Cet article est issu de la série « Secure Le Djai » où des talents Africains vous dévoilent comment ils ont transformé leur passion en business prospère.
Un rêve d’enfance est comme une graine déposée à l’intérieur de nous, pour nous indiquer une destinée de vie. Une indication, et non une obligation, car le choix nous appartient de la nourrir ou de la laisser mourir. La vie n’étant pas les bisounours, cette dernière option est celle que beaucoup sont bien forcés de choisir. (Salam à tous les ex-futurs astronautes, hôtesses de l’air, magiciens et karatéka). Cependant, quelques OVNI réussissent la prouesse de s’accrocher à la petite graine et de la laisser éclore. Comme Zinam Houngbedji, cette béninoise qui à 7 ans rêvait de fabriquer des chaussures. A ce jour, elle tient d’une main sa marque DIDE , et de l’autre, un parcours inspirant et un avenir florissant.
DIDE Collections, la matérialisation d’un grand amour
D’emblée, Zinam se présente comme une jeune femme telle qu’on en croise tous les jours. Des études menées avec brio, une licence en poche, un master à l’horizon et l’ambition de se constituer un CV long comme le bras. Pourtant la graine était toujours enfouie en elle. Son aventure entrepreneuriale débute après l’obtention de sa licence en commerce international. Elle devait poursuivre en Master, sauf qu’elle entendit un appel trop fort pour être ignoré.
Frileuse, elle commence d’abord par toucher aux tissus, avec pour idée de devenir pagneuse, comme une Nanawax des temps actuels. Mais la satisfaction n’y était pas. Elle s’intéresse alors au cuir dont le matière, belle, harmonieuse et solide allait de pair avec son rêve d’enfant. C’est ainsi qu’au lieu de s’inscrire en Master, elle se paye une formation en maroquinerie avec l’argent destiné à cela. Grosse prise de risque, entièrement motivée par sa passion et son ambition. La peur de l’échec ne devrait pas avoir le dernier mot. Et Zinam est de ceux qui préfèrent la douleur d’un échec à celle de n’avoir pas essayé.
Au commencement était Zii Collections
Avant de lancer son business, Zinam va loin de sa zone de confort, comme pour s’entraîner à la rude vie d’entrepreneur qu’elle entend mener. Elle enchaine stages bénévoles et petits boulots, d’un côté pour se perfectionner, et de l’autre, afin de constituer ses fonds de départ. 2019, diplôme en maroquinerie obtenu, un million de francs CFA en poches comme capital et avec le soutien sans faille de sa mère, elle crée sa marque : Zii Collections. La vision est aussi simple que lourde de responsabilités : offrir de la maroquinerie de qualité supérieure à partir du savoir-faire africain.
Elle laisse s’exprimer l’artisane en elle et passe des nuits blanches à dessiner, réaliser et affiner ses créations. La marque débute en proposant des sandales en cuir pour hommes… qui font carton plein.
Une publication en statut whatsapp
….qu’un ami fait de l’une de ses créations, et c’est trois commandes qui arrivent. Le bouche-à-oreille et les réseaux sociaux font le reste du travail. Elle se sert des retours d’expérience pour communiquer sur son activité et se faire connaître. Au fur et à mesure, elle ajoute aux sandales hommes, les chaussures pour femmes, puis les pochettes et les sacs à main. Méthodiquement, elle avance en essayant des choses et en tirant des leçons de ses tests. Les premières collections lui permettent d’évaluer l’intérêt du public et d’identifier leurs besoins et préférences. vis-à-vis de ses produits. Les retours et les ventes lui apportent la confirmation dont elle a besoin : ses créations plaisent, beaucoup !
Cependant, pour l’évolution saine de son projet, elle savait qu’il lui fallait d’autres ingrédients. Face au succès du début, beaucoup commettent l’erreur de s’endormir sur leurs lauriers. Mais lorsqu’on vise une réelle croissance dans l’univers impitoyable de l’entreprenariat, il faut bien plus que le talent. Cela demande de travailler intelligemment, d’évoluer constamment, d’entretenir l’intérêt du public et d’investir dans les outils favorables au progrès. Prenant conscience de cela, Zinam décide de s’inscrire au Bootcamp de la Passion. D’entrée de jeu, elle a pensé qu’elle y trouverait simplement le moyen d’affiner sa stratégie de communication. Elle pensait en effet que c’est tout ce qui lui manquait. Mais, une fois dans le bain, elle réalise vite que non.
De Zii Collections à DIDE
Dans le bootcamp de la passion, la jeune créatrice réalise tout le potentiel de sa marque. Elle veut alors passer à un niveau réellement supérieur : créer une vraie communauté, redéfinir la marque, gagner plus d’argent et ouvrir sa première boutique. Elle travaille dur pendant le bootcamp et ne néglige aucun détail.
