Combien en connaissez-vous ?
De photographes africains. De photographes africaines. De photographes africaines à succès sur le continent. Peu importe le nombre, eh bien ce n’est pas assez ! Car cette jeunesse féminine pétrie de talent n’est pas toujours sous les feux des projecteurs, mais elle est bien présente. Résolue à faire de la photographie son moyen d’expression privilégié. Parmi les plus déterminées d’entre elles, se trouve Victoire Agbemehin, fondatrice et manager de Happuc Photography. Nous avons inversé les rôles et pendant un moment, braqué l’objectif sur elle pour découvrir comment elle immortalise le bonheur…
Victoire est née à Lomé d’une famille d’amoureux des chiffres. Un père banquier, une mère commerçante et des frères sur les mêmes sentiers ne représentent certainement pas l’environnement le plus fertile pour que mûrisse une fibre artistique. Et pourtant… De 2012, où elle capture ses premiers clichés à aujourd’hui, elle s’est frayée son chemin dans la sphère photographique togolaise et sous-régionale. A 24 ans, elle est la fondatrice et directrice générale de Happuc Photography, une agence spécialisée depuis 6 ans dans la photographie et la production de contenus multimédia.
Les premiers amours
Avec Victoire il n’y a pas eu de coup de foudre soudain à l’adolescence. Les choses ont commencé très tôt et se sont faites très naturellement. Dès son plus tendre âge, le bel art visuel ne l’a jamais laissée indifférente. Les affiches et autres panneaux publicitaires ne manquaient pas d’accrocher son regard de petite écolière. Et le Cinéma était sa peu orthodoxe réponse au traditionnel « Que veux-tu faire plus tard ?». Son regard observateur a progressivement donné naissance à un sens de l’analyse qui la faisait questionner tout ce qu’elle voyait, entendait, lisait. «Dès que je finissais un roman, il fallait que je réécrive l’histoire à ma sauce ».
C’est ce besoin de reprendre les choses en main qui l’a d’abord poussée au graphisme, puis de fil en aiguille à la photographie. « Chaque fois que je voyais une photo, je me demandais, pourquoi mettre ceci là et non là ? Qu’est-ce qu’aurait donné ceci à la place de cela ? J’avais envie de les reprendre sous différentes perspectives ». Puis un jour de l’année 2012, eut lieu le fameux « pourquoi pas », qui la fit se jeter dans le tourbillon auquel la conviait la danse des images.
Un nouvel univers s’ouvrait à elle..
Celui que le temps n’altérait pas, celui qui lui donnait une voix et lui faisait transmettre des émotions. Les premiers clics furent magiques. Dès lors, tout tenait lieu de cible à mitrailler : un chat errant, un ciel nuageux, une vendeuse de beignets, un guitariste à l’église… La passion s’installait insidieusement et rien ne pouvait la déloger. Ni l’impossibilité de se former dans une école spécialisée, qu’elle a balayée en devenant l’élève du Web. Ni la perte du petit appareil photo numérique de ses débuts, que lui avait prêté son frère. Convaincue que tout arrive pour une raison, elle a profité de ces longs mois sans « mitraillette » pour se gaver de tutoriels sur les bases de la photo, du traitement, les techniques etc… Maîtriser la théorie était de toute façon indispensable pour elle.
Victoire Happuc comme beaucoup la surnomment aujourd’hui, c’est le genre à creuser un trou dans le mur quand une porte se ferme. Nombreux étaient ceux qui ne comprenaient pas le chemin qu’elle empruntait et dont elle ne semblait plus revenir. Durant ses premières années d’étudiante en Marketing et Communication, elle se souvient du regard désapprobateur de son père qui ne voyait pas d’avenir pour une si jeune femme dans ce « hobby ». L’entourage partageait ce scepticisme et attendait que passe, ce qu’ils supposaient être une phase. Mais une pensée faisait tenir l’artiste : « Ne dis pas tes rêves, montre les ». Et le moins qu’on puisse dire c’est qu’elle en a mis plein la vue !
