L’Afrique distinguée au Salon du Livre de Genève

Genève, Genève. Quelle ville fièvre. Du 25 au 29 Avril 2018, la fière ville accueillait la 32ème édition du Salon du livre et de la presse. Pendant 4 jours, les passionnés de littérature, de livre et d’Afrique ont brillamment animé ce rendez-vous historique, en tout point. L’Afrique, oui. L’Afrique dans tous ses sens, avec tous ses gens et thèmes. Cette édition marquait également le 15ème anniversaire du Salon Africain.

L’évènement a connu la présence de grands auteurs Africains de toutes les générations dont Aminata Sow Fall, Ken Bugul, Véronique Tadjo, Sami Tchak, Florent Couao-Zotti. Autant de personnalités marquantes de la littérature africaine. Celle-ci a été mise à l’honneur à travers ses talents et ses amazones, mais aussi à travers la remise du Prix Ahmadou-Kourouma, du nom de celui qui a dit qu’Allah n’était pas obligé. Ce prix littéraire récompense « chaque année un ouvrage dont l’esprit d’indépendance, de lucidité et de clairvoyance s’inscrit dans le droit fil de l’héritage légué par Ahmadou Kourouma », écrivain ivoirien et monument du patrimoine littéraire de l’Afrique.

Le lauréat de cette année, l’écrivain congolais Wilfried N’Sondé, succède ainsi à Maxe Lobe avec son roman « Un océan, deux mers, trois continents » qui retrace les aventures du prêtre bakongo Nsaku Ne Vund sur la route triangulaire des esclaves. Interrogé par la rédaction de Irawo, sur les raisons qui ont motivé l’écriture de ce roman, Wilfried N’sondé répond :

« J’avais envie d’écrire un autre type de roman différent de ceux que j’avais déjà écrit. Mon oncle m’avait dit que je descendais de marchands d’esclaves. Avec ce personnage, je pouvais réécrire un roman d’aventure dans un contexte historique précis mais aussi revisiter l’histoire de la traite avec un regard nouveau, l’aborder sans couleur de peau. Je voulais travailler plus sur un rapport de soumission, de domination et de sous-exploitation. Ce personnage, je n’invente pas son existence mais j’invente sa perception du monde.« 

Ⓒ Pierre Albouy

Étaient aussi présentes, entre stands et papiers, quelques maisons d’édition africaine qui ont fait le vœu de promouvoir la littérature africaine auprès du reste du monde. Nombreux sont les talents qui ont été mis en exergue au détour des stands remplis de livres, eux mêmes remplis de millions d’histoires sur l’Afrique, ses gens et ses drames. Voici 3 maisons d’éditons présentes au salon africain qui ont capté l’attention de Irawo News !

1- Le collectif Africa BD

Africa BD est un collectif propulsé en 2015 par Simon Pierre Mbumbo à la suite de l’association Afrique Dessinée et de Toom-Comics, une plateforme en ligne entièrement dédiée à la bande dessinée africaine. Dessinateur et auteur camerounais, Simon Pierre Mbumbo lutte pour intégrer pleinement l’Afrique au marché de la BD. Le collectif Africa BD regroupe les éditeurs ( Toom-Editions du Cameroun, les éditions Laï Momo de l’Italie , Ago Média du Togo et les éditions Dalimen de l’Algerie) , répartis dans le monde, qui travaillent à une meilleure visibilité et consistance de la BD Africaine.

Un bon dessin ne peut pas racheter un mauvais scénario. C’est la raison pour laquelle le collectif crée des synergies entre auteurs  professionnels et créatifs pour améliorer la recherche graphique et la qualité des histoires racontées dans les BD africaines. Face à l’abondance des BD, Mawuto Paulin Assem co-fondateur de Ago Media, que j’ai eu au micro, opte quant à lui à un retour aux sources iconographiques et mythologiques africaines pour enrichir la BD africaine. Ago Media, maison d’éditions togolaise, a été créée en 2008 par un groupe d’amis passionnés par la littérature. Elle a publié l’histoire du premier super héros togolais « Scarf », lycéen le jour et terreur nocturne des trafiquants d’êtres humains.