Étape 1 : Redéfinir l’identité
Toujours adepte des prises de risque, Zinam décide de changer le nom de sa marque. Pour cela, elle revient à son ambition de départ : que sa marque incarne la jeunesse qui se lève et reste debout, celle qui ne flanche pas et s’en sort avec les moyens dont elle dispose. En 2021, Zii Colletions fait sa mue pour devenir DIDE. Ce mot de quatre lettres nous vient de la langue Yoruba, et veut dire « DEBOUT ». Debout telle une femme vaillante, tel un bébé qui jour après jour apprend à marcher puis se met à courir.
« Avance avec confiance » qui par ailleurs est le slogan de la marque. On peut dire qu’elle prêche par l’exemple.
Étape 2 : Communiquer pour gagner
En artisane talentueuse, Zinam a l’œil pour apprécier la qualité visuelle et a ainsi toujours tenu à ce que l’identité visuelle de sa marque soit irréprochable. Pour évoluer, elle développe un branding beaucoup plus convainquant en mettant en avant sa proposition de valeur. Sur les réseaux sociaux, elle laisse s’exprimer sa fibre de storyteller et de créatrice de concepts. Consciente de l’importance de maintenir la constance, elle s’assure de communiquer en continu sur les créations, les promotions, le behind-the-scenes, les retours des clients, etc. Ce dernier point est par ailleurs extrêmement important pour elle, car en plus de produits de qualité, il lui est crucial de délivrer un service client tout aussi qualitatif. C’est cela la base d’un bon retour client, et un client satisfait peut en apporter cent.
« Un client satisfait peut en apporter cent. Alors en plus de produits de qualité, il est crucial de délivrer un service client tout aussi qualitatif ». Zinam Houngbedji @Didecollections Share on XDes vertes, des pas mûres et de belles surprises
Au Bénin, la maroquinerie est un secteur encore en développement. D’un côté, l’on constate une certaine difficulté dans l’accès aux matières premières. De l’autre, les populations ont peu confiance aux artisans maroquiniers locaux. Zinam n’échappe pas à ces déconvenues. Elle en a même connu d’autres avec des collaborateurs véreux. C’est bien courant dans les affaires, les personnes de mauvaise moralité. Mais elle a fait le choix de garder surtout en mémoire les points positifs. Le tout premier, et peut-être le plus important, est le bel accueil de ses créations par le public béninois. C’est une chose qu’elle craignait en effet, du fait de la « béninoiserie » populairement répandue. Mais nous vous l’avions déjà dit ici, la béninoiserie est un cliché. La vérité est que ce qui est fait avec originalité, qualité et passion peut être difficilement mal reçu et le public ne peut que lui reconnaître sa valeur.
Toujours à l’écoute de son marché, Zinam diversifie sa gamme et élève le niveau de ses créations : de nouvelles matières sont intégrées, le cuir est sourcé des meilleures tanneries du monde, le tissu Kanvô est utilisé pour confectionner des chaussures, sacs et accessoires.
Lire aussi : Môoda et le Kanvô, la passion du pagne Tissé Béninois
DIDE Collections restera debout pour longtemps
La marque portée par la jeune béninoise de 25 ans n’a que 3 années d’existence mais est déjà fortement inspirante. Son passage dans le Bootcamp de la Passion a permis à Zinam de donner une autre dimension à DIDE Collections, et elle ne compte pas s’en contenter. Notre talent est en marche vers la position de référence de la maroquinerie au Bénin. Elle veut développer d’autres produits, collaborer avec de grandes marques et aider plus de personnes à raconter leur histoire à travers la maroquinerie.
Le cuir étant la matière première pour la confection de ses œuvres, elle espère que le Bénin aura des tanneries locales. Cela permettra de produire du cuir localement, afin de moins ressentir le besoin de s’en fournir dans d’autres pays. Cela participera grandement à donner forme à un autre de ses espoirs : industrialiser la maroquinerie.
« Tout ce que vous avez toujours voulu est de l’autre côté du "JE N’ABANDONNERAI JAMAIS". La peur ne disparait jamais totalement, il faut oser malgré elle ». Zinam Houngbedji @Didecollections Share on XLire aussi : Edem Shoes, l’ingénieure qui rêvait de faire des chaussures
Le mot qui résume le mieux ce parcours déjà riche c’est CONVICTION. Car Zinam nous montre la force qui naît lorsqu’on a une conviction sans faille en son talent et ses capacités. Comme elle le dit bien : « Tout ce que vous avez toujours voulu est de l’autre côté du « JE N’ABANDONNERAI JAMAIS ». La peur ne disparait jamais totalement, il faut oser malgré elle ».