Ne dis pas tes rêves, le monde ne comprendra pas. Montre les - Victoire Happuc Share on XSourires, nostalgie, bonheur…
Le nom Happuc trouve son origine dans la Bible (Job 42 : 14), de Keren-Happuc, et signifie la beauté, l’éclat. C’est pourquoi Happuc est la photographie du bonheur, celle de l’espoir et des petits instants qui ont le pouvoir de nous rappeler que le présent est un présent. Quand on connait Victoire, cela n’étonne guère que cette optimiste farouche ait fait le choix de capturer les belles émotions. Et face à la plus puissante d’entre elles, l’Amour, sa créativité atteint son paroxysme. La photographie de famille, celle d’événements et particulièrement celle de mariage sont le terrain qu’a conquis Happuc Photography.
Il faut pouvoir déceler ce qu’est un artiste à travers son œuvre - Happuc Photography Share on XA post shared by Happuc Photography (@happucphotography) on
La personnalité lumineuse et romantique de leur auteure se décèle sur ces clichés. Un point essentiel pour Victoire car selon elle : « Le bon photographe est entre autres celui qui sait transmettre un peu de son âme. Il faut pouvoir déceler ce qu’est un artiste à travers son œuvre. 10 photographes doivent capturer la même scène de 10 manières différentes ».
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Never judge the book by its cover*
… serait un excellent chapitre dans un « Happuc pour les Nuls ». Car l’apparence juvénile et réservée de Victoire camoufle son potentiel aux yeux du monde. Mais lorsqu’elle se retrouve avec l’outil magique entre ses mains, son entièreté et sa passion parlent à sa place, dans cet univers où elle se sent le plus elle-même. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles, elle faisait à ses débuts des prestations gratuites. « Je trouvais récompense dans les sourires, les mercis. C’était ma passion donc c’était un plaisir d’offrir mon travail ». Si bien qu’à la fin de ses études, à la place des offres de stage, elle était plutôt sollicitée pour des prestations photo. Elle était partout. Puis les réseaux sociaux ont construit le reste de sa réputation. Très vite, il a fallu se professionnaliser pour répondre aux nombreuses sollicitations. Aujourd’hui, Happuc Photography c’est une équipe de 5 professionnels porteurs d’une vision commune, « Révéler la splendeur qui est en vous ».
Victoire quant à elle est désormais formatrice, speaker et photographe officielle sur divers projets au Togo et à l’international, à l’instar d’Amazones 3.0 (projet de création d’une escouade d’expertes africaines du digital) dont elle était l’une des mentors.
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N'aie pas peur de t'avouer tes rêves Share on XBeaucoup lui demandent comment elle a réussi à survivre dans ce métier, « toi une femme en plus ! ». Ce à quoi, elle répond avec un sourire dans la voix : « Je me répète que tant que Dieu sera à mes côtés, à moins que je décide de m’arrêter, rien ne m’arrêtera ». C’est dit ! Loin de se clamer invincible, elle est convaincue que s’avouer ses rêves est la première étape pour leur donner vie. Et lorsqu’on les couple à une vision et de l’action, on pose les pas pour les construire.
Positiv’Attitude
Comme beaucoup de jeunes qui décident vivre de leur passion, les coups durs ne manquent pas. Surtout dans un domaine qui peine encore à être valorisé. Mais la jeune artiste a conscience de représenter un modèle. « Je vois tant de jeunes qui ont des talents mais qui n’ont pas encore ce qu’il faut pour les matérialiser. Alors je me sens tenue de leur servir d’exemple. Certains disent même que je suis une source de motivation. Je n’ai pas le droit de laisser tomber ».
Et pour rendre un peu de tout ce qu’elle a reçu de la vie, Victoire a également à son arc la corde de coach en motivation et développement personnel, et accompagne à cet effet sur les réseaux sociaux, une communauté de centaines de personnes à trouver leur voie.
Pense-t-elle avoir abouti ? Certainement pas ! Depuis quelques mois, Happuc Photography est en migration pour devenir Happuc Company, « car il est temps de conquérir d’autres territoires ». Elle flirte déjà avec la vidéo, et le cinéma lui fait les yeux doux. En tous les cas, quelque chose nous dit, que quelque soit le chemin qu’elle empruntera, des fleurs pousseront sur son passage.
Tu connais quelqu’un qui a besoin du dé-clic ? ? Fais-lui découvrir Victoire 😉
*Ne jugez pas un livre à sa couverture