglais. Oui, le Cameroun est bien bilingue comme pays.

Capture d'image du site de l'Assemblée Nationale Cameroun
États africains sur le digital ; cas du Cameroun

A l’intérieur du site est mis à disposition du public des législations votées par le parlement, partant de l’année 2014 à ce jour. Ce serait assez édifiant de remonter un peu plus afin que chacun, si l’intérêt y vient, puisse faire une chronologie de l’évolution de la loi dans un secteur donné.

Que retenir ?

L’État camerounais présente encore des lacunes dans la conversion au digital, notamment à travers ses grandes institutions. Toutefois il faut saluer l’effort fourni jusque-là, particulièrement en ce qui concerne les sites internet. Sur les réseaux sociaux on a encore affaire à de vastes chantiers. L’avenir nous permettra de relever les potentielles évolutions.

 


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