Dans le monde de la photographie, il y a de ces artistes qui se démarquent par la puissance de leurs clichés. Des clichés qui dégagent une certaine aura indescriptible capable d’effleurer la sensibilité des cœurs les plus endurcis. Omar Victor Diop fait partie de cette catégorie. Son sujet de prédilection ? L’Afrique dans tout ce qu’elle a de plus beau.
Le commencement…
Omar Victor Diop nous vient du pays de la Téranga, le Sénégal, le « Galsen » pour les intimes. Né à Dakar en 1980, il est diplômé de l’Ecole Supérieure de Commerce de Paris.
Il est engagé dans un premier temps comme analyste pour la société Ernst&Young puis pour la British American Tobacco. Très vite, il réalise qu’il est immergé dans un monde qui ne lui correspond pas. Oui, car Omar Victor Diop est un artiste dans l’âme et rédiger des rapports annuels, ce n’est pas vraiment ce qu’il y a de plus créatif.
Ce trop-plein de créativité refoulée qui pétille en lui, Omar l’extériorise pendant ses week-ends, en compagnie de son appareil photo avec lequel il s’amuse à réaliser des portraits. A ce moment précis, Omar Victor Diop était encore loin de se douter que cette passion à laquelle il s’adonnait pendant son temps libre allait devenir son métier et qu’elle le ferait voyager à travers le monde.
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La révelation…
C’est en 2011 qu’Omar Victor Diop se révèle au grand public. Aux rencontres Africaines de la Photographie à Bamako, il dévoile sa série « Fashion 2112, le futur du beau », qui questionne les standards de beauté et d’élégance d’un monde pas si utopique où l’homme est « devenu victime de ses propres rebuts, déchets qu’il a produits et jetés allègrement pendant des siècles, sans scrupules. »
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Pour ce faire, l’artiste n’y va pas avec le dos de la cuillère : rouleaux de papier toilettes, sac poubelles, bouteilles d’eaux minérales, éponges à récurer….
Tout y passe.
« Fashion 2112 est une projection visuelle de ce que pourraient devenir nos standards de beauté et d’élégance, le jour ou jeter sera de très mauvais goût. »
Le concept est génial et accrocheur. Aidé par sa thématique écolo qui est plus que jamais au goût du jour, « Fashion 2112, le futur du beau» rencontre un vif succès.
C’est à ce moment qu’Omar Victor Diop prend un tournant décisif de sa vie : son seul objectif est désormais celui de son appareil photo. 🙂
- Embouteillage, le futur du beau.
La consécration.
Il enchaîne alors avec d’autres projets tels que « [Re-]Mixing Hollywood » (2013) ou encore « Alt+Shift+Ego » (2014) mais c’est grâce au projet « Diaspora » (2014) qu’il suscitera de nouveau l’attention.
« Diaspora », c’est une ode à l’Afrique et à son histoire. Cette série se présente sous la forme d’autoportraits. Omar Diop s’amuse et cela se voit. Il incarne, le temps d’une photo, des personnages célèbres, parfois oubliés, de la diaspora Africaine du 15ème au 19ème siècle. Que ce soit dans la peau de Jean Baptiste Belley, le premier député français noir ou d’Albert Badin, prince du Congo de 1830 à 1860, Omar Diop mixe habilement l’ancien et le moderne, n’hésitant pas à faire des références au sport roi en Afrique : le football.
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« L’immortalité, un mot qui a une place importante dans ma pratique de l’art. »
Mais l’année 2014 n’est pas seulement l’année du projet « Liberty », c’est aussi celui d’un autre projet tout aussi exceptionnel, « The Studio of Vanities ». Derrière ce nom se cache une série au concept novateur : rassembler sous la même bannière ceux que l’artiste appelle « les nouveaux visages de la culture urbaine Africaine».
Ils sont noirs, arabes, blancs, peu importe ! Ce qui importe, c’est ce point commun qu’ils partagent : ils sont créatifs et ambitieux, ne reculent point devant l’adversité et surtout ils œuvrent à positionner l’urbain Africain en tant que creuset de la création contemporaine.
« Il s’agit ici d’aller au-delà de l’exercice purement représentatif qui veut que chaque portrait soit l’« immortalisation » d’un sourire niaisement endimanché. La démarche est collaborative, en ce sens que le sujet et moi-même assemblons des indices vestimentaires et décoratifs porteurs d’affirmations identitaires, de translations sociales, de «sartorial statements».
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« The Studio of Vanities », c’est le visage d’une Afrique soudée, d’une Afrique qui ose, bref d’une Afrique qui gagne. « The studio of Vanities » c’est le projet qui traduit le mieux l’idéologie de son concepteur : celle d’un Afro-optimiste convaincu.
Cette idéologie se retrouve également dans son dernier projet en date, « Liberty », « la chronologie universelle du protestantisme noir ».
Dans cette série de clichés à l’esthétisme très soigné, Omar Victor Diop met en parallèle la relation entre deux mondes que tout oppose : les sociétés Africaines et les puissances occidentales. Relation tumultueuse qui donnera naissance à ce que l’artiste appelle « la protestation noire ».
« Liberty évoque, interprète et juxtapose des moments marquants de cette protestation Noire certes différenciés par le temps, la géographie ou l’ampleur, pour souligner ce qui permet pourtant de les placer dans une même chronologie, celle d’une quête éperdue d’une liberté bafouée. »
Résolument tournée vers une idéologie panafricaine, cette série dénonce, mais au-delà de la dénonciation, c’est surtout un hommage et un devoir de mémoire auxquels se livre l’artiste.
- Selma, 1965
Pour les chanceux du côté de la France, « Liberty » est en exposition lors de la 13ème édition du « Gacily Photo », le plus grand festival Photo de France en plein air et ce, jusqu’au 30 Septembre 2017.
Si vous aimez l’Afrique et les belles images, n’hésitez pas à y aller faire un tour. Pour ceux qui ne résident pas en France, pas d’inquiétude ! Vous pourrez toujours vous rendre sur le site web de l’artiste et admirer ses œuvres en cliquant ici.
Entre « Le futur du Beau », « Diaspora », « Liberty », « The studio of Vanities » lequel de ces 4 projets vous a le plus impressionné et pourquoi ? Dites-le nous en commentaires !