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2- Bakame Editions, meilleur éditeur de livres pour enfants

Fondée en 1995, Bakame Editions a été créée par Agnes Gyr-Ukunda pour promouvoir une littérature de qualité pour la jeunesse à travers des contes, des livres illustrés, des livres scolaires, des romans et des albums. Depuis 23 ans, cette maison d’édition fait revivre la littérature orale traditionnelle par l’écriture. Elle veut aussi pallier à l’insuffisance d’espaces de lectures au Rwanda en ouvrant des bibliothèques et en initiant des activités pour partager l’amour de la lecture aux jeunes. Bakame Editions promeut une littérature qui dépeint la culture et la vie quotidienne des Rwandais. . Les livres sont pour la plupart écrits en Kinyarwanda, la langue nationale du Rwanda parlée par la totalité des habitants.

«  Un livre doit être beau, il doit être esthétique. Ceux qui font l’édition en Afrique doivent en faire une passion parce qu’elle se bâtit sur rien. Nous n’avons pas de références dans les pays à part les éditeurs qui viennent d’ailleurs. Nous les éditeurs d’Afrique, nous devons éditer des livres qui répondent vraiment aux besoins des gens en Afrique. Dans nos pays, avec nos différentes langues qui véhiculent notre histoire et notre culture, nous devons donner aux jeunes des livres qui vont dans ce sens, qui leur montre la réalité, qui renforcent leur identité en tant que Africain, en tant que Rwandais, Ivoirien, Sénégalais, etc. Il faut d’abord être ce que nous sommes en tant qu’Africains et puis être citoyens du monde après  » Agnes Gyr-Ukunda

Un livre doit être beau, il doit être esthétique. C’est la raison pour laquelle Bakame Editions travaille sur la présentation en produisant des ouvrages de qualité exceptionnelle qui ont valu moult fois le titre de meilleur éditeur de livres pour enfants. Bakame Editions a reçu le « Certificat de mérite de contribution à la promotion de la culture » et été reconnue comme association d’utilité publique par le gouvernement rwandais.

Il faut d'abord être ce que nous sommes en tant qu'Africains et puis être citoyens du monde après Cliquez pour tweeter

3- La Nsanda Librairie, le rêve des 10

Plus que la négritude, l’Africanité. Nsanda explore la dimension culturelle et traditionnelle pour se reposer sur les parties vivantes et fortes de la culture. Ils publient des auteurs originaires de l’Afrique ou qui parlent de l’Afrique. La libraire, bras armé d’une association créée par 10 frères et sœurs passionnés par la littérature africaine. Ils sont convaincus que « l’apprentissage de la culture par la lecture, peut et va jouer un rôle déterminant en terme de développement pour la communauté africaine« . 

Spécialisés dans la diffusion d’œuvres portant sur la philosophie, la sociologie, la spiritualité africaines, Nsanda se propose de ramener la diaspora à ses racines africaines. Depuis 2017, année de son lancement, l’association organise également des évènements autour de la renaissance africaine. La librairie utilise les réseaux sociaux, Facebook et Instagram, pour présenter et distribuer sa sélection de livres.

Le salon s’est clôturé en beauté sur les notes du trio The SugazZ, invitées par William Makosso, directeur du festival CouleurCafé consacré aux musiques et cinémas de l’Afrique. Finalistes The Voice 2017, Hélèni, Betty et Natacha chantent depuis 15 ans. Avec leurs mélodieuses voix, elles ont emporté les amoureux de l’Afrique et de la lecture dans un univers RnB où retentissait parfois un Djembé déchaîné. Quelques part durant ces 5 jours, nous avons déniché un Irawo. Mais ça c’est une autre histoire…

Ⓒ The SugaZz

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